En cette fatidique année 2005, les Suédois de
Bloodbound firent leur premier pas fort d’un album,
Nosferatu, plutôt convaincant. Ce disque défendait les couleurs d’un Heavy
Metal Mélodique empruntant ses grandes lignes aux Iron Maiden,
Helloween et autres
Judas Priest. Puis en vint un second,
Book of the Dead, en 2007, qui, bien qu’un peu plus mélodique, poursuivait sur cette voie sur laquelle, sans toutefois exceller, le groupe parvenait à exprimer, tout de même, quelques traits de caractères propres surtout liés, soyons francs, à des individualités fortes (Urban
Breed,
Michael Bormann…). Sur un troisième, selon moi, tout aussi réussi, sinon plus,
Tabula Rasa en 2009, sans dénaturer totalement son expression, il lui donnait une teinte différente (
Brainstorm,
Pyramaze…). Puis, mû par une volonté, qu’à mon sens elle aurait mieux fait d’ignorer, la formation décida, petit à petit, d’abandonner ses inspirations les plus Heavy
Metal pour, finalement, s’adonner à un
Power Metal dans lequel il n’est pas difficile de trouver ces stigmates empruntés à d’autres (
Sabaton,
Edguy,
Stratovarius…). Un art qu’elle voulut, évidemment, dévolu aux poncifs les plus ressassés du genre.
Aujourd’hui, en cette année 2019, avec la nouvelle mouture son travail,
Rise of the Dragon Empire, Tomas Olsson et ses acolytes nous offrent l’expression la plus fidèle qui soit aux modèles déjà énoncés en fin de paragraphe précédent. A ce mimétisme parfois confondant (pour exemple Skyriders and Stormbringers et Magical
Eyes, deux titres que l’on jurerait avoir déjà entendu sur les travaux de Tobias Sammet et de ses comparses), il ajoute un penchant embarrassant pour la mélodie guillerette et naïve du plus mauvais gout (
Blackwater Day, The
Warlock’s Trail, A Blessing in
Sorcery…).
Quelques morceaux, ceux là même qui parviennent un peu à s’extraire de cette musicalité si allègre et convenue, viennent heureusement rendre un peu de tenue à un album qui en manque cruellement (
Rise of the Dragon Empire,
Slayer of Kings,
Giants of
Heaven, Balerion, la ballade folklorique Reign of
Fire). Autant de morceaux qui, répétons-le une fois encore, ne sont pas exempts des défauts déjà énoncés mais qui arrivent à s’en éloigner suffisamment pour atténuer un peu la gêne qui nous étreins en chaque instant d’un disque assez pénible, pour ne pas dire pire.
Evidemment puisqu’il était dit que le groupe ne nous épargnerait aucune infamie, la pochette de ce manifeste, que l’on doit à Tom Thiel (auteur d’artworks essentiellement pour
Amon Amarth et
Brainstorm), nous donne à voir le combat épique entre un dragon cracheur de flammes et un chevalier qui tente de survivre derrière son bouclier. Un guerrier que l’on suppose être le dernier rempart d’une humanité aculée. Arrivé là de ma démonstration, est-il vraiment nécessaire que je développe sur le coté éminemment éculé et académique de cette représentation ? Non ? Nous sommes bien d’accord.
Rise of the Dragon Empire, 8ième offrandes des Suédois de
Bloodbound est donc un œuvre assez consternante. Pour sa grande majorité, emplie de pistes à l’académisme affligeant et à la musicalité souvent candide, elle sonne comme l’aveu d’impuissance d’un
Power Metal Européens peinant à se renouveler. Un disque navrant qui nous alerte aussi sur l’état d’esprit et les exigences de la plupart de mes camarades chroniqueurs qui le considère comme une réussite pleine et entière. Même si je suis ravi pour eux, et même si je pense que c’est leur droit le plus stricte d’encenser un plaidoyer aussi désolant, il est clair que, personnellement, j’ai d’autres ambitions pour un style qui nous aura tant donné autrefois et qui, aujourd’hui, semble à la dérive.
Ca n'a rien de bizarre. Je trouve ça même plutôt sain que l'on ne soit pas tous du même avis.
Entièrement d'accord avec toi sinon plus de débat possible. Je lis souvent tes chroniques et je suis assez d'accord avec toi dans l'ensemble mais là je te trouve particulièrement sévère avec cet album. Même pas la moyenne... Je viens de le réecouter et je le trouve toujours aussi bon. Mais je respecte ton opinion.
Tu attends peut-être trop de ce groupe ou c'est moi qui suis trop "bon" public... à voir...
Il n'y a aucun doute sur le fait que je sois devenu d'une éxigence assez redoutable concernant un genre dont j'ai arpenté de nombreuses fois les allées. Je me doute que ça ne peut pas être le cas de tout le monde (et tant mieux d'ailleurs). J'en viens d'ailleurs à me demander s'il ne faudrait pas que je m'abstienne de chroniquer ce genre qui n'est peut-être plus du tout pour moi. Encore que ce ne soit pas sûr puisque certains disques (les derniers Iron Fire et Tanagra par exemple) arrivent encore à me procurer de belles surprises.
Non je ne pense pas que tu dois t'abstenir de chroniquer ce genre car tout les points de vue sont les bienvenus... S'il n'y avait que des chroniques positives celà n'aurait plus aucun sens. Le mieux serait d'avoir pour chaque album une chronique positive et une chronique disons plus négative histoire que chacun puisse faire son choix... Et disons comme toi j'arpente toujours ces allées à la recherche du graal...
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