C'est la première fois que j'écris une chronique pour un bootleg. Chroniquer un bootleg, c'est un peu comme faire un live report, mais en jugeant uniquement la performance musicale du groupe. C'est assez bizarre mais ce bootleg me tient particulièrement à cœur. Tout d'abord il s'agit d'un live de
Bon Jovi, ce qui signifie que ce n'est pas rien. Ce groupe a toujours été considéré comme un groupe de scène de premier ordre, et même les détracteurs du combo américain ne pourront pas contredire ce fait avéré. Ensuite, il s'agit d'un concert donné lors de la première tournée du "
Keep the Faith Tour" (parce qu'il y en aura une seconde quelques mois plus tard) en mai 1993 au Zénith de
Paris. Concert complet où je me suis rendu à l'époque avec une bande de potes. Inutile de vous dire que je me suis rué sur ce bootleg lorsque quelques semaines après le concert je l'ai trouvé sur une étale d'un vendeur des puces de Saint-Ouen. Je tremblais tellement j'étais excité. Cela faisait un moment que le groupe ne s'était pas produit en France, le dernier concert remontait à 4 ans plus tôt en décembre 1989 au palais omnisport de Saint-Ouen. 4 ans durant lesquels Jon
Bon Jovi a acouché de son "
Blaze of
Glory", et
Richie Sambora de son "
Bed of Roses in this Town". Deux albums solo de grande qualité qui ont fait patienter nombre de fans. Mais 4 ans c'est extrêmement long pour le jeune homme que j'étais. Je les avais vu à 15 ans en 1989, et j'en avais 18 en en mai 1993. Mon excitation était à son comble, d'autant plus que le dernier album en date "
Keep the Faith" sorti quelques mois plus tôt, était un très bon album. Il n'égalait pas selon moi le mythique "
New Jersey" mais montrait de façon brillante que
Bon Jovi n'était pas mort, mais au contraire en pleine forme.
Parlons un peu du son de ce bootleg. Lorsque l'on écoute un bootleg, il ne faut pas s'attendre à un son génial. Cela arrive, mais c'est tout de même rare. Il s'agit ici d'un enregistrement au 'Soundboard', c'est à dire que l'enregistrement est fait directement sur la console qui gère le son de la salle. Après quelques grésillements sur les 2 premières minutes du premier titre du concert, '
I Believe', le son est vraiment excellent. Je reprocherais simplement un retrait trop prononcé de la batterie et un manque de basse. Je donnerais un 7/10 en note globale pour le son. La performance ce soir du 7 mai 1993 fut magistrale, dotée d'une setlist quasi-parfaite, assénant tubes sur tubes avec une maitrise unique au groupe du
New Jersey. Le show commence par '
I Believe', titre du dernier album en date, très pêchu et entrainant. C'est sur cette chanson au refrain vocalement très difficile que l'on prend conscience que Jon est ce soir-là très en forme. '
Wild In The
Streets' et '
You Give Love a Bad Name' deux titres phare du splendide album "
Slippery When Wet" s'enchaînent rendant l'audience dans un état de transe. De mémoire, la foule présente dans la fosse est particulièrement déchainée. Les fans sont là pour s'éclater, et donner de leur personne pendant ce concert. L’interprétation du titre suivant '
Born to Be My Baby' va à ce titre être une vraie osmose entre Jon et son public. Le frontman charismatique descendra ainsi dans la fosse aux photographes devant la scène afin de serrer les mains des heureux chanceux (dont votre serviteur fait partie) pendant une bonne partie de la chanson. Jon aime son public et lui donne tout. L'homme a bien changé depuis, ayant désormais une attitude calculatrice et gérant son image et celle du groupe dans les moindres détails. Les concerts sont désormais aseptisés et sans âme. Mais ceci est une autre histoire.
Les lumières s'éteignent. Un filet de lumière s'abât sur Jon, qui, seul au micro va chanter a capela quelques mesures de la très belle chanson du
King: 'Can't
Help Falling In Love With You', suivi du slow de la mort qui tue: '
Bed of Roses'. Cela fait 30 minutes que le groupe est sur scène, et la guitare de Sambora se met à gémir à travers la salle. On entend le son des maracas, suivi d'une ligne de basse qui nous rappelle quelque chose. Il s'agit de '
Keep the Faith'. Jon laisse le public chanter entièrement le premier couplet avant de chanter le refrain fédérateur. Le public est tout à la cause du groupe, et l'ambiance est électrique. la version est rallongée par un break batterie, maracas et voix très visuel et hypnotique. Jon pousse des cris suraigus dont il a le secret, puis ce refrain, encore, qui nous martèle le crâne et ne lâche plus l'assistance. La cadence s'accélère... Juste énorme. Juste le temps de reprendre son souffle, le groupe enchaine avec 'I'd
Die for You', superbe chanson et magnifique interprétation. Jon se retrouve alors seul sur la scène, guitare sèche à la main. Il joue alors des accords poignant annonçant la superbe ballade country '
Blood Money'. Sa voix est superbe sur cette chanson, et son interprétation déchirante. C'est alors que Sambora commence les accords de '
Blaze of
Glory'.
Paris se transforme alors en contrées sauvages de l'Ouest américain. Manque plus que le chapeau de cowboy et l'on s'y croirait. Deux chansons taillées sur mesure pour la scène suivent: j'ai nommé '
Lay Your Hands on Me' et '
I'll Sleep When I'm Dead'. Deux chansons superbes et qui mettent littéralement le feu au Zénith. Deux titres où le vocaliste joue avec son public, communique avec lui, le fait chanter, danser, et prendre un pied magistral. Le public est conquis, les lumières s'éteignent. Des hurlements rugissent dans la salle, et des hordes de fans hurlent "Bon-Jo-vi!" en cœur pour un rappel qui se fera en deux temps.
Le groupe revient sur scène avec un de leurs joyaux. '
Blood on
Blood'. Rien que le titre de cette chanson me donne des frissons. Si la version de l'album est grandiloquente, l'interprétation de ce soir-là est à graver d'une pierre blanche : puissante et magique. Le titre commence de façon anodine, mais c'est un break magistral situé après le splendide solo de Sambora qui fait la différence. Jon pousse son fameux '
Blood on
Blood' dans une note haute et puissante qui semble durer une éternité. Puis il commence une improvisation vocale très inspirée et technique qui finit en un cri de désespoir. Alors, Jon reprend la chanson aidé de la magnifique voix de Richie. Mythique. '
Bad Medicine', puis le fameux '
Shout' reprise de pure jouissance scénique s'ensuivent pour finirent par un deuxième rappel accueillant non moins que deux chansons 'hymne' du groupe, '
Wanted' et son intro acoustique du sieur Sambora, affublé pour l'occasion d'un chapeau de cowboy parfaitement dans le ton et '
Livin' on a Prayer' qui clôt merveilleusement cette soirée mythique. Je ressors de ce concert avec des étoiles dans les yeux, le corps épuisé et des images qui me resteront à jamais gravées dans ma mémoire. Le groupe du
New Jersey a réussi une fois de plus à rendre magiques deux heures de notre vie morne et triste. Ils ne sont pas si nombreux ces magiciens à pouvoir faire ce tour.
Chapeau bas l'artiste.
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