Début du XXI ème siècle. Le thrash, déjà mourant dans les années 90, est littéralement en train d'agoniser. Ces premières années du nouveau millénaire sont endeuillées par une véritable pénurie de riffs acérés. Seuls, quelques acteurs tels que
Dew-Scented ou
Carnal Forge portent encore à bout de bras une base thrash qui a perdu de toute sa superbe. Relégué au rang de musique has-been, dépassée par les événements, rares sont ceux qui portent encore un intérêt à la Bay
Area et à son influence.
2004! Qui aurait pu croire que cette morne année verrait renaître de ses cendres une des formations les plus mythiques de San Francisco? C'est à la surprise générale, que les Thrashers/skaters de
Death Angel arrivent comme un cheveu sur la soupe, avec un album plus étincelant que le soleil californien sous le bras. Véritables fantômes absents de la scène depuis 14 ans, les membres de
Death Angel n'avaient plus fait parler d'eux depuis l'original
Act III (1990). Quelques projets parallèles (en particulier
The Organization) durant la décennie 90 ne laissaient en rien transparaître une éventuelle reformation.
Mais c'est en 2003, en participant au festival destiné à venir en aide à Chuck Billy (le chanteur de
Testament pour les incultes…) atteint d'un cancer de la gorge, que les
Death Angel retrouvent la flamme et l'inspiration qui les caractérisaient.
Alors que propose ce nouvel album savamment intitulé
The Art of Dying?
Comment? Qu'avez-vous dit? Du thrash Bay
Area? Ce style dont tout le monde se fout et qui ne fait plus peur à personne? C'est une plaisanterie?
Une plaisanterie? Très loin de là! Car cet album est tout simplement une bombe en puissance, qui de par son énergie hallucinante, fit trembler l'année 2004 de tout son long.
Avec une production moderne mais respectueuse des 80's, les Philippins parviennent à donner à leur thrash un dynamisme et une fraicheur sans précédent.
Les 11 titres de cet opus, extrêmement diversifiés, teintés d'influences rocks et heavy, se découvrent avec plaisir et candeur. Tout l'ensemble s'enchaîne avec une aisance et une fluidité rares.
Un arpège aux inspirations folk, léger comme le vent ouvre les hostilités. Amadoués par cette douce introduction, le choc est encore plus grand lorsque le premier riff de Thrown to the Wolves nous explose au visage.
Acte de jeunesse éternelle, intemporel, le morceau semble avoir voyagé des 80's à nos jours sans prendre une seule ride. Tempo thrash à 200 km/h, guitares rageuses, solo malsain et dissonant, refrain imparable: tous les ingrédients sont réunis pour satisfaire nos oreilles en mal de sensations fortes.
Une jolie collection de brulôts 100% thrashy ponctue ce merveilleux album : le sautillant Thicker than
Blood aux accents punk, l'inquiétant
Prophecy, le furieux 5 steps to freedom avec son intro envoutante ou encore le rugueux
Land of
Blood (chanté pour l'occasion par le bassiste Gus Pepa). Rien n'est à jeter dans cet enchaînement de titres dopés aux amphétamines.
Pour venir ajouter de la variété à ces missiles à têtes chercheuses, l'excellent famine vient ajouter un côté rock avec son riff de basse auquel vient s'ajouter la guitare wah wah de Rob Cavestany.
Sinueux, corrosif, the
Devil incarnate montre un
Death Angel qui peut se montrer vicieux et diablement électrisant sur des rythmes lents et tordus. Les voix s'entremêlent à l'unisson pour partir au loin telles des spectres fuyant après avoir commis quelques méfaits.
Mark Osegueda a d'ailleurs évolué vocalement et sa performance, bien que singulière, apparait comme hallucinante sur cet opus. Suintant la rage et la haine, Mark offre une prestation sauvage et maîtrisée tout au long des titres.
L'influence rock se fait de plus en plus sentir, sur un No enjoué, un
Spirit touchant (écrit en mémoire du père d'Andy Galeon, le batteur du groupe et chanté par ce-dernier) et un
Never Me tout bonnement incroyable, avec son accalmie angevine et son final dévastateur.
Le tout est clôturé par une ballade chantée par Rob lui-même. Très émotionnelle au début, elle prend ensuite des allures de cavalcades démentielles avec sa structure punk et ses soli bluesy.
Inutile d'en dire plus. Vous l'aurez compris, cet album frappe fort, très fort. Bénéficiant d'une véritable identité et d'un savoir-faire indéniable,
The Art of Dying marqua en cette année 2004, aux côtés d'
Exodus avec son Tempo of the Damned le retour du thrash Bay
Area. Et quel retour mes enfants! Convertissant nombres de jeunes auditeurs à sa cause, il fût l'un des albums qui contribua à l'essor de la vague Revival thrash que nous connaissons bien.
Poursuivant dans le registre qui lui est propre, mélangeant son thrash à diverses influences,
Death Angel redorait son blason en alliant modernité et tradition.
Magnifique revers de médaille, après 14 longues années d'absence! Putain d'album…
Dommage que le superbe "Thrashback" (qui porte bien son nom) de Whiplash (sorti en 1998) ait été édité par Massacre Records et non par Nuclear Blast ou Century Media, car avec une promotion à la hauteur de sa qualité cet album aurait pu permettre au groupe de relancer sa carrière et le Thrash Metal par la même occasion.Tant pis pour Whiplash (et tant mieux pour Destruction).
Superbe chronique qui rend un bel hommage à ce remarquable opus. À l'époque art of dying m'a définitivement converti au trash avant même de découvrir les grands classiques des années 80.
Remarquable album, des riffs qui font mouche, et des mélodies imparables avec un chant en adéquation, toujours rageur quand il le faut et mélodique aux bons moments. Superbe !
Je découvre cet album avec plus de quinze ans de retard (une habitude chez moi), ayant bêtement boudé la reformation de l’Ange de la Mort dans les années 2000, avant de leur reprêter une oreille à partir de 2010 et de m’apercevoir qu’ils avaient quand même retrouvé une sacrée patate.
Bref, voilà un disque qui me paraît une admirable compilation des styles que pratiquait le groupe de 1987 à 1990, la production moderne en plus, et dans lequel je crois même discerner les influences funky qui m’avaient tant hérissé le poil sur “Act III”… Sauf qu’ici, allez savoir pourquoi, ça passe tout seul (peut-être, tout simplement, parce qu’en 1990, j’avais 18 ans, et qu’aujourd’hui, j’en ai presque 50… Ha, c’est parfois cool, de vieillir !).
Un putain de disque, à n'en point douter.
Merci pour la kro ! :)
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