Persona Non Grata

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17/20
Nom du groupe Exodus
Nom de l'album Persona Non Grata
Type Album
Date de parution 19 Novembre 2021
Labels Nuclear Blast
Style MusicalThrash Bay Area
Membres possèdant cet album99

Tracklist

1.
 Persona Non Grata
 07:30
2.
 R.E.M.F.
 04:22
3.
 Slipping into Madness
 05:33
4.
 Elitist
 03:58
5.
 Prescribing Horror
 05:09
6.
 The Beatings Will Continue (Until Morale Improves)
 03:01
7.
 The Years of Death and Dying
 05:22
8.
 Clickbait
 04:31
9.
 Cosa del Pantano
 01:13
10.
 Lunatic-Liar-Lord
 07:59
11.
 The Fires of Division
 05:23
12.
 Antiseed
 06:17

Durée totale : 01:00:18



DVD
1.
 Jam Camp
 

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Exodus


Chronique @ JeanEdernDesecrator

26 Décembre 2021

Un concentré de thrash à s'enfiler entre les huitres et le chapon

Cela fait plus de quarante ans qu'Exodus fait partie du paysage metal, et s'il a incontestablement marqué le thrash, il ne s'est jamais hissé au niveau du Big four de la Bay Area. Amère ironie, on les retrouverait plutôt coincés sur la même étagère qu'un Overkill, Death Angel ou encore Nuclear Assaut, dont ils partagent le même amour de la brutalité sans fioritures.
S'il est un groupe qui personnifie à merveille le thrash dans son essence même, c'est bien Exodus. Les pionniers de la Bay Area ont très largement contribué à poser les bases du genre : une énergie punk hardcore qui électrocute un heavy metal lourd et saccadé. Formé dès 1979 par notamment un certain guitariste nommé Kirk Hammett (euh... Metallica ?) et de Tom Hunting à la batterie, le groupe qui se contentait à ses débuts de reprises a réellement pris forme en 1981 avec l'arrivée de Gary Holt à la guitare et de Paul Ballof au chant. Après le départ de Kirk Hammett pour vous-savez-qui en 1983, Gary est devenu principal compositeur, parolier et locomotive pour le groupe. Avec des albums comme le furibard "Bonded by Blood" (1985) ou "Fabulous Disaster" (1989), disque de la maturité, la paire de six-cordistes Holt/Hunolt est devenue une valeur sûre pour monter des murs de riffs parpaings. Après une longue période d'instabilité, un déconcertant cinquième album "Force of Habit" conclu par un split un peu plus tard, le décès de son chanteur Paul Ballof en 2002, et deux reformations plus ou moins formelles, ce n'est qu'en 2004 que la discographie d'Exodus a repris son cours avec "Tempo of the Damned". Depuis, Exodus a fait trois albums avec un nouveau chanteur plus screamer, Rob Dukes, et des compos plus ambitieuses. La valse à trois temps continue avec les chanteurs, Steve Souza faisant son retour derrière le micro depuis 2014, avec leur dernier LP en date "Blood In, Blood Out", sur lequel le combo est revenu à un thrash plus basique et direct.

Comme certains, je suis un peu resté bloqué sur l'excellent "Fabulous Disaster" de 1989, et attendant désespérément que les californiens montent encore d'un gros cran, j'ai eu du mal à être pleinement convaincu par la carrière du groupe depuis. Et comme Gary Holt, qui a remplacé le regretté Jeff Hanneman depuis 2013, a été laissé libre par la (pré ?)retraite de Slayer après sa tournée d'adieu, les confinements pandémiques et tout ça, je me disais naïvement qu'il allait pouvoir se consacrer à enfin pondre le meilleur album d'Exodus, soyons fous.
Effectivement, les gars ont pris leur temps sans contraintes, enregistrant dans le confort bucolique d'un chalet de montagne à Lake Almador (Californie) avec Steve Lagudi ; ils ont produit eux-mêmes l'opus et confié les tâches de mixage à l'inévitable Andy Sneap.


Tout semble donc lancé, avec une sortie le 19 novembre 2021 chez Nucleat Blast, pour que la bande à Gary écrase tout sur son passage : une pochette absolument superbe de Pär Olofsson qui doit bien flasher en T-shirt, une production à la fois moderne et sur mesure pour le son d'Exodus. Les guitares sont devant, énormes, avec des médiums impériaux respirant la bonne odeur des amplis à lampes. La basse est plutôt légère comme d'habitude chez eux, les aigus permettant de bien discerner les notes, et la batterie de Tom Hunting a un son justement dosé, avec un kick et des toms très présents rendant son jeu explosif à souhait. La voix de Steve "Zetro" est un micro poil en retrait, mais c'est peut-être parce qu'il gueule un peu trop fort.

