“Petit scarabée, si tu aimes ce groupe, tu devras apprendre à t'armer de patience.”
Patience, voilà bien le maitre mot de tout fan d'
Armored Saint.
C'est un peu comme avec Patrick Bruel, on se donne rendez vous tous les dix ans : «
Symbol of Salvation » en 1991, «
Revelation » en 2000, et donc ce nouvel album en 2010. Mais qu'est-ce que ça fait plaisir à chaque fois ! Parce qu'avec eux, c'est pas comme avec l'(ex) adorable Maryline, que j'ai revu la semaine dernière, et qui a pris en dix ans autant de rides sur la couenne que mes potes de bourrelets au ventre - je ne suis pas concerné, l'activité physique a fait de moi un athlète parfaitement conservé -. Non vraiment, avec
Armored Saint, c’est risque zéro, les années n’ayant aucune prise sur leur talent. Enfin, c’est ce que je me disais jusqu'à ce nouvel album. Je dois en effet admettre le cœur déchiré que ma mauvaise foi de fan aveugle n'y suffira pas...
Presque trois ans que j’écoute cet opus, sorti en mars 2010 sur
Metal Blade Records. On peut dire que j'ai pris mon temps avant de le chroniquer. Tellement déçu à la première écoute. Et puis je me suis souvenu que j'avais déjà commis l'erreur de placardiser «
Raising Fear » pendant vingt ans, convaincu par quelques rares écoutes que cela ne méritait rien de plus. Erreur. Tu te trompes une fois, ça va. Tu te trompes deux fois, t'es un con. Bref, j'ai persévéré… pour finalement me demander si je n'étais quand même pas un peu con de m’acharner ainsi tant ce disque n'éveille pas grand-chose en moi.
Plus simplement dit, vous l'avez compris, je me suis bien pris la tête avec cet album.
Fatigué du je-t'aime-moi-non-plus de Scott
Ian and co,
Bush part se ressourcer dans sa jungle, celle d’
Armored Saint. Le titre du disque, «
La Raza », désigne d’ailleurs, et au sens large, l’appartenance communautaire. John et Joey Vera décident de ne pas se mettre de pression particulière à propos de ce "comeback album". Ils passent un an à composer avant l'entrée en studio. Long. Ceci explique peut être le manque de spontanéité qui se dégage à mon sens de l’opus.
Si le début de l'album nous accueille en terrain connu et nous fait espérer du très bon, notamment via ce groove si familier, véritable marque de fabrique du groupe, et ces intros toujours soignées (“
Loose Cannon”, “
Head on” et son gros boulot des guitares en rythmique suivi d’un break bienvenu à la wah wah, “Left hook from right field”, voilà un bon refrain pour un titre un peu longuet, “Get off the fence”, le morceau le plus old school mais pas le moins réussi), la rupture intervient avec le lancinant "Chilled" qui nous entraîne dans une contrée plus heavy rock que heavy métal.
Et à partir de là, la qualité du disque baisse sérieusement avec toute une série de titres loin d’être mauvais mais qui ne décollent pas : le rock punkoïde, dont les textes ressemblent fort à un règlement de compte - mais avec qui ? - de "Little Monkey", le mid-tempo ambiance western à l’intro slidée et aux lignes de basse funky de “Black feet”, ou encore un “Blues” qui se rapproche de ce que l’on peut entendre du côté de chez Alice in Chains, l’émotion en moins (à chacun ses qualités, moi par exemple, j’excelle dans l’art de la critique mais pas dans celui de la création). Je vous épargne – ah ben non - l’ambiance maussade de “Bandit country”, qui génère en moi un feeling négatif, je ne sais pas pourquoi, et qui clôt l’album sur une note trop sombre.
Ayant grandi dans un quartier populaire majoritairement hispanique de
Los Angeles, les boys ont souvent marqué leurs disques de cette empreinte latino (“No me digas” sur «
Revelation », “Tribal dance” sur «
Symbol of Salvation »). Rebelote et dix de der ici avec le titre - aux paroles très écolo - qui donne son nom à l’album (« The race to find space to breathe is harder now.
Human race you make grieve for the things that you do »). “
La Raza” souffle le chaud et le froid aux sons de la thérémine (je vais pas frimer, je savais pas que ça existait mais c'est écrit dans le livret, même que c’est Steve Zukowsky qui en joue), d’une basse Santanesque et de congas, avec au beau milieu du titre une espèce de jam improbable qui débouche, heureusement, sur un énorme solo, le plus réussi de l'opus à mon goût avec celui dans un genre plus en retenue de "Chilled".
Le constat ? … Sévère.
Pas un seul hymne, pas de mélodies véritablement imparables, pas de refrains-qui-tuent.
