Depuis sa genèse
Nuclear Assault avait toujours affiché une volonté manifeste de constamment faire évoluer son art vers des contrées toujours plus primaires, agressive et escarpées. Son précédent effort,
Handle with Care, marquait même le summum de ce désir en nous en offrant, fort de ce Thrash
Metal vif et âpre aux voix aigus si délicieusement écorchées, une redoutable démonstration à l'aboutissement à peine tempéré par une production manquant, peut-être, d'une once de subtilité. Une progression que la sortie d'un nouvel effort, répondant au nom de
Out of Order, allait, en cette année 1991, stoppé net.
Pourtant tout semblait idyllique alors que les excellents
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Blood et
Fashion Junkie venait démarrer des hostilités sous les meilleurs auspices. A peine avions-nous eu le temps d'y noter que la production de ce manifeste était bien plus organique que celle utilisée quatre ans auparavant, et aussitôt avions-nous relevé que les velléités excessivement vives s'y étaient estompées pour laisser place à une expression plus en adéquation avec celle défendue par le groupe autrefois, que déjà des morceaux certes sympathiques mais manquant de personnalité tels que, par exemple, Too Young to
Die, Preaching the Deaf ou
Resurrection, venaient enfanter un doute. Fort heureusement, un furieux Stop Wait Think, allait nous rassurer. Un répit de courte durée puisque cette première partie inégale allait bientôt laissait place à une seconde moins irrégulière puisque clairement inintéressante de bout en bout.
Doctor Butcher et
Hypocrisy, alourdis par les chants respectifs d’Anthony Bramante et Dan Lilker qui auraient mieux fait de s'abstenir, sont effectivement de pâle ersatz incapable de nous convaincre. Tout autant d'ailleurs que le pénible instrumental
Save the Planet qui peine à révéler ses qualités et qui devient même consternant dès lors que retentit son solo de claviers. Venant douloureusement clore ce chapitre, la reprise du morceau Ballroom Blitz du groupe
The Sweet, extraite de son album éponyme sortis en 1973, est tout aussi déconcertante et tout aussi saugrenue. Là encore John Connelly aura laissé son micro à Glenn Evans qui, lui aussi, aurait été plus inspiré de refuser.
Il faudra aussi noter que les incartades humoristiques, si caractéristique de ce groupe, seront ici absente. Et qu'exceptions faites de l'idée extravagante de nous proposer une relecture de Ballroom Blitz, régnera ici une sobriété et une austérité très inhabituelle eu égard au passé de ces New-Yorkais.
Et ne parlons même pas de cette subtilité de composition qui autrefois définissait les travaux de cette formation et qui semble dorénavant très secondaire.
Au delà d'une première partie sans génie mais respectable,
Nuclear Assault nous en offre donc une seconde décousue et sans âme. Amas hétéroclite laissant indéniablement transparaître les implications des uns et des autres, a priori, peu concernés, ce
Out of Order marque la fin d'un cycle. Désormais plus désireux de s'investir ailleurs, et notamment dans des styles à l'essor manifeste alors que le Thrash semble s'essouffler, le quatuor américain exhale ici un premier soupir marquant le début d'une lente agonie.
Mon ressenti rejoint le tien avec cet album qui cherche sa voie.
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