« Nous n'avons qu'une liberté : la liberté de nous battre pour conquérir la liberté... »
Henri Jeanson
Se battre pour la liberté, celle d’un peuple, d’une communauté, d’une vie, d’un esprit…d’une âme.
Métaphoriquement utilisé bien souvent pour évoquer une bataille féroce contre un conformisme ambiant, les nouveaux ambassadeurs de la « liberté » sont aussi nombreux que bien souvent factices et eux même porteurs d’une nouvelle forme d’enfermement. Les plus grands révolutionnaires ne furent-ils pas les pires dictateurs par la suite ?
Mais la quête d’une liberté perdue est également une superbe parabole pour qui voudrait créer des climats épiques et ambitieux, autant musicaux, visuels que cinématographiques.
Gamma Ray prit un risque énorme en s’attaquant à un projet aussi dense alors que le groupe de Kai Hansen semblait plus indécis et instable que jamais.
Si le départ d’
Helloween lui fit, de son aveu même, le plus grand bien, les trois premiers
Gamma Ray, tous aussi géniaux les uns que les autres, furent aussi marqués par un line-up différents pour chacun des opus, même si toujours sous la houlette de Kai et Ralf Schiepers, secondé de près par un Dirk Schlächter alors encore guitariste. Cependant, le coup de tonnerre fut énorme lorsque le divin vocaliste (entre lui et
Michael Kiske, on peut dire qu’Hansen était un dénicheur de talent) décide de quitter le navire pour répondre à la proposition de
Judas Priest (qui sera d’ailleurs refusé au final). Kai décide de ne pas le remplacer et de s’occuper des vocaux seuls, non sans appréhension (il invitera pour cela Michael sur quelques titres).
Le résultat nous offre l’image du
Gamma Ray que nous connaissons aujourd’hui : sauvage, épique, guerrier mais mélodique. "
Land of the Free" s’éloigne de l’aspect fou et expérimental d’"
Insanity and Genuis", apaise son excentricité pour que celle-ci ne devienne plus que brume derrière une musique plus dure et violente, plus cohérente et traditionnelle telle que nous ne l’avions pas entendu depuis "Walls of
Jericho".
Il est aussi le premier à dévoiler le personnage devenu icône des artworks de
Gamma Ray (ceux des trois premiers ayant été retravaillé dans une optique similaire) et peut-être à délivrer ce que Kai avait en tête depuis le début, en délaissant les plaisirs de la jeunesse et devenir un peu plus sage. C’est donc à une musique plus hymnique et qui deviendra par la même occasion plus culte que se livre Hansen en 1995. "
Rebellion in Dreamland" est l’un de ses exemples qui ne trompe pas, devenu l’une des compositions les plus importantes du groupe, dévoilant tout le potentiel épique du combo.
Une simple mélodie introductrice, mélancolique, épurée, minimaliste et le chant, impérial et presque sacré de Kai, posé. Les riffs débarquent très rapidement avant qu’un vent épique ne prenne l’auditeur dans son voyage avec un premier «
Freedom for us All » jouissif. Huit minutes parfaitement composées, telle une bataille, avec ses instants furieux, ses émanations de puissances et ses passages semblant nous conter des paysages fabuleux (ces nappes de claviers discrètes mais superbes sur la première partie du morceau). La vision guerrière du groupe explose sur le refrain, parachevé de chœurs laissant beaucoup de place à de futures interventions du public. Quand à la seconde partie, introduite par un riff divin après le solo, il n’est qu’une très longue montée en puissance qui explose de plus en plus forte sur des vagues de soli et de riffs tous plus assassins les uns que les autres…culte dit-on…
Néanmoins, "
Land of the Free" est loin de se limiter à cet unique coup d’éclat, certes phénoménal, mais loin d’être isolé. Le terrible titre-track, en duo avec Kiske, développe des atmosphères très sombres, hypnotiques, presque arabisantes, particulièrement exploitées par la basse, d’où émane une ambiance fantomatiques des plus impressionnantes. La conjugaison alors inédite des deux timbres de fruits, l’un aigre, l’autre sucré, offre toute la dimension paradoxale d’une œuvre à part entière.
Gamma Ray devient le chasseur sauvage et sans pitié que l’on connait aujourd’hui sur des furies speed telles que "Man on a Mission" (cette intro ultra rapide…) "
Salvation’s Calling" (avec Hansi Kursch) ou "Gods of
Deliverance", véritables viviers de riffs, de double pédale et de lignes de basse acrobatiques qui sont devenu les stéréotypes d’aujourd’hui, les hymnes d’un genre qui, s’il peine à se renouveler, doit ses heures de gloire et ses chef d’œuvres en parti à un musicien comme Kai Hansen.
"
Farewell" s’impose comme l’un des instants clés de l’album, féérique, proche de Queen, particulièrement sur ses chœurs, évoquant une magie presque angélique, un espoir de tous les instants…celui d’une vie future meilleure, d’une bataille gagnée et terminée…de paix simplement.
"
Afterlife" termine le disque sur un hommage poignant et sincère à
Hugo Schwichtenberg, tragiquement suicidé quelques mois auparavant. L’émotion y est vibrante, une âme semblant planer sur cette composition, comme hantant le morceau d’une ambiance belle mais presque morbide (ces «
Afterlife » revenant désespérément comme les chuchotements d’une âme damnée…).
Une nouvelle ère débutait avec
Land of the Free, une ère qui trouvera son achèvement final sur le mythique et flamboyant
Powerplant quatre ans après. Ce premier opus avec Kai au chant n’est certes pas dénué de défauts, de quelques longueurs ou approximations (une fin d’album un peu plus inégale entre "
Land of the Free" et "
Afterlife", notamment le faiblard "Time to Break Free" où
Michael Kiske s’occupe l’intégralité des vocaux) mais c’est aussi pour son histoire et son apport culturel que cet opus est si important…sans lui, bien des groupes actuels n’auraient probablement pas fonder de combos à l’orée des années 2000. Il fut l’un des investigateurs du true metal et du renouveau d’un heavy metal alors à l’agonie ("
Sigh No More" et "
Insanity &
Genius" s’étant intelligemment éloigné du heavy traditionnel pendant le creux de la vague). Kai revenait à ce qu’il sait faire de mieux et
Gamma Ray allait connaître les années les plus fastes de sa vie..années qui semblent continuer aujourd’hui encore…
Très bon album avec "Rebellion in dreamland" comme morceau phare. J'aime beaucoup aussi "Heavy meatl mania" ,reprise d'un groupe que je ne connais pas: Holocaust. Quand je tape Holocaust dans le moteur de recherche, j'en ai une dizaine. Si quelqu'un pouvait m'aider à me dire lequel c'est. Merci.
17/20
Hello Angus, merci du coup d'œil et pour ton retour. Holocaust, groupe écossais (NWOBHM Edimbourg), à pondu l'album The Nightcomers en 1981. Effectivement, le morceau est très chouette.
Salut choahardoc, je te remercie pour l'info. Bien à toi.
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