Liste des groupes Deathcore Suicide Silence Remember... You Must Die

Certains groupes que l’on pensait pourtant intouchables et au sommet de leur art ont fini par trébucher et à creuser leur propres tombes. La plupart ne s’en sont jamais relevés et se sont éteints à petit feu. Pour les plus chanceux d’entre eux, c’est au mieux une renaissance modeste, tout juste convenable avant finalement d’être oubliée.
Mais pour Suicide Silence, le retour fut presque tonitruant après avoir touché les bas-fonds. Après la honte que fut la parution de son album éponyme six ans auparavant, le quintet américain était finalement revenu juste avant la pandémie mondiale avec Become the Hunter, un disque qui n’était peut-être pas à la hauteur des premières esquisses mais qui affichait une belle combinaison entre un deathcore old-school et une influence neo metal plus contemporaine.
La critique fut unanime à la sortie de l’opus : acclamé et ovationné par la majorité de ses fans, le collectif américain, sans réinventer la poudre à canon, a fait parler de son expérience. Mieux encore, le combo aura affiché une maturité exemplaire et n’hésitera d’ailleurs pas au sein de certains de ses clips vidéos de jouer la carte de l’autodérision et du caricatural.

Ce qui anime assurément le charme de notre quintet, c’est cette volonté d’être anticonformiste par rapport à ses semblables. Si le deathcore dit « moderne » affiche des breakdowns de plus en plus languissant et techniquement plus complexes, une apparition encore modérée de chant clair ainsi que des structures plus longues et progressives, notre groupe préfère rester sur des schémas classiques, une attitude à l’ancienne et sur des mélodies plus mémorables. Cette recette quelque peu désuète peut-elle continuer à perdurer ? Pour le savoir, plongeons-nous dans la septième toile des Américains sombrement intitulée Remember … You must die. Pour la maison de disques, nos artistes se sont séparés de Nuclear Blast pour revenir dans leur première maison à savoir Century Media.

C’est non sans grandes stupéfactions que l’on retrouve le quintet dans un deathcore calibré et millimétré, toujours dans cette sonorité archaïque. En ce sens et ce qui fait la principale différence par rapport à son prédécesseur, c’est le mixage qui s’avère bien plus massif et confus. Si cette décision de la part de nos musiciens se montre aux premiers abords plutôt incompréhensible, il se dégage pourtant de l’ensemble des instrumentaux une certaine sincérité, un hommage bien ancré au death metal des années 90 et toujours cette même envie de se détacher de groupes similaires. Cependant, si cet attrait fonctionne parfaitement sur les premières compositions, l’absence de variétés à la fois sur les schémas musicaux qui s’apparentent aux structures classiques couplet-refrain mais aussi sur le riffing font perdre de l’intérêt à l’opus.

Cette redondance n’empêche aucunement le groupe de pondre des morceaux d’excellentes factures. Parmi les plus probantes, on peut citer Alter of self avec son tempo excessivement lent, son riffing accrocheur et son breakdown plutôt bête sur le papier mais terriblement provocateur et méchant. Capable Of Violence (N.F.W) fait de même partie des titres forts avec un rythme cette fois-ci hâtif, une technicité certes modérée mais néanmoins plaisante et toujours ce riffing d’une efficacité redoutable. Le morceau nous fait même l’honneur d’un solo de guitare dont l’aspect grinçant et grésillant est un pur modèle de neo metal. Kill Forever est quant à lui un pur produit de la période The Cleansing avec ces blastbeats et le chant suraigu d’Eddie.

L’ensemble des titres sont courts voire très courts avec une durée moyenne qui n’excède pas les trois minutes. L’enchainement entre les morceaux ne nous laisse d’ailleurs pas réellement souffler et une certaine lassitude peut se développer, notamment par des bases musicales parfois très similaires. Si l’on prend par exemple l’enchainement You must die et Capable Of Violence (N.F.W), les deux compositions commencent à quelques nuances près sur ces blastbeats à la batterie et par les cris d’Eddie avant finalement de perdre en vitesse. Les deux chansons n’en restent pas moins de très bonne qualité mais ce choix de placement dans la playlist est quelque peu étrange et illogique pour l’auditeur.
Néanmoins, lorsque le groupe tente d’adopter une tournure un peu différente, le résultat est assez mitigé. A l’écoute de l’outro du morceau final Full Void, on ne comprend pas vraiment l’apport de la voix distordue et de ce qui s’apparente à un monologue. De manière générale, le titre ne convainc pas faute entre autre à un lyrisme extrêmement fainéant où les « Dead means dead » se répéteront bien trop souvent.

Remember … You must die ne révolutionnera en rien l’univers du deathcore et de Suicide Silence mais son esprit à l’ancienne et son classicisme en font un disque que l’on réécoutera par nostalgie et par plaisir. Le quintet montre à nouveau qu’il n’a plus rien à prouver et continue à faire vivre sa souveraineté. La formation peut parfaitement se vanter de prendre à contrecourant la scène actuelle et d’afficher une prestation et une maitrise tout à fait convaincantes malgré quelques erreurs de parcours. Maintenant, on ne peut pas réellement cacher que l’on attend un peu plus du groupe américain, que ce dernier sorte un peu plus de sa zone de confort et qu’il tente ne serait-ce une ou deux expérimentations. Au collectif désormais d’accepter cette prise de risque ou au contraire de rester sur ses acquis quitte à lasser son auditoire.