Survivant de la seconde vague du thrash metal de la Côte Ouest des USA,
Death Angel a eu, comme beaucoup, sa carrière divisée en deux parties. La première durant la seconde partie des 80's, a vu le groupe apparaître comme un grand espoir de la scène.
The Ultra-Violence surtout,
Frolic Through the Park à un ou deux degrés moindre, puis le subtil
Act III sont encore considérés comme des albums de grande qualité, parmi les plus prenants de la fameuse Bay-
Area. Ils ont placé Deah
Angel en synonyme de thrash metal racé et toujours en équilibre entre agression et mélodies. Depuis sa reformation et la parution du très bon
The Art of Dying en 2004,
Death Angel a sorti régulièrement des albums qualitativement irréprochables, mais doucement moins surprenants, parfois moins efficaces (
Killing Season), voire inégaux, et au son (Suecof aux commandes) toujours plus gonflé, correspondant de moins en moins aux aspirations du canal historique des fans.
Avec ce
The Evil Divide, à la pochette peu engageante, qu'attendre des Californiens ?
Jason Suecof est toujours à la console, faisant craindre une escalade moderniste dans la production. Le live sorti l'an dernier (The Bay Calls For
Blood) a privilégié la seconde partie de la carrière du gang. Autant d'indices ne préfigurant pas d'un retour aux sources, ni sur le fond, ni sur la forme. Et pourtant, contre toute attente, c'est la surprise. L'album possède une coloration très thrash. L'unité de l'album est remarquable, et le son mordant des guitares inespéré. Autant le signaler sans détour, le disque est sans doute ce que
Death Angel a fait de mieux depuis
Act III. Inspiré, agressif ("The Moth" qui ouvre le disque, la tuerie "Breakaway" et sa furie thrash totale, ou "
Cause For Alarm" sont de grands morceaux), subtil ("
Lost" où les lignes vocales d'Osegueda font preuve d'une belle émotion), entraînant ("Father Of
Lies"), aucun temps faible n'est à déplorer. L'ensemble du groupe est au diapason et chaque membre éclate ici de sa classe cette galette née sous une bonne étoile, et qui renvoie à la 1ière période du groupe.
Bien sûr, l'auditeur se délectera des riffs chaloupés typiques et du sens du groove (le rythmé "It Can't Be This", ou le final "Let The Pieces
Fall" aux soli vertigineux) de Rob Cavestany qui s'en donne à cœur joie, mais sans jamais sacrifier ici à l'efficacité. Les morceaux, majoritairement concis, se retiennent facilement, mais sont tout sauf simplistes. Toujours aussi léché et vif à la fois, le groupe semble ici en totale osmose et la section rythmique a semble t-il trouvé ses marques et se permet même quelques gimmicks qui n'altèrent en rien la concision des titres. Mark Osegueda s'époumone et offre à son organe vocal une exposition variée (ses fameux cris, mais aussi son côté enjôleur) comme a ses plus belles heures. On remarquera le clin d'œil au morceau "Thrown To The Wolves" (
The Art of Dying - 2004) lors du riff de "The Electric Cell" après ses plans Hetfieldiens qui ouvrent le titre durant 30 secondes. Inutile de le souligner, mais aucun titre de remplissage n'est ici identifié dans cet album.
Les déçus de l'orientation générale depuis quelques années peuvent revenir cramer leur carte bleue. Plutôt court, ô combien efficace et démontrant un groupe en pleine forme,
The Evil Divide fait assurément partie des disques qui marquent. A l'opposé de toute démarche passéiste mais sachant se rappeler de ses sources à bon escient,
Death Angel frappe un grand coup, simplifiant son propos tout en le magnifiant à la fois. Huitième album studio, et un sacré acte (re-)fondateur dans la galaxie thrash. A l'heure où
Megadeth,
Destruction ou
Anthrax ne prennent plus grand risque, il est temps de constater que les anciens ne vont pas se laisser tous bouffer par les jeunes loups qui n'étaient même pas nés lorsque
Death Angel tournait le clip de
Voracious Souls. Nom d'une paire de baskets, ça fait du bien.
J'ai régularisé cet album depuis peu et il tourne en boucle !
Le chant d'Osegueda n'a rien perdu de sa hargne. La paire de duellistes se hisse au niveau de Altus-Holt ou Peterson-Skolnick.
30 ans après, Death Angel renoue avec le haut du panier.
Incontournable !
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