Cela faisait deux ans que le
King préparait en secret le plus grand désir des fans : remettre le couvert au manoir La Fey pour le retour d'
Abigail. Il a d'abord fallu trouver un line-up capable de maîtriser les folles idées du duo de compositeurs Diamond / LaRocque ; Hal Patino, le bassiste qui officiait sur "
Them", "
Conspiracy" et "
The Eye" remplace le turbulent (et peu apprécié) David Harbour, le jeune Matt
Thompson (qui selon le
King, possède des qualités semblables à celles de Mikkey Dee) prend place derrière les fûts, et le guitariste du
Mercyful Fate reformé, Mike Wead, seconde désormais LaRocque.
Ensuite, le maître de cérémonie s'est attaché à ne pas servir une musique réchauffée du légendaire album "
Abigail" ; celle-ci est plus agressive, plus actuelle, mais reste fidèle à l'esprit du concept : compositions torturées, vocaux théâtraux multipliant les rôles et les bonds de tonalités, ambiances sombres... On remarque quelques liens avec le premier volet, comme certains plans de batterie, phrasés de guitare ou lignes vocales. Si le morceau d'ouverture,
The Storm, tombe un peu dans le déjà-entendu, la suite surprend beaucoup plus. Il est clair que le chant si singulier du
King se bonifie avec le temps (il prend maintenant, outre la dualité suraigu / rauque, une multitude de nuances, dont une nouvelle voix basse-baryton) et sert le déroulement travaillé de cette suite dans un dédale de structures biscornues : l'asymétrique et jouissive
Mansion In
Sorrow,
Miriam aux lignes de chant intrigantes, Little One à l'intro flippante,
Slippery Stairs au break décalé et fulgurant, les riffs vicieux et torturés de
The Crypt, les refrains accrocheurs de The Wheelchair et surtout de l'excellent Spirits... Les interventions solistiques des deux maîtres six-cordistes regorgent comme d'habitude de punch, d'à propos et de virtuosité (
Slippery Stairs,
Mansion In
Sorrow, The Wheelchair, Broken
Glass...), tout en complétant parfaitement une section rythmique des plus performantes. Cet éclatant retour au premier plan du Danois, qui ne saurait être terni par les petites imperfections de l'album, à savoir deux ou trois riffs trop basiques (Little One) et une ou deux répétitions (
Miriam), se clôt par l'atmosphérique Mommy, aux faux airs du Finally Free de
Dream Theater, version Contes de la Crypte. Et la cerise sur le caveau : l'histoire est des plus réussies. Que demande le peuple?
C'est indiscutable, le croque-mitaine revient avec sous le bras un de ses tous meilleurs albums, qui reprend toutes les qualités d'"
Abigail", tout en attestant d'une maturité artistique étonnante. A genoux, mécréants!
Et puis le titre "Mommy", tout simplement énorme.
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