L'enregistrement d'
Out of Order fut, semble-t-il, très problématique pour les Américains de
Nuclear Assault. Dan Lilker et Glenn Evans, se retrouvèrent, en effet, dans l'obligation de gérer les défections quasi-permanentes d'un John Connelly presque totalement absent. Bien évidemment, cet événement explique l'aspect très hétérogène de cet album mis notamment en exergue par les interventions plus ou moins heureuses de ces musiciens à palier ces disparition en prenant la place du vocaliste avec une bonne volonté, certes, manifeste mais pour un résultat pas toujours irréprochable.
Promis à un avenir artistique nettement plus brutal, Dan Lilker va, finalement, quitter le groupe et poursuivre son chemin habité par cette volonté de créer des œuvres toujours plus rapides, primaires et féroces. Pour ce faire, il fondera
Brutal Truth et se consacrera désormais à un Death Grind / Grindcore furieux.
Le bassiste sera bientôt suivi par Anthony Bramante qui, lui aussi, abandonne
Nuclear Assault pour d'autres cieux.
Ainsi privé de certains de ces éléments les plus emblématiques, que l'épisode douloureux d'un dernier album produit de manière aussi effarante précipita sans nul doute, la formation était promise à une fin aussi rapide que déplorable. Pourtant, déjouant les pronostics les plus funestes, en cette année 1993,
Nuclear Assault nous proposera de découvrir son nouvel effort,
Something Wicked.
Bâtis autour d'un John Connelly de retour, de l'immuable Glenn Evans, de Scott Metaxas et de Dave DiPietro, ce nouveau disque sera une belle promesse qui, bien vite, se changera en un désenchantement. Car si les New-yorkais y auront quelque peu retrouvé de leur verve en nous proposant des morceaux nettement plus réussis que ceux présent sur leur précédente offrande, ils n'y auront cependant pas vraiment retrouvé leur identité se complaisant dans une expression certes intéressante mais tellement loin de la vivacité, de l'âpreté, et de la subtilité qui furent la leur autrefois. Tant d'ailleurs que se posera la question fatidique consistant à se demander si
Nuclear Assault fait encore ici du
Nuclear Assault.
Pas sûre tant cette musique à la fois Heavy
Metal Thrashy,
Power US et Thrash Mélodique, pourvu d'une production très (trop?) propre, et dépourvu presque totalement de l'humour pourtant caractéristique de cette formation, sera déstabilisante pour l'adepte des travaux passés de ces musiciens.
Toutefois, sans la fougue d'antan, sans la vivacité de naguère, épuré de sa rapidité de jadis et sans l'irrévérence crasse d'autrefois, il restera, tout de même, quelques qualités à ce groupe qui donneront lieues à quelques satisfactions sinon mémorables, tout au moins sympathiques. Citons les intéressants
Something Wicked ou The Forge. Et s'agissant des quelques titres arrivant à s'illustrer plus particulièrement encore, de sorte à s'élever un peu au-dessus de cette morne plaine, citons To Serve Man et le fulgurant
Poetic Justice qui, quant à eux, parviendront à nous sortir d'une léthargie certes agréable mais désespérément monochrome.
Ultime sursaut d'orgueil, ou dernier râle méphitique d'un
Nuclear Assault à l'agonie, ce
Something Wicked apparaitra comme plus homogène qu'un
Out of Order calamiteux à bien des égards. Néanmoins, il ne parviendra pas à apaiser nos déceptions nourries par ce souvenir d'un groupe qui, en des temps désormais révolus, fut un grand et qui, dorénavant, n'est plus que l'ombre de lui-même.
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