Des vétérans. C’est doucement ce qu’est en train de devenir
Bloodbound dans le monde du power metal suédois.
Toujours dans l’ombre des grands noms mais auteurs d’opus de grande qualité, bien que parfois très inégaux, la bande des frères Olsson n’a malheureusement jamais passé le cap d’une plus grande visibilité, d’un plus grand renom pour rester dans des ténèbres qui, finalement, leurs octroi clairement moins de pression.
Le groupe paie peut-être de multiples changements de line up à leurs débuts, un manque de stabilité au poste de chanteur (élément phare dans le genre) et surtout des évolutions stylistiques qui ont parfois semé le trouble sur l’identité réelle de
Bloodbound. Plutôt power metal racé ("
Nosferatu"), heavy plus moderne ("
Tabula Rasa"), true metal ("
Unholy Cross"), revival heavy NWOBHM ("
In the Name of Metal", "
Stormborn") ou plus médiéval ("
War of Dragons", "
Rise of the Dragon Empire"), les fans ont pu légitimement s’éparpiller avec le temps par cette diversité autant bienheureuse que dévastatrice pour la personnalité. Des influences d’
Edguy, on est plutôt passé par du
Primal Fear, puis du
Hammerfall ou du
Judas Priest … autant dire que les styles ne sont pas exactement les mêmes.
Après un diptyque de “
Dragon” qui n’avait pas forcément brillé par sa créativité, "
Creatures of the Dark Realm" revenait à une musique plus heavy et efficace, assez orchestrée et ciselée.
"
Tales from the North", hommage assumé aux
Viking et à cette période historique, tente, selon Henrik Olsson, de “rassembler” toutes les époques du groupe. Forcément, le genre va permettre au groupe de revenir à une musique plus “pagan” et folklorique afin de servir le concept.
Pourtant, à la découverte de "
Odin’s Prayer", c’est bien face à un power metal surpuissant, speed et efficace que nous avons à faire. Avec une intro totalement centrée autour des guitares, une double pédale qui survient assez rapidement avec une mélodie typique du revival des années 2000 puis un riff très épais et agressif qui n’est pas sans rappeler les grandes heures de
Gamma Ray.
Johansson est désormais totalement ancré dans son rôle de chanteur et s’en sort à merveille autant en lead que sur les voix couplées pour donner une sensation de grandeur sur le refrain. On se sent sur le champ de bataille. C’est la guerre et
Odin est à nos côtés (cette ambiance est d’ailleurs parfaitement retranscrite dans le superbe artwork).
Le titre éponyme qui ouvre le disque nous plonge plus subtilement dans l’époque, avec quelques instruments traditionnels, des vents et une mélodie acoustique ayant tout de l’appel au voyage. Le riff, encore une fois très power, sert à propulser un rythme très rapide avec un cri suraigu que les Tobias Sammet ou André Matos se donnaient, à une époque, à coeur joie. La production est impeccable, bien plus massive que sur certains opus récents et trouve exactement la même vigueur que le dernier album en date. Le refrain nous emporte dès les premiers instants, à l’instar d’un
Freedom Call en plus guerrier. Le solo et le break peuvent sembler datés ou clichés mais il faut aussi admettre que, comme je l’avais déjà dis,
Bloodbound le fait aujourd’hui surtout mieux que les autres.
Les tempos se succèdent, parfois avec l’aide de claviers à la
Nightwish ("Mimir’s
Crystal Eyes") ou d’une aura plus proprement germanique ("
Land of Heroes" et son solo supersonique ou encore "Sail Among the
Dead" qui sent bon le
Helloween moderne).
Bloodbound n’oubli pas de parfois baisser le rythme et ralentir la cadence pour mettre en avant les éléments musicaux du contexte conceptuelle, pour un rendu qui personnellement m’attire moins mais qui a le mérite d’apporter de la diversité. "
Drink with the Gods" s’ouvre ainsi sur de la flûte de pan (mais n’est pas
Luca Turilli qui veut) et des chœurs guerriers faisant de ce morceau tribal un hymne à boire face à son armée. "
Raven’s
Cry" est le plus “nordique” des morceaux, avec cet appui très fort de la mélodie folklorique, sans véritables subtilités même si cela apporte invariablement une diversité bienvenue.
"
1066" termine ce périple sur une bataille féroce du peuple vikings, avec un morceau qui lance les hostilités par un cri dont le chanteur a le secret pour continuer sur un rythme soutenu. On aurait aimé, pour marquer le coup, une épitaphe un peu différente du reste de l’album tant cet opus est résolument speed et metallique, moins moderne et arrangé que son prédécesseur.
"
Tales from the North" perdure l’excellence de
Bloodbound qui, après un passage à vide et une période totalement revival (bien que très efficace), retrouve une seconde jeunesse dans une musique plus rapide, acérée et surtout majoritairement abandonnée par les groupes phares des années 2000. Comme un écueil perdu dans le temps, les suédois ravivent des flammes que nous pensions éteintes …
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