Gamma Ray a longtemps été considéré comme le projet solo de Kai Hansen faisant suite à son départ tumultueux d’
Helloween. Mais l’ami Kai avait depuis le début mis un point d’honneur à considérer son nouveau bébé comme un véritable groupe, malgré de constants changements de line-up, dont le départ du formidable Ralf Schiepers en
1994. Lui qui avait été pressenti pour remplacer Rob
Halford au sein de
Judas Priest, qui ne s’investissait plus autant que les autres membres du groupes selon Kai mais qui fait des trois premiers opus des perles de power metal mélodique lorgnant parfois vers une musique plus expérimentale et incroyablement riche (notamment "
Insanity &
Genius", signant son départ !).
"
Land of the
Free" était en ce sens le retour à un heavy plus dur, plus puissant et agressif, renvoyant indéniablement aux racines d’
Helloween, que ce soit dans la musique, les riffs et le chant de Kai, qui, dans l’ombre de Kiske et Schiepers, avait continué de travailler sa voix.
Si cet album montrait une volonté d’aller droit au but mais paradoxalement de sonner d’une manière plus grandiose, "Somewhere
Out in Space" est son parfait successeur, voyant l’arrivée d’Henjo Richter à la guitare et de Dan Zimmermann derrière les futs pour apporter ce surplus de puissance.
Si l’on devait donner un mot pour faire ressortir l’impression du disque, ce serait compacité. Tout est compact, puissant, mélodique et plein de cohésion. D’une redoutable facilité d’écoute, l’album s’écoute, se retient et s’ancre dans la tête comme peu de groupe arrivait à le faire à cette époque, une période qui allait rapidement sonner la renaissance du heavy à qui
Gamma Ray sera rapidement une référence.
Une grande maturité ressort des compositions, un souffle épique parcours des morceaux aussi subtils que bourrin pour le style, comme le prouve aisément le formidable morceau titre.
Alliage de riffs d’acier, tranchants et hurlant, de couplets emplis de grandeur et de décadence dans le chant de Hansen (très « madman » !) et se métamorphosant en une splendide mélodie sur le refrain, accompagné par des chœurs qui, s’ils sonnent parfois un peu kitsch, donne une tout autre envergure.
Dirk, ayant retrouvé sa basse, s’en donner à cœur joie et impose un rythme très élevé tout en restant très audible, alors que les guitares se taillent des duels en soli faisant vraiment plaisir à entendre (
Judas Priest es-tu là ?).
Chaque titre dispose d’une personnalité propre, conférant au disque une unité, un ensemble. Tout en sachant rester ambitieux,
Gamma Ray n’oublie jamais d’être avant tout efficace. L’enchainement du grandiose "The Landing" (très spatial et martial, comme les allemands ne l’avaient encore jamais fait !) et du single "Valley of the
Kings" se veut un symbole de toute la musique de combo. Sur une intro très mélodique vient se greffer quelques claviers discrets et une prestation vocale aussi accrocheuse qu’elle n’est riche, avant de venir poser une ambiance mystique mais purement heavy sur un refrain immédiat et ne demandant qu’à headbanger comme un fou.
Alternants morceaux courts et mid tempo comme "Men, Martians and Machines" ou le très intéressant "No
Stranger (
Another Day In
Life)", se reposant en partie sur la partie vocale de Kai et ne laissant filtrer que quelques lignes de guitares parsemées dans une ambiance très synthétique et cosmique. Les grattes se font presque uniquement solistes et très tranchantes tandis que Kai va déloger des notes très lointaines, un titre différent de leur répertoire, offrant une approche plus mature de leur musique, sans pour autant léser la qualité ou la puissance.
En revanche, le premier titre, "
Beyond The Black Hole", remets les pendules à l’heure pour ceux qui pensaient que le heavy était mort ! Symbiose d’un traditionalisme parfaitement maitrisé et d’une agressivité très actuelle, il est l’archétype du style fondé par Kai une dizaine d’années plus tôt, des riffs acérés, une puissance vocale de tous les instants, une double pédale omniprésente, un refrain se calant dans une case mémoire de notre cerveau et une envie de taper du pied toute la journée !
Et si certains titres comme le rapide "
Lost in the Future" ou le (trop cette fois) ordinaire "The
Guardians of Mankind" (pourtant adoré des fans !) empêchent de considérer "Somewhere
Out in Space" comme le chef d’œuvre que sera "Powerplant", des chansons comme la ballade "Pray", évoquant presque Queen dans son approche vocale (d’une douceur incroyable, très belle composition), le final ambitieux "Shine On" ou l’ultra puissant "Watcher in the Sky" sur lequel Piet Sielk (
Iron Savior) vient rejoindre Kai pour apporter son grain de voix mécanique et un solo déchirant ne font que rendre cet album plus indispensable pour le fan de heavy.
Sans être unique,
Gamma Ray assurait sa propre pérennité avec cet album, démontrait que le groupe en était réellement un, que le style avait encore de beaux jours devant lui et dévoilait la direction qu’allait prendre la bande à Hansen sur ses prochains efforts studios. Un album charnière donc, séparant distinctement la carrière du groupe en deux et sonnant le retour d’une agressivité primaire et pleine de vigueur.
Gamma Ray allait commencer à écrire les plus belles pages de son histoire…
Après, je ne suis pas un spécialiste de Gamma Ray (je ne connais que l'excellent "Heading For Tomorrow", et "No World Order !"), mais je trouve que cet album reste bon voir très bon dans son ensemble ("Beyond The Black Hole", "Somewhere Out In Space", "Valley Of The Kings", "The Winged Horse", "Lost In The Future").
Je me lance dans la découverte des autres opus, let's go !
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