Le début de la première écoute de "Persona Non Grata" a cependant quelque peu refroidi mes espoirs, déçu de voir le groupe continuer sur la même lancée très "thrash de base" de leur précédent album "Blood in Blood Out". Certes, Gary Holt et ses hommes balancent du riff assassin en veux-tu en voilà, mais il y a finalement peu de riffs qui tuent, si vous saisissez la nuance. Où sont les plans irrésistibles dont ils ont le secret, et qui vous scotchent le cerveau ? Alors ça envoie, c'est carré et massif, le rythme est très soutenu voire rapide la plupart du temps, la batterie de Tom tape dur et sans répit, sur des morceaux souvent assez longs. Steve Souza harangue le chaland, avec un niveau d'agressivité constant. Les gros chœurs rauques de "Sliping Into Madness" incitent au headbanging pendant que des triolets de palm mutes mosheurs vous laminent. Il est clair que les cinq californiens cherchent à en mettre plein la gueule, en usant des coups qui font mal à l'usure.
Ce n'est que sur "Prescribing Horror" que j'ai retrouvé l'Exodus lourd et menaçant qui file des frissons dans le dos, et qui prend enfin le temps de distiller une vraie ambiance. Sur la deuxième moitié de l'album, le groupe se permet cependant de ralentir le tempo et de laisser judicieusement la basse faire le taf ("The Years Of Death and Dying"), de faire dans la dissonance sournoise tel un Prong survolté ("Clickbait"), ou de finir sur un titre plus Hammettien que nature, qui est presque meilleur que tout ce que Metallica a sorti depuis trente cinq ans ("Antiseed").

Car heureusement, malgré la facture simple et directe des compos, les réécoutes successives bénéficient à "Persona Non Grata" dont l'apparente répétitivité laisse entrevoir plus de variété qu'il n'en paraît au premier abord. Il rentre ainsi dans votre petit cœur de pierre et se laisse apprivoiser si on lui en laisse le temps et la chance. Alors que la découverte a été presque fastidieuse à mes oreilles, plus je l'écoute, et plus j'ai envie de le réécouter. Et malgré un classicisme orthodoxe, il y a quelques surprises comme la fin tribale et mystique de "Lunatic Liar Lord" ou l'intermède à la guitare sèche "Cosa Del Pantano" (la chose du marais en espagnol), aux superbes accords sudistes, qui aurait mérité de s'électrifier : mais pourquoi ils en ont pas fait un véritable morceau, bordel ?! Certains refrains sont des hymnes en puissance, (lyrique sur "The Years Of Death and Dying", "Elitist" en puissance à la S.O.D.) : il y aura de quoi renouveler les setlists de concert.

A l'instar d'un Flotsam And Jetsam très en forme cette année, nos vieux briscards montrent avec "Persona Non Grata" qu'ils n'ont rien perdu leur verve, et sont toujours taille patron quand il s'agît de récurer les oreilles sans ménagement. Pas d'originalité ni de fanfreluches, et l'absence d'ambition affichée montre bien que le groupe n'a rien à prouver, et produit son thrash au cordeau avec pour seul horizon l'efficacité et le plaisir de jouer ensemble. Plus qu'un énième ersatz de revival thrash, c'est tout le meilleur du genre à la fin des années 80 qui est concentré ici, avec la production la plus puissante et moderne qu'ils puissent avoir en 2021. Et si un profane vous demande ce que c'est que le thrash, entre les huîtres et le chapon, vous saurez quoi lui faire écouter.

56 Commentaires

20 J'aime

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tormentor - 02 Mars 2024:

Oui je suis d'accord, mais dommage d'avoir gaspiller de l'argent dans un album que vous trouvez moyen au lieu de les mettre dans un super skeud. Dommage aussi que vous trouvez pas votre compte dans cet album. Après chacun ses goûts et ses ressentis.

Thrash'em all !!!

Sperma_frost - 03 Mars 2024:

Justement, mes écoutes en dématérialisé ne m'ont pas du tout convaincu à la sortie de l'album et donc je n'ai jamais concrétisé l'achat en dur...

MCGRE - 03 Mars 2024:

Moi j'ai pris car etant grand fan de ce combo au moins pour la collection , mais il fait pas parti des albums auquel je pense quand j'ai une soudaine envie Exodus .

Elevator - 03 Mars 2024:

Pareil que MCGRE, je l'ai acheté par fidélité et pour la collection en tant que grand fan, c'est un groupe qui a une place particulière dans mon coeur donc je ne me suis pas trop posé de question concernant l'investissement. Bien entendu, je suis plus prudent pour beaucoup d'autres groupes ...

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