En 2021,
Hammerheart Records réédite "
Sexual Affective Disorder", le premier album de
Konkhra, paru en 1993. J'ai profité de cette réédition, qui contient un 2e cd avec les titres de l'EP "
Stranded" (1992) et les démos "
Malgrowth" (1991) et "
The Vicious Circle" (1990), pour me lancer dans leur discographie. Le tout a été remastérisé par Tue Madsen, qui n'est plus à présenter tant le nombre de ses collaborations est énorme. En voici quelques-unes :
Cataract,
Dark Tranquility,
Ektomorf,
Evil, HateSphere,
Heaven Shall Burn,
Kataklysm,
Moonspell,
Sirenia,
The Haunted...
Formés à Køge en 1989, les Danois initialement appelés
Vicious Circle changeront de nom pour
Konkhra, et c'est en 1990 que leur première démo, "
The Vicious Circle", voit le jour. Étonnement, le son est bon pour une démo de cette époque, la touche Tue Madsen venant donner un petit coup de polish ; cependant, cela reste proche de l'original. C'est un véritable bond en arrière, faisant redécouvrir l'univers antérieur à l'explosion du death metal.
Konkhra propose donc un thrash metal aux portes du death. Le groupe se compose de Anders Lundemark (basse, chant), Jon Clausen (batterie, chant) et Claus Vedel (guitare, chant), pour lequel on peut ressentir tout un tas d'influences, comme
Slayer,
Sepultura,
Kreator, et quelques formations crossover. Du haut de leurs 18 ans d'âge moyen cette première démo dégage une certaine violence et une qualité qui n'est pas négligeable.
La démo "
Malgrowth" sort en 1991, le death metal est en plein boom, et
Konkhra suit le courant ; ils en profitent pour recruter un bassiste : Martin Kristensen. On sent que tous les musiciens sont bien plus à l'aise. La direction est nettement plus death metal, et c'est un plaisir de retrouver l'ambiance musicale de ce courant des années 90-91. "
Black Sun" possède de très bons riffs qui font battre la mesure, enchaînant avec la furieuse "
Lustration of the
Need ", tandis que "Spread Around", beaucoup plus lente et longue (plus de 6min), apporte plus d'ambiance. Cela termine avec des airs de
Slayer avec "
Deathwish". Le niveau des compositions surpasse largement celui de la première démo ; cela fait bien longtemps que je n'avais pas passé autant d'écoutes sur une démo. Bref, une bien belle découverte du grenier!
En 1992 sort leur EP "
Stranded" via Progress
Red Labels. "Time
Will Destroy" ouvre le bal ; on note tout de suite l'évolution du groupe vers un death metal plus violent et technique. On retrouve leur patte sur le morceau suivant "Day-Break", à savoir ce thrash death groovy. "
Stranded", lui, se veut un mix des 2 premiers titres, avec beaucoup de changements de rythmiques, passant de groovy à technique suivi de déferlantes chaotiques. Il y a une foule d'idées dans cet EP : de la modernité, avec son départ presque brutal death, puis énormément de passages qui vous feront penser à tel ou tel groupe (
Deicide,
Morbid angel,
Carcass....), il y a aussi une multitude de plans qui s'enchaînent. Il y en a même peut-être trop ; d'un côté, cela donne un certain charme et de la personnalité, de l'autre certaines parties auraient mérité un meilleur traitement. Les 3 dernières chansons sont extraites de leur 2e démo, donc passons à la suite.
1993, premier opus : "
Sexual Affective Disorder" ; dès les premiers titres, je suis conquis. Je découvre cet album et, avec un grand bonheur, je m'aperçois qu'il reste des pépites de cette époque sur lesquelles je n'avais pas encore fourré mon nez. J'ai l'impression que ce méfait est passé sous les radars à sa sortie, noyé sous la tonne de groupes death metal, parmi les très attendus :
Carcass, Death,
Morbid Angel,
Entombed,
Dismember,
Morgoth,
Pestilence,
Suffocation et j'en passe...
Pourtant, il avait le potentiel pour se hisser sur le haut du panier, pas avec le gratin intouchable, c'est sûr ! Mais il aurait mérité plus d'attention. Peut-être était-il un peu trop novateur pour l'époque, avec son style Death thrash technique, groovy et saccadé.
J'adore l'influence me rappelant le "
Beneath the
Remains" de
Sepultura, quand le riff d'intro de "Seasonal Affective
Disorder" fait directement écho à
Mass Hypnosis. L'atmosphère générale et le son nous plongent dans ce que l'on avait en 1993 : un death metal grassouillet, couplé d'une ambiance de film d'horreur. Mais il y a de quoi détourner les puristes, exemple avec le titre "Visually Intact" et cette basse en intro amenant une touche de fusion et ce riff à 30s qu'on pourrait retrouver dans les premières sorties Néo metal. Sur "Evilution (
Exordium Expired)" à 1.40min nous avons un passage évoquant les débuts de
Fear Factory ou de
Meshuggah. A noter également "Lucid Dreams" et son riff d'intro très groovy typique d'un
Prong, ou de la vague de thrash très rythmique qui suivra (
Gurd, Channel Zéro..) ; autre exemple avec "
Blindfolded" sonnant presque Hardcore metal. Tout cela nous amène très vite à conclure que nous ne sommes pas sur une simple sortie death metal lambda.
Comme pour le précédent EP, il y a beaucoup d'idées, les compositions sont toutes très différentes et riches. Nous avons des influences thrash metal, on a la technique et le groove de
Coroner de temps à autre, un peu de
Slayer, du
Sepultura, enfin, mêlées à tout ça, les têtes de proue du death metal des années 90.
On aurait pu avoir un joyeux bordel ! Le tour de force de
Konkhra est que tout ce petit monde reste cohérent. On n'a jamais l'impression d'avoir changé de disque, la voix grave et les divers changements permettent de plus ou moins rester dans le monde death metal. Sa générosité lui permet d'avoir un nombre conséquent de passages sur votre platine sans que l'intérêt redescende.
Je n'ai pas de reproche à lui faire, il n'y a pas de ventre mou, 10 chansons pour 43 min, cela ne traîne pas en longueur... si..., oui, l'artwork est de très mauvais goût. Ce "
Sexual Affective Disorder" est à l'image de l'âge d'or du death metal, où de superbes opus émergeaient fréquemment. Cette réédition est excellente, le son garde son identité, il se voit juste un peu plus clair, rendant le tout un peu plus audible.
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