Konkhra, que l'on pensait tombé aux oubliettes, est bien de retour, chez
Hammerheart Records, cette fois, quelque 10 ans après "
Nothing Is Sacred". Ce faisant, le puissant label néerlandais sera de nature à leur donner une meilleure visibilité. Si l'on pouvait légitimement penser que le mastermind Anders Lundemark s'accompagnerait de nouveaux membres, tel ne sera pas le cas. En effet, le voici entouré d'anciens membres de
Konkhra, dont le bassiste Martin Kristensen (Présent au début des années 90 sur "
Stranded" (EP) et la demo "
Malgrowth"), le batteur Johnny Nielsen ("
Sexual Affective Disorder" (1993), "
Spit or Swallow" (1995) et "
Reality Check" (2003)) et le guitariste Kim Mathiesen ("
Spit or Swallow" et "
Reality Check").
La voix grave d'Anders Lundemark nous plonge instantanément au coeur d'un thrash death, à la coloration plus thrash que death metal de manière générale. Quel plaisir de retrouver leur style groovy et technique. Ce faisant, l'effet sur la voix rappelle leurs collègues de
Illdisposed, quand la production, elle, impose un vrai parfum lui donnant de la personnalité.
Le rouleau compresseur s'enclenche dès les premières notes de "
Alpha and the Omega". On alternera alors entre un titre groovy et une piste plus rapide ; on en aura un bel aperçu avec l'enchaînement de "
Babylon", "Bow to
Moloch" et "
Blood Reign". Le début de "
Babylon" me fait penser à un clin d'œil au premier
Machine Head. "Bow to
Moloch", lui, va chercher plus ce fameux "
The Gathering" de
Testament, tandis que "
Blood Reign", pour sa part, fait vibrer la corde plus hardcore metal. Le cocktail
Konkhra est alors réuni. Cela étant, on ne pourra davantage ignorer "Floodgates", la compo qui flirte le plus avec le death metal, en plus d'être sacrément bien réalisée. Elle sonne également comme la fin du premier des deux chapitres de l'opus.
Une seconde partie est entamée à l'aune de "Sandblasted Soul" et "Misled", renvoyant tous deux à l'album "
Weed Out the Weak", tout en gardant ce côté thrash death que l'on a depuis le début. Titres au sein desquels Anders Lundemark ne fait pas qu'envoyer un growl sombre et caverneux, la palette est large. Aussi
Konkhra n'est pas monolithique et multiplie les effets, comme sur "By
Instinct Be Driven". On comprend que ces morceaux, comme sur leur premier album, sont loin d'êtres linéaires ; de multiples changements de rythmes et de parties les composent. De même pour sa ligne de batterie, sa variété est folle, à l'instar de "Darkest
Millenium", où les roulements sont légion, les toms martelés tout en mixant les rythmiques thrash, hardcore et groovy. Il y a même un passage qui sonne presque comme du
Megadeth ; une chanson assez dingue, en somme. S'en dégage évidemment un opus qui ne se livre pas à la première caresse de main, il faudra le courtiser.
Si j'évoque un album en deux parties, elles n'apparaissent pas pour autant distinctes au premier coup d'œil ; disons que j'ai une sensation de davantage de liberté créative à partir de "Sandblasted Soul". Je m'explique. "
I Am Ra", qui clôture ce "
Alpha and the Omega", me fait l'effet d'un titre de face B, qui, sans être de mauvaise facture, n'a pas sa place pour fermer le marche, Cette œuvre aurait même gagné à se terminer par "Darkest
Millenium". Parlons également de la position de "
Thoth" dans la tracklist : posant une ambiance mystique, lente mais possédant des accélérations fulgurantes, je lui trouve un côté Septic
Flesh, un doom death à la
Konkhra, en quelque sorte. Aussi que fait-il là ? C'est pour moi "le" point noir de l'album, ; plutôt que de figurer en deuxième position, il aurait pu, et même dû se voir placé en fin de wagon. Un titre loin d'être un bémol, mais nuisant, de par un inadéquat positionnement, au dynamisme même de l'album.
Au final, on est sur un très bon opus de
Konkhra ; certes, la bataille dans ce sous-genre reste faible, faute de concurrence sérieuse. Etat de fait qui n'empêche nullement d'avoir là un superbe représentant du style. Je trouve qu'il dégage beaucoup de saveurs des années 90 avec toutes ses modernités que l'on a eues dans le thrash (exemple sur "Misled"). Atouts de poids qui, à mon sens, font que "
Alpha and the Omega" surpasse le reste de leur discographie.
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