Bush a déclaré lors d’une interview que ce disque aurait pu sortir à la fin des années 70 tant son approche lui fait penser à des albums comme «
Obsession » de
UFO ou «
Sin After
Sin » de
Judas Priest. Mouais, j’ai pas bien compris là. En fait, si je me passe seulement un ou deux titres de l’album, je me fais sérieusement plaisir. En revanche, l’écoute intégrale du disque me plonge dans les bras de Morphée. Et comme je ronfle FORT, ma femme a collé le disque sur la liste des interdits-en-sa-présence (allez y, « Trouvez vous cette chronique utile ? NON », c’est en bas à gauche).
La production de Joey Vera, assisté par Bryan Carlstrom, déjà derrière les manettes pour «
Symbol of Salvation (1991) », est solide. Néanmoins, je trouve le son des guitares trop “étouffé”, manquant d’un peu de tranchant, en particulier lors des soli (au hasard, tendez l’oreille sur celui de “
Head on”). J’ai pourtant lu ici et là nombreuses chroniques sur ce disque qui mettent toutes en avant la qualité de la production. Mouais, encore un point de désaccord. Il en est de même pour la qualité des soli. Véritable point fort du groupe depuis toujours, j’ai été sérieusement déçu ici, exceptions faites de ceux de "Chilled" à la superbe ligne mélodique déclinée lentement, et les plus heavy "
La Raza” et “Get off the fence” (même si, je me répète, le son ne percute pas suffisamment sur ces deux derniers soli).
Pour autant, je ne regrette pas l’achat de ce disque. Et vous savez pourquoi ? Because The
Voice (je ne parle pas des zombies de TF1). A moins que je n'écrive une grosse bêtise, une de plus, il me semble bien que depuis « The Greater Of
Two Evils » (2004), nous n'avions plus entendu John
Bush sur un nouvel album. Ces six années n'ont pas altéré le talent du bonhomme qui possède toujours cette "patte" si caractéristique, reconnaissable entre mille dès qu’il ouvre la … bush (on a dit « Trouvez vous cette chronique utile ? NON », c’est en bas à gauche). Un régal tout de long et carrément l’orgasme sur “Left hook from right field”.
Au final, si, comme moi, vous espériez un assaut métallique frontal tout de long, vous serez déçus. En revanche, si vous espériez un album davantage (heavy) rock, vous serez plus enthousiastes. Mais bon, dans ce cas, pourquoi avoir acheté un album des Saint ? Donc cette seconde option ne tient pas la route, et vous serez forcément déçus. Comme moi. "
Dis donc mon gars, faut évoluer un peu dans la vie". Je sais bien, mais pas là non (est-ce que je dois vous redire où se situe « Trouvez vous cette chronique utile » ?).
Entendons nous bien - je dis ça parce qu’avec les acouphènes que se traînent certains membres de SOM -, ce disque, ce n'est pas la cata, pas non plus la razia, juste
La Raza. A réserver donc à ceux qui ne seraient pas encore raZasiés (mais bon sang, vous allez appuyer sur « NON » !).
PS : notons que le tout est présenté dans un packaging que l’on peut ne pas trouver à son goût mais qui est particulièrement soigné.
Re PS : en tant que fan absolu du groupe, je demanderai immédiatement en mariage celui qui saura trouver les mots pour me faire apprécier cet opus.
… Tiens le compteur de « NON » vient d’exploser.
Tu n'as pas avancé assez d'arguments pour que je te demande en mariage mais on peut commencer par le Pacs. Ce disque prouve que n'est pas Loudness qui veut héhé.
Moins puissant mais plus varié que revelation c'est vrai qu'à la première écoute la raza m'a semblé un peu quelconque mais par la suite je lui ai trouvé pas mal de qualité avec des morceaux assez catchy finalement. 12 sur 20 c'est sévère moi j'aurai mis un bon 14 à cet opus.
« La raza » est une déception à la hauteur de l’enivrement que j’avais éprouvé à l’écoute de « Revelation ».
Le punch phénoménal de ce dernier s’est en effet complètement estompé et les titres rapides et massifs au groove imparable manquent ici cruellement.
Alors qu’étant donné son titre on aurait pu penser qu’Armored Saint allait puiser dans les racines hispaniques du quartier de son enfance à Los Angeles pour présenter un riche métissage de son heavy metal traditionnel, il n’en est finalement rien.
Assez pauvre, souvent sinueux et sans véritable relief si ce n’est l’excellent « Left hook from a right field » et dans une moindre mesure « Little monkey » , « La raza » trop lisse et édulcoré ne décolle jamais vraiment et comme sa pochette étonnamment immaculée manque au final étonnamment de saveur.
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