Liste des groupes Thrash Death No Return The Curse Within

On ne présente plus No Return, du moins en France, tant le bébé d'Alain Clément a toujours fait partie du paysage metal national. Au gré des styles abordés dans ses albums, No Return a très souvent été synonyme de qualité, mais aussi du syndrome de la girouette. Tantôt thrash (Psychological Torment), tantôt death traditionnel (Contamination Rises), avec des touches d'indus ou non (la période Steeve Petit - début 2000), et finalement thrash/death mélodique plus ou moins made in Suède depuis la seconde moitié des années 2000. Inner Madness et Fearless Walk to Rise ont affiné cette recette avec entre temps l'incorporation au chant de l'ex-Destinity Mick, parfaitement raccord avec l'évolution voulue par Clément. Le manque donc de personnalité sur la durée pourrait être le principal grief à l'encontre des Parisiens, expliquant sans doute le relatif anonymat du gang.

Pour son dixième album (ça ne nous rajeunit pas, et pourtant on a l'impression que le temps n'a aucune prise sur le visage d'Alain Clément, éternel jeune homme et compositeur talentueux - un peu notre Jeff Waters national finalement), No Return propose un death mélodique qui est la suite directe des deux albums précédents. Les "Göteborgueries" sont de sortie comme aux plus beaux jours des In Flames (surtout, période fin 90's), Mors Principium Est (ok, ils sont Finlandais, c'est pour situer le propos) ou Dark Tranquillity. Riffs ciselés, rythmiques entraînantes, vocaux articulés selon les normes suédoises de tradition dans la fin des 90's, leads typiques du genre, et virtuosités guitaristiques à l'avenant ("Despise Your Heroes", impressionnant). Cela pourra en surprendre beaucoup, tant le style est ici remis au goût du jour, mais uniquement ceux qui n'avaient pas suivi les contours du groupe depuis quelques albums.

Abandonnées les réminiscences thrash des albums précédents : Clément a coupé le lien avec Testament (quoiqu'il subsiste un riff ou deux au détour du disque, comme sur "Memories Turn To Ashes"), encore présent jusqu'à lors, et embrasse totalement un style qu'il maîtrise désormais dans ses moindres détails, avec notamment une efficacité accrue dans les refrains et parties mélodiques ("To The Dark Side Of The Sun"). A l'image de la pochette et ses serpents, The Curse Within s'insinue facilement, à base de rythmiques plombées (le début de "Just Passing Through") et de passages représentatifs du genre. Le boulot abattu aux guitares est, comme sur l'album précédent, digne d'éloges et il n'y a rien à reprocher à The Curse Within en tant que tel, avec un groupe au diapason sur des titres avoisinant les 5 minutes.

On espère que No Return ait enfin déniché sa marque de fabrique, celle d'un death mélodique plus vrai que nature (Minushuman s'y est essayé avec bonheur aussi, le temps de deux albums, pour rester en France), et gagne enfin la reconnaissance méritée. Nul doute que les nombreux fans du genre seraient agréablement surpris par un album cohérent, homogène, rempli de morceaux parfaitement dignes des meilleures œuvres dont les auteurs ont depuis longtemps abandonné la recette. Ceux qui pleurent l'évolution mièvre des anciens dieux du style feraient bien de goûter à ce disque.

Pionniers de la scène extrême hexagonale à la fin des années 80, et malgré de nombreuses œuvres de qualité, No Return n’a jamais connu la notoriété qu’il mérite, la faute, sans doute, à moult changements de line-up et à un manque de personnalité musicale, les compositions d’Alain Clément collant trop souvent aux « modes » du moment. En effet, le propos du combo a constamment évolué, passant du thrash des familles, au death, puis dernièrement, au death mélodique « made in » Gotebörg, avec comme point d’orgue « Fearless Walk to Rise », publié en 2015.

Sa nouvelle livraison qui vient de sortir est intitulée « The Curse Within », produit par Jacob Hansen, travaillée par le label Mighty Music et imagée magnifiquement par Pierre-Alain D. de 3mmi Design. Il est à noter que No Return a, une nouvelle fois, subi un changement de personnel avec l’arrivée de Geoffroy Lebon à la guitare, palliant au départ de Jérôme Point-Canovas, parti chez Loudblast.

Tuons le suspens immédiatement, No Return n’a pas changé son bazooka d’épaule et poursuit sur le sillon tracé par « Fearless Walk to Rise », à savoir un métal de la mort mélodique dont Dark Tranquillity ou In Flames (avant que l’histoire ne tourne en eau de boudin) n’aurait pu renier la paternité. « Despise Your Heroes » ouvre les hostilités et plante littéralement le décor de « The Curse Within ». Introduction électro, refrain efficace et facilement mémorisable, ligne mélodique très addictive, gros riffing, break puissant, accélérations furieuses, solos de haute volée, grosse gouaille de Mick, tous les ingrédients qui font la recette du No Return actuel, sont bien présents. Cette composition d’ouverture s’impose comme le meilleur titre de cette nouvelle offrande mais elle suivit qualitativement de près par « Just Passing Through » (et son début tout en douceur), par « Memories Turns To Ashes », « The Crimson Rider », « My Last Words » (et son accélération furieuse) et le fabuleux « To The Dark Side Of The Sun » qui clôt ce dernier album de fort de belle manière.


Les préceptes du death mélo sont respectés à la note avec, cependant quelques incursion progressives sur « The Will To Stand Up » et « Serpent’s Curse », prouvant par la même occasion, la technicité des musiciens. Il est également à souligner le gros travail sur les arrangements, notamment sur les touches électro qui parsèment « The Curse Within », donnant à cet ensemble de facture traditionnelle, une modernité bienvenue.

La production concoctée par Jacob Hansen est en béton armé, le son est d’une clarté et d’une puissance exceptionnelle, augmentant la force impactante de l’ensemble. Les musiciens sont tous au diapason et livrent une interprétation sans faille des compositions, toutes écrites par Alain Clément, qui excelle dans les multiples solos qui émaillent cet opus, sans compter l’organe vocale de Mick qui utilise toute l’étendue de sa palette vocale, allant des éructations profondes et rageuse, jusqu’à des vocaux clairs sur certains refrains comme sur « Memories Turns To Ashes » ou « Crimson Rider ».

Même si « The Curse Within » est un plaisir auditif incontestable, il faut bien reconnaître, qu’une fois encore, No Return, fait preuve d’un grand manque de personnalité. Aussi, les vieux thrash-death métalleux (dont je fais partie) pourront regretter la perte de l’essence même du No Return des débuts, due à ces nouvelles orientations musicales. Pour finir, et même si « The Curse Within » est hautement qualitatif, l’approche progressive sur « The Will Stand Up » et « Serpent’s Curse » fait quelque peu retomber le soufflet, amenuisant l’efficacité dont le groupe faisait preuve jusqu’à ces morceaux.

« The Curse Within » est un excellent recueil de compositions « suédoises » made in France. L’influence est certes très flagrante mais l’ensemble est d’une efficacité redoutable, d’une grande puissance, affublé de lignes mélodiques addictives et d’une production massive, faisant de ce dernier méfait de No Return, leur meilleur album depuis belle lurette, un disque qui marquera au fer rouge la discographie de la formation.

Après 30 années au service du métal extrême hexagonale, « The Curse Within » prouve que No Return est encore très loin de la retraite et qu’il a certainement encore de belles années devant lui.

Chapeau bas les gars !!