Formé sur les cendres d’
Evil Power en 1989,
No Return, groupe de thrash old-school se concentre autour de Philippe Ordon au chant, Alain Clément et Eric Le Baron aux guitares, Laurent Janaux à la basse et Didier Le Baron à la batterie. Formation quasi-culte à l’aura encore intacte grâce à des albums impressionnants (le petit dernier,
Inner Madness, est une torpille fiévreuse),
No Return, par le biais du label montant Great Dane Records se voit bénéficier d’une intéressante remasterisation de ces deux premiers opus maintenant introuvables dans le commerce, les bien nommés
Psychological Torment et
Contamination Rises.
Psychological…
Bien évidemment pénétrer au cœur de la tourmente de ce tout premier jet musical, c’est remonter à une époque hargneuse et conquérante, où le monde semblait à genoux face à ce thrash terrible façon Bay
Area. Il sera d’ailleurs assez évident d’enlacer certaines influences emportées par les ricains vindicatifs de
Testament ou autre
Death Angel. La vélocité et la revendication seront donc de mise tout au long d’un album à la production rajeunie. Ainsi, jalonné par un thrash/speed d’obédience américaine, la musique des parisiens contient son lot de joyeusetés brutales à la dextérité effarante. Il n’y a qu’à tendre une certaine oreille sur les nombreux soli disséminés ici et là lors de notre voyage dans le temps tubesque.
Les nombreux changements de rythme démontrent alors la grande aisance des musiciens et éclatent souvent lors de refrains fédérateurs taillés pour le live. Le sombre « Reign of the Damned » et son accent death au possible attise ainsi une certaine curiosité occulte au cours d’un morceau au tempo enlevé et malsain. D’une fantastique homogénéité, ce premier album pris donc dans sa globalité est une formidable brèche sur ce que le thrash peut faire de mieux. Vous n’êtes toujours pas convaincus par cette aumône bouillonnante? « Degeneration of the Decade» devrait vous mettre définitivement à genoux avec cette rage constante et sa paire de cojones en adamantium. Du thrash pardi !
On pourrait bien évidemment tiquer sur un anglais approximatif par intermittences, vite effacé par des riffs grisonnants à même de provoquer une crise cardiaque. Quoiqu’il en soit, c’est sans prétention que ce
Psychological Torment sera bien accueilli, la suite étant grandement attendue à l’époque.
Contamination…
Après l’attaque psychologique, il semblait nécessaire de propager la maladie au plus grand nombre.
Exit donc les vocaux hypocondriaques de Philippe Ordon, ici le spectre vocal prend des intonations death et semble alourdir encore un peu plus l’atmosphère pessimiste et bilieuse de ce second opus.
«
Contamination Rises » se veut donc plus abrasif que son grand frère tout en légitimant encore un peu plus l’aspect thrash des compositions en gardant cette cohérence dans la musique de
No Return. Sans tomber dans une redite bête et méchante d’une symphonie qui aurait pu se faire asphyxiante pour les non-initiés à cette déferlante de furie, l’opus gagne en aspect et réussit le tour de force de ne pas sonner répétitif. On agence donc les titres un peu différemment en empilant riffs épiques, solos déstructurés et ambiance poisseuse digne d’un sabbat de sorcières du Moyen-âge.
«
Trash World » (quelle basse), le magnifique instrumental «
Sorrow ou encore le très « kreatorien » « Revolt of the Hanged » sont autant d’échos bruyants d’un album à la conception millimétrée de bout en bout. Indubitablement, les français auront eu à cœur de relever le défi en proposant un produit encore plus abouti que ne l’était «
Psychological Torment ». Transpirant ainsi la sincérité et l’envie d’exploser nos pauvres tympans à coup de rythmiques rappelant
Napalm Death ou
Benediction,
No Return frappe encore un grand coup lors de cette deuxième œuvre. A noter également l’ajout de deux titres lives chantés par le nouvel arrivant au micro, L. Chuck D.
L’écoute de ce double album se transforme en véritable cure de jouvence que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, une sorte de voyage spatio-temporel vers une époque pas si lointaine. Great Dane Records a donc eu le nez fin en rééditant deux monuments que tout fan de thrash/death devrait avoir en sa possession. En prime, l’artwork est somptueux alors foncez l’acheter! Foncez vous dis-je !
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