Le thrash old-school revient à la mode depuis quelques temps, tout le monde l’aura remarqué. Les pisse-vinaigre et autres rabat-joie pourront toujours cracher dans la soupe, après tout, en stigmatisant ces effets de mode et de tendance qui glorifient ce qu’il convenait de railler juste avant. Mais pour le fort contingent de fidèles (dont votre serviteur) qui ne s’est jamais lassé d’écouter ses vieux CD, même en plein cœur des années 90, alors que ce style était synonyme de ringardise absolue, c’est au final un joli pied de nez.
Le décor étant planté, une objection s’impose : des vraies légendes du thrash des années 80, combien participent-elles pleinement à cette renaissance ?
Testament, le premier, avait réussi à tenir tant bien que mal le cap pour accoucher d’un
The Gathering brillant mais un peu isolé…c’était en 1999. Depuis,
Kreator a frappé fort avec son Enemy Of
God, teigneux à souhait, et le Maître en personne,
Slayer lui a emboîté le pas avec Christ
Illusion, son meilleur album depuis…Seasons In
The Abyss ! Voilà en ce qui me concerne les seuls disques marquants des légendes du thrash que je vois dans l’ère moderne (qui a dit «
Overkill » ?), et au final c’est bien léger.
Venons-en enfin au fait de cette chronique : un quatrième monstre vient de frapper à son tour et participer au mouvement :
Impact Is Imminent. Et The
Atrocity Exhibition risque de faire du bruit.
Bien sûr, nos amis en sont à leur troisième album depuis 2004, signe d’une réelle volonté de subsister, mais jusqu’à présent, bien que solides et réussis, leurs albums contemporains étaient encore loin d’avoir l’impact des vieux disques de la période dorée, du légendaire
Bonded by Blood jusqu’aux fameux
Fabulous Disaster –
Impact Is Imminent, achevant avec brio la décennie 80.
« The
Atrocity Exhibition…Exhibiton A » est d’un tout autre calibre, et bien que je n’aie pas pour l’habitude d’écrire des chroniques « à chaud », cette fois-ci je ne parviens pas à freiner mon enthousiasme : ce disque là figure dans le gratin de la discographie des Californiens, et à coup sûr c’est l’une des deux ou trois plus grosses claques thrash metal de ces dernières années.
Côté line-up, ça se stabilise : le « vieux » Tom Hunting est de retour pour remplacer l’excellent Paul Bostaph, et l’énergique Rob Dukes semble avoir définitivement écarté le fameux Dave Souza. Côté production, un savant mélange de puissance, de clarté et de gras pour un son moderne et percutant.
Nous voilà partis pour une heure de baffes, de headbanging et de metal de base comme on l’aime. Tout débute par une petite introduction martiale et succinte, qui n’a pour vocation que de prévenir que ce qui va suivre est sérieux. Ah les premiers riffs de
Riot Act, et ce panzer de batterie qui s’en mêle, la déferlante vocale et des soli d’école, le tout dans un matraquage en règle qui vous ferait risquer une entorse cervicale, comme ça, à froid. Thrash rules…
S’en suivent deux titres sacrément fournis, de chacun plus de huit minutes, et au cours desquels tout y passe : l’art du muting et de la corde à vide pour pondre des riffs à faire frémir tout fan de thrash normalement constitué, la gestion maîtrisée du tempo et l’impact du métronome Hunting, une agressivité et une rage intactes, des breaks lourds comme un truck américain, quelques touches mélodiques toujours bien senties et une émotion particulièrement présente à l’exécution de chaque solo. Je peux vous dire que vous bénirez le travail de sape lourd et imposant des cinq premières minutes de
Funeral Hymn, lorsque l’accélération finale vous filera des frissons de joie, ou que vous vous laisserez embarquer dans les superbes alternances de rythmiques massives et d’envolées mélodiques du magnifique
Children Of A Worthless World.
Passé un intermède plus quelconque, du moins plus conventionnel avec son unique riff gras et un poil convenu sur un rythme de tracteur (As It Was, As It Soon Shall Be), le souffle est à peine repris que le titre éponyme vous recolle en profondeur au siège.
Pas radins les thrashers de la Bay
Area, qui vous en donnent pour plus de dix minutes, maîtrisant les ficelles du métier pour vous coller à n’en plus finir de joyeuses accélérations que l’on prend en plein buffet à chaque fois, son pied avec. Ah, le break de milieu de morceau, bien glauque et poisseux et son enchaînement progressif tout en accélération déhanchée…technique irréprochable, justesse mélodique et utilisation judicieuse du répertoire heavy metal quand il le faut. Du cousu main, qui finit dans une atmosphère très sombre, sur un larsen qui se perd…jusqu’au riff initial, rapide et incisif, de Iconoclasm. Notre ami vocaliste y déverse son ire avec virulence, quitte à y laisser quelques cordes vocales en route…et ça envoie sévère ! Toujours quelques jolies parties de guitare, et toujours cette même débauche d’énergie savamment contrebalancée de magnifiques envolées mélodiques.
L’avant-dernier morceau est finalement le seul qui transpire autant l’old-school, avec un riff binaire appuyé sur le même temps par la batterie, façon
Anthrax des grandes années, la fantaisie en moins, la haine et la violence en plus…
Le temps s’écoule décidément trop vite, et voilà déjà la fin avec
Bedlam 123. Intro curieuse, un peu souffreteuse pendant au moins…deux minutes, avant de repartir pour un dernière séance avec un riff pointu et une rythmique toujours aussi musclée, le tout pour une nouvelle tempête très proche de ce qu’a pu produire
Machine Head sur son dernier album dans l’enchaînement des riffs complexes et du jeu de batterie qui ne l’est pas moins. Deux soli plus loin, la nuque ankylosée et la tête vidée de tout tracas, c’est comblé que vous achevez l’écoute de ce disque phénoménal.
La conclusion ira de soi : The
Atrocity Exhibition est un grand album de thrash. Non content de mettre en avant la santé incroyable de cette légende qu’est
Impact Is Imminent, il est remarquable de constater que son thrash n’a rien perdu de sa rage et de son énergie originelles, mais qu’en plus, bien plus que de ressortir des vieilles recettes un poil dépoussiérées,
Impact Is Imminent nous produit là un metal résolument moderne, qui ne se complait pas à regarder dans le rétro. Et c’est un sacré tour de force. Vivement la suite ! (Exhibit B ?)
Je ne peux finir sur autre chose que le vieil adage de mon ami Fabien : « Thrash now, Work later ! ». Avec
Impact Is Imminent, c’est encore plus vrai.
surement l'un des meilleurs groupe de thrash de tout les temps
" I you fear!!! seeing Throught your lies!!!
You I fear,raping of innocent minds!!!"
J ai beaucoup ecouté cet album lors de son achat et il revient regulierement dans mes choix THRASH lors de mes ecoutes au boulot.
Vieille ecole au son moderne, exodus tape fort avec ce missile. Le chant me va bien ...meme si parfois je le trouve un trop "gueulé".
La batterie et la basse sonne telle le binome rythmique indisociable qu il faut pour qu'1 album Thrash soit au top.
Les 2 exhibit sont a mes oreilles 2 tres bons albums qui s inscrivent parfaitement dans la logique evolutive du groupe.
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