Cette chronique commençait vraiment à me tenir à cœur, parce qu’il y a les albums pour lesquels on craque à la première seconde d’écoute et puis il y a ceux qu’on apprend progressivement à apprécier. Cet
album fait clairement pour moi partie de la seconde catégorie.
L’avantage, c’est qu’on peut prendre conscience, dans ce processus qu’est apprendre à aimer, des réels défauts qu’on entend au premier abord puis des indéniables qualités qui finissent par ressortir. Bon bref, ceci-dit, rentrons dans le vif du sujet.
Comme si de rien n'était, en 2005 sortait, après un split de 9 ans et une coupure de 12 ans depuis le denier véritable album, "
Third World Genocide", le 6ème et dernier album en date de
Nuclear Assault.
Après deux décennies d'histoire derrière leur dos, le groupe a toujours gardé la réputation d'une valeur sûre de la scène thrash tout en restant une sorte d'éternel second, toujours dans l'ombre des grosses mécaniques, notamment du grand frère
Anthrax que Dan Lilker quittait en 1984.
Formé pour apporter au célèbre bassiste plus de violence qu’il n’en trouvait chez les moshers, le groupe s’était retrouvé quelque peu délaissé depuis que son créateur chercha à aller plus loin, quête qui le mènera à réaliser pas mal de projets dont lesplus connus restent S.O.D ou encore
Brutal Truth.
Seul «
Something Wicked » était sorti malgré son absence.
Le réel problème est que
Nuclear Assault avait depuis, et c’est sûrement la raison de la rupture, perdu sa raison d’être. Ainsi comment justifier un retour de
Nuclear Assault alors que bien plus violent existent désormais ? Donc comment rester crédible sans dénaturer leur identité ?
Voilà tous mes ressentiments qui me faisaient alors craindre le pire pour ce «
Third World Genocide ». Alors dans un premier temps, je l’ai trouvé plat, sans originalité et surtout plus vraiment thrash. Après coup, je me suis rendu compte que cela pourrissait mon écoute et me faisait tenir un jugement bien trop hâtif. Un jugement plus cruelle que sévère, là était bien le problème, car je n’avais plus aucune once d’objectivité.
Au moins, cela m’a permis de saisir les principaux défauts de l’album : un rythme beaucoup moins soutenu que l’on pouvait entendre auparavant, notamment sur «
Handle with Care », un chant bien moins tranchant et surtout une efficacité bien amoindrie face à un «
Survive », par exemple.
Pour une fois assez tenace pour réécouter un album malgré mes appréhensions, j’ai pu ensuite voir un peu plus loin.
La première chose qui marque est l’incroyable prestation de John Connelly, bien accompagné il est vrai par Dan Lilker, qui commence à faire des siennes dès les premières secondes du premier titre éponyme. Il parvient à donner le ton tout au long de l’album tout en maintenant une constance étonnante.
Le chant est discutable, quoiqu’en s’y faisant on finit par apprécier, mais il est placé légèrement en retrait. Les avantages sont que cela nous permet d’apprécier la qualité musicale des morceaux et que surtout, les titres forment un vrai tout, et non un simple chant posé sur un assemblage de 2-3 riffs.
Cette qualité musicale tient dans l’équilibre entre passages purement thrash, quoique plus puissants que rapides, et passages mélodiques, avec notamment des solis d’une grande diversité. On peut presque parler de thrash mélodique, à quelques nuances près. «
Living Hell » est à ce jeu-là un vrai petit délice.
L’album, dont on ressent plus qu’auparavant la petite griffe
Anthrax, est relativement homogène et les morceaux qui ressortent, outre ceux déjà cités, sont « Whine and Cheese » , «
Defiled Innocence », « Fractured Minds », « Gleen’s Song » mais surtout «
Eroded Liberty », titre plus classic thrash qui nous ramène aux origines du groupe.
Ajouté à cela un brin d’humour country grâce au titre « Long Haired
Asshole », et me voilà comblé.
Cet album est un plaisir simple, mais un réel plaisir. Sans prétention aucune, le groupe nous pond un «
Third World Genocide » plus qu’honorable, qui mérite allègrement sa place dans la riche discographie de
Nuclear Assault.
Sans vous attendre à une merveille, je vous conseille à tous d’y prêter une oreille curieuse et attentive.
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