Disons-le d’emblée : cet album fera certainement fuir les invétérés de
Metal austère ou extrême ayant beaucoup de mal avec le chant lyrique féminin ou qui sont allergiques aux copieux arrangements néo-classiques donnant un côté quasi-cinématographique au
Metal symphonique d’
Epica.
Alors que sur le premier album du groupe Mark Jansen intervenait assez souvent avec son chant mi-Death mi-Black, sur ce
Consign to Oblivion, le guitariste et parolier se fait plus discret, laissant la part belle à la « frontwomen » Simone Simons – dont la plastique et les prestations scéniques n’ont sûrement pas été étrangères au succès météoritique du combo. De plus, ce n’est plus le même style employé sur
The Phantom Agony, qui était globalement plus ambiant en raison de ses titres plus longs et plus lents.
Est-il pour autant judicieux de qualifier, par comparaison,
Consign to Oblivion d’album « commercial » ? Je vais m’efforcer de prouver le contraire.
En fait, si par son côté épique ce second opus se rapproche davantage du
Power Metal que la précédente réalisation du groupe néerlandais, avec des titres aux ambiances très médiévales, la deuxième partie du disque se veut de plus en plus mélancolique, jusqu'à atteindre un sommet de désespérance par le retour des grunts durant la dernière piste.
Cette démarche s’inscrit dans une retranscription des différents aspects du thème central de
Consign to Oblivion : la civilisation Maya... et sa progressive extinction sous les coups de la colonisation et de l’évangélisation espagnoles. Ainsi, encore une fois, mais de manière différente,
Epica s’attaque à la folie destructrice (et autodestructrice) du fanatisme religieux. Cependant, les paroles assez recherchés de Mark n’hésitent pas à critiquer aussi de manière universelle les sentiments et comportements égoïstes, thèmes également déjà entendus sur le premier opus.
Le mixage effectué au
Gate Studio à Wolfsburg en Allemagne (fin 2004 - début 2005) et la technique musicale du sextet sont en tous points irréprochables mais peut-être que le rendu général du son, par Moments un peu bridé, ne plaira pas aux oreilles exigeantes.
Les chœurs, dirigés par la chanteuse américaine Amanda Sommerville (qui, depuis, a également collaboré avec
After Forever,
Therion,
Avantasia et
Kamelot) s’avèrent prépondérants sur certains titres, comme "Another Me...". Les guitares et la batterie sont parfois assez en retrait par rapport aux claviers de Coen Janssen et à l’orchestre comportant violons, violes et violoncelle. Inversement, elles sont plus présentes et rythmées sur les titres plus « métalliques », tels "Force of the Shore" ou "Mother of the Light".
Bref, côté compositions ou arrangements vocaux, pas de demi-mesure : soit on accroche aux envolées lyriques (ou mi-épiques mi-lyriques), soit on zappe complètement cet album ! Ou, au moins, les deux tiers des titres.
Quelques choix discutables ? Ma foi, le début "
Hunab Ku"/"Dance of
Fate" quoique pêchu peut interloquer comparé à la suite du disque. Les paroles sont un peu répétitives sur certains titres et quelques passages au milieu de l’album font un peu remplissage ou s’avèrent légèrement inégaux par rapport aux autres... La ballade "Trois Vierges" avec son clavecin et le duo entre Simone et un ténor présent pour l'occasion (Roy Kate) pourra ennuyer ceux qui auront goûté à la violence des titres précédents.
Un avantage toutefois : une grande polyvalence baigne l’ensemble en même temps qu’une belle homogénéité aux deuxième et troisième tiers du disque. Les titres imparables à retenir sont surtout le composite "
Black Infinity", la ballade "
Quietus" ou les entraînants / aériens "The Last
Crusade" et "Mother of Light", un morceau souvent joué en live.
Quant à la pièce finale progressive, "
Consign to Oblivion", la chanson la plus violente de l’album, elle constitue l’une des meilleures qu’ait produite le groupe. Sa durée équilibrée (9 minutes trois quarts, ce n’est pas trop long !), son intro et son break central magiques, et les redoutables poussées vocales de Mark soutenues par la batterie, la rendent très « dark métallique » et « percutante ».
En résumé, le dernier album d’
Epica, édité par
Transmission Records (si l’on met de côté l’album BO « The Score – an
Epic Journey »), est une jolie perle mélodique, relativement moins violente dans la forme que les deux réalisations suivantes du groupe hollandais, mais certainement pas dans le fond.
La principale thématique de ce second opus, que le titre éponyme conclut avec maestria, sera reprise quatre ans plus tard sur Design to
Universe (2009), avec trois morceaux poursuivant le triptyque The Last
Crusade/Mother of Light/
Consign to Oblivion. Une manière comme une autre pour le groupe de développer progressivement toute l’étendue de son potentiel musical qui n’a rien à envier aux autres fers de lance du genre symphonique.
...Pardon ? Les 3 bonustracks de l’édition limitée ? Ah, désolée, je ne les connais pas...
Par contre, si vous parvenez à obtenir ce CD en même temps qu'un DVD documentaire en bonus, alors vous êtes vernis !
15,5/20
Juste pour ajouter mon grain de sel : tu parles d'Amanda Somerville, à noter que la dame travaille également dans l'ombre d'Epica depuis presque le début, composition, écriture, etc... Elle a d'ailleurs même remplacé Simone sur une tournée il y a quelques années si je me souviens bien ;)
merci pour la chro.
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