Nombreux sont ceux envisageant, de manière totalement injustifiée ou non, là n'étant pas la question,
Eliminator (1983),
Afterburner (1985) et
Recycler (1990) comme une trilogie. En y réfléchissant sérieusement un instant, ce point de vue n'est pas insensé si l'on considère l'ensemble des éléments communs que partagent ces œuvres qui, exceptions faites, peut-être de la dernière se démarquant quelques peu des autres, sont bâties, plus ou moins, sur les mêmes schémas. Une théorie corroborée d'ailleurs par
Antenna qui, quant à elle, constituent une fracture évidente avec ce triptyque dont d'aucuns vénèrent tant certains épisodes qu'ils pratiquent l'incessante, et fatigante, analogie de tout produit estampillé
ZZ Top avec ceux-ci. Une spéculation concernant la césure, désormais, confirmé aussi par ce nouvel effort du trio texan, intitulé
Rhythmeen, parfaitement dans la continuité de son prédécesseur direct et donc, lui aussi, parfaitement en rupture avec les trois autres cités préalablement.
Autant dire donc que ceux qui abhorrent l'aspect gras et Blues-Boogie du groupe, lui préférant cette facette
Hard Rock plus lisse aux interventions électro plus modernes, seront ici, une fois encore, grandement déçus. Ils ne parviendront, en effet, pas à se satisfaire de ce nouvel opus où riffs épais et voix somptueusement rocailleuses siéent parfaitement les desseins de cette formation. Autant de caractéristiques qui donne tout leurs charmes aux séduisants
Rhythmeen,
Bang Bang,
What's Up with That pourvu de délicieux prémisses d'harmonica, au superbe Vincent Price Blues agrémentée de guitares si sensuelles ou, par exemple, à
She's Just Killing Me.
Pas plus d'ailleurs qu'ils ne sauraient se contenter de Zipper Job ou de My Mind is Gone et de sa mélodie clairement inspiré par le morceau Pastime
Paradise du génial Stewie Wonder (extrait de l'album Songs in the Key of
Life (1976)) qui inspira aussi le titre Gangsta's
Paradise à Coolio (titre apparu sur la Bande Originale du Film de John N. Smith (Esprits Rebelles (1995) et sur le disque éponyme du rappeur paru la même année). L'opus se clôt sur deux autres monuments dévolus à ces langueurs savoureuses aux accents évidents empruntés à ces arts aux idées noires si chers à Bo Diddley. Ces deux morceaux, Prettyhead et Hummbucking, Part 2, viennent magnifiquement conclure ce voyage dans ces contrés poussiéreuses du Sud profond.
Afin d'accompagner cette ambiance poisseuse et saturée pleine de lourdeurs enfumés, de filles faciles, de sulfureuses tentations, d'irrévérencieuses propositions et d'alcools forts frelatés, du moins c'est ainsi que l'on s'imagine l'univers créatif de ce trio,
ZZ Top a pourvu ce
Rhythmeen d'une pochette énigmatique. L'illustration aux couleurs rouille nous laisse entrevoir une réalité corrodée où une fiole étrange et crasseuse emplie d'un liquide tout aussi curieux et sale, étiquetée sommairement, est abandonnée.
Quoi qu'il en soit, la conclusion de cet article s'impose d'elle-même. Dans l'exact prolongement d'
Antenna, ce
Rhythmeen nous propose un
ZZ Top qui a certes perdu de ce génie fulgurant qu'il possédait en d'autres temps mais qui continue de nous offrir un Heavy-Boogie-Blues très satisfaisant.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire