En 2000, la durée hebdomadaire du travail en France passe à 35 heures dans les entreprises de plus de 20 salariés.
Armored Saint s'en fout (pas nous).
En 2000,
Metallica porte plainte contre Napster.
Armored Saint s'en fout (nous aussi).
En 2000, le neo metal décolle (24 millions d'exemplaires vendus du «
Hybrid Theory» de
Linkin Park), le heavy metal plonge.
Armored Saint s'en fout déjà un peu moins.
En 2000, la mode du retour-à-la-casa est lancée.
Vince Neil a fait la paix avec Mötley Crüe et Dickinson a retrouvé sa vierge préférée.
Armored Saint ne s'en fout pas. Mais alors pas du tout. Que voilà une belle occasion de ressortir les armures du placard - ça se range où une armure ? -.
Courant 1999, alors qu'
Anthrax est en hibernation, Vera propose à
Bush de venir taquiner la mélodie en studio, comme au bon vieux temps. Après un break de 8 ans, le plaisir de travailler ensemble est toujours là. Le résultat satisfait tellement les deux hommes qu'ils rameutent le reste de la bande et entrent en studio de juin à octobre 1999. Le line-up est toujours le même (nous vous avons déjà compté combien ce groupe est une véritable affaire de frères de sang). L'ambiance y est détendue - ce qui n'a pas toujours été le cas, du temps de
Raising Fear notamment - et la pression inexistante. Idéal.
Disparu depuis presque dix ans (1991), c'est finalement en mars 2000 qu'
Armored Saint revient, un peu à la surprise générale, ou plus précisément à la surprise des rares personnes intéressées par cette reformation, avec un cinquième album intitulé
Revelation. A quoi donc s'attendre ? Ben à du pur heavy metal pardi.
La pochette, sombre et intrigante, tirée d'une peinture déjà existante - mais de je ne sais pas qui, la culture et moi... - donne le ton.
Prichard parti sous d'autres cieux, c'est hélas le cas de le dire, Vera a pris la relève. Il est crédité (seul ou accompagné) sur tous les titres. Il veut l’album le plus brutal possible et bien old-school. Il assure également la production, son expérience avec Dave Jerden sur le précédent album l'ayant mis en confiance. Sur ce dernier point, le résultat est concluant.
Si une dizaine d'années sépare
Revelation de
Symbol of Salvation, la filiation entre ces deux albums est pourtant évidente. Néanmoins, là où l'impact de quasiment tous les titres de
Symbol of Salvation perdurait bien après leur écoute, l'effet est plus modeste ici. Les mélodies sont moins "catchy", les riffs moins intenses. En étant sévère, c’est un peu comme si ces nouveaux morceaux étaient pour la plupart d'entre eux issus des sessions de l'album précédent mais non retenus à l'époque. On ne s'ennuie pas pour autant. Oh que non !
Armored Saint est un groupe qui a du caractère et une personnalité unique.
Niveau tempi, les mecs savent tout autant se servir de la poignée d'accélérateur que de la pédale de frein. D'emblée, ça défouraille sévère, ("Pay Dirt", le Priestien "The
Pillar", l’entraînant "After Me the Flood"). Parfois ça ralentit ("
Damaged", au rythme lent mais écrasant), pour repartir de plus belle ("What's Your Pleasure"). Le groupe porte bien haut l'étend(h)ard d'
Armored Saint.
Les intros le font toujours ("Pay Dirt," et son riff qui voit les guitaristes se répondre, "
Tension", "Den of Thieves" et ses harmoniques artificielles à la Zaak Wylde pour une compo que l'on pourrait d'ailleurs trouver sur un album d'Ozzy), les breaks également ("After Me the Flood", "
Damaged", "Control
Issues", "No Me Digas"), les guitares sont aiguisées et écrasantes, souvent plus heavy à mon sens que sur les précédents albums ("The
Pillar", "Deep Rooted
Anger"), les soli plutôt bons ("Pay Dirt", "Creepy Feelings", qui a tout d'un classique à mon goût) et le tout est emporté par le groove indéniable du groupe. Groove qui doit beaucoup à Vera et Gonzo Sandoval, lesquels sont les pistons qui entraînent le reste de la machine ("
Tension", "
Damaged").
