La semaine dernière, j'ai failli gagner à l'Euro Millions. A 5 numéros et 2 étoiles prêts...
Comme quoi la destinée ne tient parfois pas à grand chose. Pour
Armored Saint, j'ai un peu le même feeling. A la fois si loin et si proche de devenir énorme. Malgré des albums de qualité, il a sans cesse manqué au groupe le coup de pouce du destin. Ou de la chance, appelez ça comme vous voulez. La faute peut être aussi un léger manque de lucidité.
Ainsi, à la fin de l'année 1985, le groupe y croit dur comme fer. Environ un an après un «
March of the Saint » plus que prometteur, les américains repartent en croisade avec la parution de «
Delirious Nomad », toujours sur la major
Chrysalis. Notons toutefois que l'album mettra quelques mois à nous parvenir depuis la côte ouest des USA pour n'arriver en France que vers la fin du mois de mars 1986. L'ambition avouée du groupe est désormais de conquérir de plus larges territoires : "We want to go down in history" clament-ils, eux qui veulent devenir aussi célèbre que
Led Zeppelin (
Hard Rock Magazine,
Novembre 1986). Ben voyons. Nos chevalier préférés se prendraient-ils parfois un peu trop au sérieux ?
Pour ce deuxième album, ils ont décidé ... de ne pas trop se décider.
Ils hésitent entre poursuivre sur la lancée du premier effort - un heavy trés typé NWOBHM - et s'ouvrir à de nouvelles sonorités. Il faut dire qu'ils sont encore bien jeunes, la petite vingtaine en moyenne, et qu'ils semblent se chercher un peu (« je mets l'armure rouge sang ce matin ou la noire métal? »).
Pourtant, dés que l'on aperçoit la pochette, on se dit quand même que quelque chose a changé. Une sorte de mix new wave/punk aux couleurs orangées. Plutôt surprenant. Difficile de percevoir là un-putain-d'album-de-heavy-metal-qui-va-vous-trouer-le-séant!
Halford châteaux forts, motos ou épées, place à un "concept" plus complexe. L'espèce humaine est menacée, les survivants sont des nomades devenus fous et sauvages - d'où le titre de l'album auquel il est fait référence sur le morceau "Nervous man" -, à la recherche d'un abris et de nourriture. Les Saints abandonnent également leurs tenues en armure sur scène - trop lourdes? -.
Au verso de la pochette, apparaissent 4 musiciens légèrement floutés. Seulement 4? Et oui, Phil Sandoval est absent.
Ejecté lors de l'enregistrement, les autres membres lui reprochant une tendance exagérée à se pencher sur les saveurs alcoolisées, il est remercié d'un "special special thanks, founding member".
Plus surprenant encore, les membres du groupe ne sont même pas crédités. Quand on pense que le management était assuré par Q Prime, c'est à se demander si tout n'était pas fait pour ne justement pas faire d'ombre au combo montant de l'écurie, un certain
Metallica. Parano? Moi? Peut être. Avouez quand même que pour de tels pros du business, voilà une manière étonnante de vendre ses poulains. Et ne comptez pas sur la pochette intérieure pour en apprendre plus, elle est d'un blanc immaculé.
Au niveau du contenu musical, nous tenons là un album avec des hauts et débats.
Des hauts parce que l'album plane toujours très au dessus de la mêlée.
Débat sur la perte de l'énergie brute du premier opus. L'album est en effet moins rentre-dedans, aucun doute là dessus. De même, les intros et refrains ne sont, dans l'ensemble, plus aussi marquants.
Débat sur la volonté du groupe de proposer un matériel moins direct ("
Over the Edge", très groovy, avec un chant et un break tout en retenu et un jeu de batterie excellent, "For the Sake of Heaviness", avec sa montée en pression, son atmosphère angoissante et un magnifique chorus de guitare, "In the
Hole").
Autre sujet à débat, le son de l'album. Frustrés par le rendu final de la production de l'opus précédent, les membres du groupe veulent un son massif et puissant. Ils enregistrent aux studios Can-Am de Tarzana en Californie en compagnie du vétéran Max Norman (
Loudness,
Savatage, Ozzy). Ils sont convaincus d'avoir enfin pu capturer sur disque leur son live. De nombreux fans ne partageront pas ce point de vue. A mon sens, beaucoup de bruit pour rien. Ni pire ni meilleur que celui du précédent, le son est, encore aujourd'hui, tout à fait correct.
Pour autant, l'auditeur n'est pas en territoire inconnu. La plupart des titres sont construits autour de superbes riffs ("The laugh", "Nervous man", "In the hole", "
Conqueror"), l'énergie est bien présente (l'Acceptien "
Long Before I Die", le rageur "
Conqueror", l'épique "The aftermath", ou "Released" avec une basse omniprésente et un feeling très rock 'n roll branché sur du high voltage), et les breaks toujours forts bien pensés.
A ce titre, "The
Aftermath" est un sommet dans la carrière du band. Une intro digne du plus grand
Judas Priest, suivie d'un break en arpèges à la guitare sèche accompagné par le chant émotionnel de
Bush qui prend quelques légères teintes Halfordiennes - j'ai dit légères -, puis le titre s'emballe sans dépasser toutefois les limitations de vitesse et se conclue par une perle de solo.
En outre, ce qui est bien avec
Armored Saint, c'est que même sur le titres moins inspirés, il y a quelque chose à se mettre sous la dent. Ainsi, le solo de "The laugh" est à se taper les coui--es par terre et le saignant "In The
Hole" propose un break illuminé par l'harmonie de guitare et un final qui emporte tout.
Plus hargneux qu'un pitbull qui te chope à la gorge,
Bush balance un chant rageur, affirmé et puissant et que l'on sent de mieux en mieux maitrisé. Pour autant, c'est Dave Prichard qui éclabousse l'opus de tout son talent au point de largement voler la vedette à
Bush. Tous les soli, sans exception, sont gorgés de mélodies et de feeling - celui de "
Long Before I Die" est une merveille -. Il demeure à mon sens le guitariste le plus sous estimé du (heavy) métal. La grosse claque!
"We want to go down in history". Sévère désillusion. Au niveau des ventes, si «
March of the Saint » avait fait un petit boum (autour de 100000 ventes), «
Delirious Nomad » fera un gros pschittttttttt. Il n'en reste pas moins un superbe album qui s'illumine un peu plus à chaque nouvelle écoute.
Putain, et dire que moi aussi j'étais à deux doigts de devenir multi millionnaire...
Après l’écoute de « Delirious nomad » on serait tenté de dire à ce jeune élève prometteur : bon travail mais peut largement mieux faire.
S’appuyant sur un chanteur de très gros calibre au style musclé et explosif, Armored Saint délivre en effet ici un heavy metal carré, efficace et puissant qui ne s’encombre pas de fioritures, va droit à l’essentiel mais qui demeure parfois trop étriqué et répétitif.
Très homogène et dense, « Delirious nomad » souffre d’une production faiblarde, d’un manque de relief et d’un ou deux grands titres fédérateurs capables de booster l’ensemble afin de lui faire accéder à la catégorie supérieure.
Néanmoins sa qualité globale et l’indéfectible engagement de ses musiciens font toujours passer un très bon moment.
More MF : https://lediscoursdharnois.blogspot.com/2021/06/delirious-nomad-armored-saint.html
Excellent album de Heavy Metal, venant confirmer les débuts prometteurs pour Armored Saint.
17/20
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