L’occupation des uns et des autres durant le confinement aura été très différents. Certains prirent des pauses, repoussèrent leurs albums tandis que d’autres enchaînèrent les projets ou les sorties d’albums.
Epica fut de ceux là.
Après avoir mis sur pied "
Omega Alive", probablement la sortie live streaming la plus impressionnante (avec celle de
Behemoth) sortie durant la pandémie (faisant passer celui de
Nightwish pour un groupe d’amateurs ou la plupart pour des réunions entre potes), les néerlandais ne sont pas reposés sur leurs lauriers et sont revenus en fin d’année 2022 avec cet énigmatique et curieux "
The Alchemy Project". Comme son nom l’indique, l’idée a été de créer des morceaux en collaboration avec d’autres musiciens, de divers univers musicaux, et de proposer le résultat aux fans. Nous ne parlons pas ici de guests car la démarche va bien plus loin. Les musiciens extérieurs ont participés à l’écriture des morceaux, aux arrangements ou aux textes, tandis que les membres d’
Epica était dans un processus cathartique où ils cherchaient parfois à s’imaginer écrire pour le groupe des autres (Mark explique notamment que Rob a cherché à écrire comme s’il était dans
Shining pour "
The Final Lullaby").
Ferrini et Paoli de
Fleshgod Apocalypse sont les premiers à intervenir sur le morceau initial : "
The Great Tribulation". Faire cohabiter l’univers des hollandais et des italiens semble totalement logique et le morceau en est la preuve tant le rendu final coule de source. Du pur
Epica démesuré pour ouvrir le titre, un riff très radical et heavy pour continuer et une alternance vocale entre Mark, Simone et Francesco pour une vraie osmose entre les deux groupe. La composition a été pris au sérieux et nous sommes loin d’une éventuelle face B qui serait sorti du placard pour combler les fans. "
The Final Lullaby", premier extrait présenté, allait même plus loin puisqu’on avait parfois carrément l’impression d’entendre le
Shining norvégien récent, notamment par la voix si unique de Jorgen Munkeby et surtout ce refrain qui n’aurait pas dépareillé sur Animal. Le feeling entre les deux vocalistes est assez fantastique tant les univers sont différents mais fonctionnent pourtant à merveille ensemble. Le solo se permet même un passage au saxophone juste après une sublime emphase lyrique.
Epica puise également dans les registres plus brutaux en invitant Henri Sattler (
God Dethroned) et Sven (
Aborted) sur le death brutal de "
Human Devastation" en 3 minutes chrono, où le timbre si caractéristique du growler belge est parfaitement identifiable (Simone n’y chante pas). Il en va de même pour "Death is not the
End" avec Frank Schiphorst (le compatriote de Mark dans
Mayan) et Bjorn
Strid (
Soilwork) pour un death mélodique de haute volée, peuplée de choeurs et de quelques passages très techniques comme
Epica sait si bien le faire mais dont les interventions claires n’aurait pas surpris sur du
Soilwork récent. Quant à "
Sirens" avec
Myrkur et
Charlotte Wessels, elle est l’inamovible ballade avec ici trois belles voix, même si l’influence de
Myrkur aurait ici gagné à être exploité pour avoir un rendu peut-être plus fantomatique, chose à peine perceptible sur les quelques chœurs qui jalonnent le titre. "
Wake the World" à l’inverse puise vraiment dans l’essence de Phil Lanzon (
Uriah Heep) pour le côté vintage et la mélancolie qui émane de la voix de Tommy Karevik (
Kamelot) pour accompagner Simone. Une vraie pépite de prog mélodique enlevé, subtil, aux touches de noirceur parfaitement disséminées ici et là par la voix gutturale de Mark. Quant à "The Miner" (avec des membres d’
Insomnium et
Powerwolf), il termine cet ep (de tout de même 35 min) sur un note plus arabisante et lente, pour un titre un peu moins marquant (c’est pourtant le plus long avec ses 7 min).
Epica aurait pu passer le cap de l’album mais ce n’était pas le plan initial. Mark avoue même que certaines collaborations n’ont pas vu le jour ou que d’autres n’ont pas été présentés, comme pour laisser sous entendre qu’un second volet pourrait voir le jour (un titre similaire avec
Apocalyptica, pour annoncer la tournée à venir, a déjà été présenté). L’histoire nous le dira mais on peut affirmer qu’
Epica, entre deux albums, ne se moque pas de ses fans et propose, encore une fois, un disque et des compositions de qualités dans un contexte original et un format finalement rare. Comme un témoignage d’un moment que plus jamais nous ne voulons vivre ...
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