Comme à son habitude,
Armored Saint propose également des titres moins "évidents". L'intro acoustique d'inspiration hispanisante de "No Me Digas" est superbe. On se croirait dans un western de Sergio Leone, Clint ne doit pas être loin. Pour la première fois, sur la proposition de Gonzo,
Bush s'essaie au chant en espagnol. Avec succès. Pour autant, le titre casse un peu le rythme de l'album. Il eut probablement mieux valu le placer en dernière piste. Par exemple après un "Upon My
Departure" dont l'intro offre au groupe le plaisir de s'aventurer sur des contrées pas si éloignées du territoire sudiste.
Bush est toujours autant à son avantage. Un retour au bercail qui fait plaisir à entendre et qui explique pourquoi j'ai toujours eu des difficultés à l'écouter au sein d'
Anthrax - quand bien même il y est excellent -, sa signature vocale étant trop inextricablement liée pour moi à
Armored Saint. Une véritable alchimie.
Bush appartient à
Armored Saint. S'il y a une révélation qui s'impose, c'est bien celle-ci.
A mon sens, les titres trainent parfois un peu inutilement en longueur (huit sur douze dépassent les 5 minutes, parfois plus) et perdent ainsi en force de frappe ("After Me the Flood", "
Tension", "Den of Thieves", ou "Control
Issues", ce dernier me rappelant un peu le
Metallica de la période "Load/
Pillar"). A l'inverse, "What's Your Pleasure" - qui m'évoque lui aussi
Metallica, celui des tout débuts - n'est certainement pas le titre le plus inspiré de l'album mais arrache tout avec ses 3 minutes et son court solo astucieusement placé très tôt. J'adore ! Comme par hasard, il s'agit là d'un vieux morceau co-écrit par Jeff Prichard. Mon titre préféré avec "Creepy Feelings", qui lui aussi serait inspiré d’un riff de Dave. Qu'est-ce qu'il me manque ce type.
A la sortie du disque, le groupe embarque pour leur première (petite) tournée européenne de trois semaines. Hélas,
Bush repartira bien vite voir si l'herbe est plus verte (ou de meilleure qualité pour les adeptes de la cigarette qui fait rire) chez
Anthrax. Prochain rendez vous ? Dans dix ans, comme d'hab'.
Au final, cet album n'est pas une révélation mais bien une confirmation. Et je veux le clamer haut et fort : J'aime les Saint (pardon chérie).
Elevator : "La raza" m'a aussi un peu déçu alors je laisse du temps avant de m'y attaquer.
Marko : merci mais je ne peux pas être fait chevalier car je ne suis que l'écuyer de mon petit de 3 ans et qui lui se définit comme un chevalier fier et couageux!
Quand on écoute tension, den of thieves, creepy feelings, no me digas c'est difficile de faire mieux dans le genre heavy qui oscille entre agressivité et lourdeur avec un remarquable bush au chant. Quelques morceaux un peu longs mais malgré tout je le mets dans mon top 20 des meilleurs albums heavy metal sans doute aussi par nostalgie car c'est l'un des tous premiers albums dans le genre que j'ai acheté à l'époque. En tout cas j'invite tous ceux qui ne l'ont jamais ecouté de le découvrir il n'a pas vieilli d'un pouce et la production est monstrueuse.
La pochette, sombre et intrigante, tirée d'une peinture déjà existante - mais de je ne sais pas qui, la culture et moi... - donne le ton.
L'artwork est de Wayne Barlowe, un peintre américain qui a peint une série entièrement consacrée aux forces du mal et à l'enfer en 98. J'avais découvert le monsieur il y a quelques années, et cette peinture m'a suffisemment plu pour me servir d'avatar depuis. Je ne savais pas que c'était aussi la pochette d'un album d'Armored Saint, mais la coincidence est très cool.
Merci pour la chronique, et pour les autres sur ce groupe d'ailleurs.
Merci beaucoup pour les précisions sur l'artwork et son auteur! Je vais aller cheker ça rapidos sur le net pour observer ses autres peintures.
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