“La vie est aux passionnés, aux démesurés”
Pierre Drieu la Rochelle
Voilà une phrase qui sied parfaitement à
Epica. Mark Janssen en a fait un leitmotiv depuis qu’il a quitté
After Forever voilà désormais plus de vingt ans. La démesure à travers la vie, à travers un immense concept sur le sens de l’existence, sur notre place dans l’univers et les traces laissées par les civilisations anciennes.
Les bataves ne font pas exception à la règle puisque "
Aspiral", neuvième opus longue durée (si on met de côté "
The Alchemy Project" sorti en 2022), évoque les cycles de destruction et de renaissance sous différentes formes en s’inspirant des travaux de l’artiste polonais Stanisław Szukalski dont l’artwork est également une création.
Dire que
Epica reste dans une sorte de confort créatif relèverait d’une forme d’injure tant ses albums sont travaillés et colossaux mais il faut néanmoins admettre que "
The Holographic Principle" et "
Omega" ne nous avait pas spécialement surpris. Des opus aussi monumentaux que "
Design Your Universe" ou "
The Quantum Enigma" ont érigé de tels standards (quand on ne parle pas du classique "
Consign to Oblivion") qu’il est difficile en restant dans un carcan similaire de continuer à surprendre.
Il semblerait que "
Aspiral" part d’un postulat différent puisque Mark et Simone Simons se sont évertués à écrire un disque plus accessible. Il convient de définir ce terme quand on parle de
Epica puisque l’orchestre philharmonique de Prague est encore de la partie, qu’il y a une chorale d’enfants et que Joost Van Den Broek est encore aux manettes. En soi, le résultat reste hautement ambitieux. Mais la formule change.
Pas d’intro. "
Cross the Divide" entre directement dans le vif du sujet avec son riff catchy, sa double pédale et son côté punchy. Un côté très moderne se ressent dans l’accordage de guitare et ce refrain qui arrive très vite et se veut chantonnant. "
Arcana", déjà connu depuis le "Symphonic Synergy" surgit avec ses choeurs massifs mais c’est la basse et quelques notes de claviers (Coen Janssen toujours aussi indispensable) qui accompagnent le couplet, la guitare n’apparaissant que plus tard sur un refrain laissant Simone s’envoler dans des cieux qu’elle maîtrise toujours avec autant de pureté. Reste qu’on est loin de la flamboyance du passé.
Epica se redéfinit pour certains ou se confond dans une relative passivité pour d’autres. Tout dépend du point de vue.
Des inspirations djent surgissent sur un "
Obsidian Heart" étonnamment lourd, quasiment suffocant tant le riff est lourd et grave (on se croirait parfois avec l’accordage d’un Unprocessed) sur le pont. Il en de même sur "
Apparition" et son riff monolithique et les growls caverneux de Mark qui apparaissent comme des fulgurances, contrastant avec une Simone toujours impériale. Isaac se fendra d’ailleurs de l’un des rares solo de l’album.
Non pas que ces compositions ne soient pas réussies mais elles tranchent assez radicalement avec les œuvres du passé, se rapprochant parfois plus de
Mayan d’ailleurs.
Les hollandais sortent pourtant le grand jeu sur une nouvelle trilogie de "A New Age Dawns" (les parties VII, VIII et IX). Les trois morceaux se veulent plus longs (entre sept et huit minutes, loin du quart d’heure des "
Kingdom of Heaven" ou des longues pièces précédentes) et la vision cinématographique se ressent dès l’intro de "
Darkness Dies in Light". Les riffs, le lien entre les deux vocalistes, la flamboyance des chœurs et des mélodies … c’est ici que
Epica est le plus incroyable. Passant d’une partie digne d’une BO à un blast beat purement death metal à vous arracher la tête. "
Metanoia" dévoile une image toujours plus grandiose (cette chorale) pendant que "The Grand
Saga of
Existence" comprend le passage le plus violent du disque et une mélodie principale n’étant pas sans rappeler celle de "
Design Your Universe". A vous de découvrir les méandres de ces trois sublimes compositions qui tirent clairement l’opus vers le haut. Un opus qui se termine en beauté sur le superbe titre éponyme, sublime ballade contemplative au piano, où Simone nous emmène très loin et se retrouve accompagner sur le final par la narration de l’artiste polonais en personne. Superbe conclusion tout en délicatesse.
"
Aspiral" semble donc naître d’un désir et tranche ainsi avec le naturel passé du groupe pour la démesure sans aucun filtre. "
Aspiral" souffle ainsi le chaud et le froid, se voulant parfois grandiose mais trop souvent “banal” (que ce mot est laid quand il s’agit d’
Epica). Comme si forcer sa nature à épurer sa musique n’était pas si simple, c’est toujours dans sa forme la plus complète que les compagnons de Mark Janssen touchent au firmament. Une leçon à tirer pour l’avenir.
Les deux seuls albums que j'écoute chaque année depuis 20 ans sont "The Phantom Agony" et "Consign to Oblivion".
Une fois de plus, merci à toi Eternalis pour cette parfaite chronique sur le dernier album d'Epica !

« The Phantom Agony » et « Consign to Oblivion » sont également deux de mes albums favoris du groupe, rien que le fait de les écouters me rappel mes heures perdues à l'époque quand j'étais sur les MMORPG
J'ai été surpris de découvrir que l'une des chanteuses qui accompagne Simone sur le Live Symphonic Synergy n'est autre que la femme de Coen Janssen et qu'on peut la voir aux côtés de Amanda Sommerville sur les vidéos clip We Will Take You With Us.
Je vais me mouiller un peu, le troisième meilleur album d'Epica après les intouchables "The Phantom Agony" et "Consign to Oblivion" est "Omega". Comme par hasard, le meilleur live est celui de Paradiso, qui a une setlist composée uniquement des deux meilleurs albums ; le deuxième meilleur live est Omega Alive qui a une setlist composée majoritairement de l'album Omega. Le live Symphonic Synergy est composé de merdes inécoutables, au moins la moitié des pistes sont à jeter.
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