Lorsqu’un genre est à la mode, le matraquage est de rigueur. Et les Américains l’ont bien compris, nous exportant différentes formations deathcore toutes plus énervées les unes que les autres. Et le truc c’est que bon nombre d’entre elles nous passent au dessus. Moi j’en ai profité au passage pour choper
Suicide Silence, formation californienne qui du haut de ses 8 années d’existence pond son premier album lancé par la sortie d’un EP éponyme en 2005. On a récemment pu les voir dans nos contrées durant la tournée de
Behemoth, en février, où ils assuraient la première partie aux côtés de
Devilish Impressions, et ils sont actuellement en compagnie de
Nile et des jeunes thrasher de
Warbringer aux Etats-Unis. Autant dire qu’ils savent s’entourer pour se faire remarquer.
Suicide Silence a d’ailleurs su, avant, se faire remarquer par
Century Media, qui a accueilli le groupe dans son écurie déjà bien remplie de poulains prometteurs. Cela leur a donné l'opportunité de travailler avec John Travis (Kid Rock,
Static-X) pour l'enregistrement de "
The Cleansing" au printemps dernier, et de mixer ce dernier avec l'aide de Tue Madson (
The Haunted,
Dagoba). A noter que le torturé artwork a bénéficié du coup de pinceau de Dave McKean qui a, entre autres, réalisé certaines covers de
Machine Head,
Fear Factory ou
Testament pour ne citer qu’eux. Autant de facteurs qui ont permis de faire entrer "
The Cleansing" à la 94ème place du US Billboard Top 200, rien que ça. C’est
Century Media qui devait se frotter !
Inutile de vous le préciser, vous avez d’ores et déjà compris que
Suicide Silence ne fait pas dans la lingerie fine. En comparaison, c’est plutôt grosse culotte bâche et calbute crasseux. Véritable rouleau compresseur à riffs,
Suicide Silence met en marche les engrenages d'une machine destructrice à la suite d'un intro ("
Revelations") qui en dit long sur la malsainité qui s'en échappe. Durant plus de 40 minutes et 13 morceaux d'une moyenne de 3 minutes, les pires hostilités vont surgir de nulle part, sans répit aucun. "Unanswered" nous offre une vision rapide (2:15) de ce que l'on va se prendre dans la face durant tout l'album : riffs à la fois lourds, torturés et agressants, basse pesante et oppressante, batterie saccadée qui résonne froidement derrière un chant à l'alternance purement death metal et criard presque black metal. Le tout est parfaitement mis en œuvre par une production impeccable pour un rendu moderne qui ne saurait déplaire aux jeunes à la recherche de violence gratuite. Car on ne cesse de s'en prendre plein la gueule durant tout l'album alimenté par des compositions assassines dont folie psychiatrique sert la gorge et noue les intestins.
Le soucis est que 40 minutes d'un ménage intensif comme celui-ci fait au bout du compte bien trop long. Les morceaux s'enchaînent et se ressemblent plus ou moins, rabâchant les mêmes riffs avec des plans similaires pour pas mal d'entre eux. Du coup, on décroche vite, et au bout du compte il est pratiquement impossible d'en ressortir un morceau plus qu'un autre. Ayant quelques écoutes de "
The Cleansing" au compteur, je peux tout de même me permettre de mettre en avant certains morceaux comme "
Hands Of A
Killer" à l'intro qui fait forcément remuer la tête à chaque fois, ou "No Pity For A Coward" qui se termine sur un soli qui rappelle que l'on a à faire à un genre aux racines death metal, et encore "In A Photograph" aux riffs ultralourds. Je mettrais aussi une mention spéciale au bonustrack ("
Destruction Of A Statue"), qui se veut être en léger (je dis bien léger) décalage avec le reste de l’album, un peu plus varié et presque mélodique grâce à son riff placé au cœur du morceau, même s'il se termine de façon pachydermique qui ne serait pas sans rappeler un certain
Gojira.
Il est clair que
Suicide Silence fait preuve d'une technique implacable, et ce sur tout les supports dont ils font usage. La production est impeccable, chose qu'il ne faut nécessairement pas oublier de prendre en compte pour ce genre moderne qui fait usage de la puissance à outrance.
Suicide Silence signe un disque dans l'air du temps, à la brutalité déconcertante, donc si l'envie vous prend de vous faire émietter les tympans, opter pour "
The Cleansing". Mais autant vous prévenir tout de suite que la linéarité du disque saura vite vous faire éviter l'overdose. Après c'est peut-être moi qui suis déjà trop vieux pour ce genre de musique (oh non, pitié, pas tout de suite !), mais mon éclectisme saura justement vous conseillez sur le sujet :
Suicide Silence, oui, mais à petites doses.
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