Fort de vingt et une années d'existence,
Dying Fetus est devenu une icône dans le milieu du Death Grind. Un titre plus que mérité quand on voit l'incroyable évolution et innovation qu'à su apporter le groupe tout au long de sa carrière. Ayant toujours fait preuve de technique, il a toutefois au fil des années abandonné sa production crade et son côté poussé du Grind au profit d'une production plus lisse et d'une musique parfaitement partagée entre du Death
Metal, du Grindcore et du Hardcore, ainsi que d'une technicité de plus en plus flagrante et précise.
Ainsi, en cette année
2012,
Dying Fetus revient, trois ans après l'excellent
Descend into Depravity avec cette pépite qu'est
Reign Supreme.
Reign Supreme... un titre ô combien choisi à la perfection, car ce que
Dying Fetus nous offre en guise de septième album est tout simplement un tyran immortel, un char d'assaut broyant les moindres crânes qui oseraient se tenir face à lui.
Il a été enregistré aux Wrightway Studios, où l'ont également été
Descend into Depravity et trois albums de
Misery Index. La pochette, encore signée par le grand
Orion Landau, nous arrache la rétine de son rouge sanglant, révélant une montagne d'ossements sur laquelle règne un squelette aux cheveux longs et filandreux, vêtu d'une toge sombre que j'aimerais appeler la
Mort.
Visuellement déjà,
Dying Fetus nous offre un aperçu extrêmement convaincant : direct, attractif, violent et ultra détaillé.
Et il est parfaitement à l'image du contenu !
Dès la première track qu'est « Invert The
Idols »,
Dying Fetus pose les bases de l'album, ouvrant sur du sweeping de guitare et de basse, avant d'enchaîner rapidement sur des riffs ultra prenants qui vous donneront automatiquement l'envie de vous briser la nuque. Le groupe ne manque pas non plus de nous asséner quelques breakdowns ultra efficaces, le tout assuré par une batterie ultra carrée.
Aussitôt on enchaîne avec « Subjecting To a Beating », assurant une introduction plus lente, suivant un rythme très entraînant, avant de se relancer à nouveau dans un champ de bataille avec une batterie digne des pires mitrailleuses et de riffs de guitares ultra rapides et précis. On appréciera encore fortement ce terrible tapping vers la quatrième minute parfaitement maîtrisé aussi bien par la guitare que la basse et ces interminables mais hallucinantes techniques de sweeping.
S'en suit alors « Second
Skin », aux nombreux breaks qui nous permettent alors de savourer intensément l'incroyable jeu de batterie de Trey Williams, qui fait preuve d'une vitesse impressionnante alliée à une grande variété dans son jeu, matraquant sa caisse claire et pulvérisant sa double pédale, le tout couronné de ces cymbales crash et de cette terrible ride. Alternant les passages plutôt lents et supersoniques, le groupe fait preuve d'une énorme capacité technique et d'une coordination parfaite que l'on retrouve aussi bien sur album qu'en live.
« From Womb To Waste », sûrement ce que je considère comme le meilleur morceau de l'album, et peut-être même tout simplement du groupe. Terriblement oppressant par sa musique, le sujet abordé l'est tout autant : le viol, l'avortement et toutes les conséquences sociales qui les entourent. Une véritable oppression parfaitement retranscrite à travers des riffs balayant tout sur leur passage tels des cyclones, de sublimes passages de sweeping et des breaks qui vous feront briser vos quatre murs.
Plus qu'un morceau parfait, « From Womb To Waste » (pour renouveler l'éternel For The Cradle To The Grave) est un monument à mes yeux, une piste dont on ne se lassera jamais qui, au delà d'être une tuerie musicale, est une véritable source de réflexion.
«
Dissidence » prend ensuite le relai, nous offrant quelques trois minutes de mandales intensives. Ultra efficace, il est la transition parfaite pour les titans que sont « In The
Trenches » et « Devout
Atrocity »
Ce premier, au delà de riffs encore une fois très accrocheurs, nous montre encore l'excellente alliance des voix de John Gallagher, plutôt profonde et typique du
Brutal Death, et de Sean Beasley, plutôt éraillée et proche du Grindcore, qui tâchent à juste titre de se relayer différents passages, apportant encore une originalité extrêmement efficace.
Mention spéciale au breakdown vers les 2 minutes 30, aux riffs acérés soutenus par une batterie tout simplement dévastatrice.
« Devout
Atrocity » s'ouvre sur des harmoniques et toujours de belles performances de swipping. Le morceau relève encore les sommets avec des passages qui vous massacreront la nuque. Encore une fois un terrible breakdown dans la première minute où Trey Williams s'en donne à cœur joie pour nous faire part de l'incroyable maîtrise de son instrument. « Devout
Atrocity » est pour moi le morceau qui nous permet le plus de savourer le son de la basse qui, malheureusement, me paraît trop en retrait et nécessite de la concentration pour bien la discerner. Malgré cela reste un très bon morceau, laissant place aux harmoniques qui ne peuvent être que les bienvenues.
De même, « Revisionist
Past » s'ouvre sur la guitare seule de John, nous assénant comme par plaisir un petit solo avant de se lancer complètement dans le blast supersonique et dans les classiques séances de tapping que seul
Dying Fetus sait nous offrir. Un solo au milieu du morceau se trouve très appréciable, car légèrement détaché de ce sweeping (classique) que le groupe nous a offert tout le long de l'album.
Enfin, « The
Blood of
Power » constitue la dernière piste de ce bulldozer avec ces presque 5 minutes 30. A l'instar de « Revisionist
Past », le morceau est composé de quelques solos assez détachés du reste. Autant dire finalement que cette fin d'album ouvre une voie un peu plus mélodique mais bien évidemment sans laisser tomber cette brutalité qui nous aura éclaté les tympans tout au long de cette bataille. Et celle-ci s'achève sur un fondu.
Pour ceux qui ont acheté la version deluxe, je n'ai pas grand chose à dire sur ce «
Dead Whores Love To Fuck », qui semble plus avoir été composé pour la « déconnade » que pour l'album en lui-même.
Pour conclure, vous aurez sûrement remarqué mon insistance sur les mots tels « incroyable », « terrible », « ultra -prenant, efficace, accrocheur ». Et bien c'est tout simplement ce qui m'est venu à l'esprit, même après avoir écouté cette tuerie des dizaines de fois.
Dying Fetus a accouché ici, c'est le cas de le dire, de son album le plus complexe, alliant une brutalité puisée dans le métissage du Death, du Grind et du Hardcore et une technicité encore peu égalée par de nombreux groupes qui se prétendent « Technical Death ».
Dying Fetus fait partie de ces groupes que n'importe quel amateur de metal extrême a l'obligation d'écouter ne serait-ce qu'au moins une fois. Car au-delà de nous proposer une musique qui frôle la perfection dans la virtuosité, il fait preuve d'un talent d'écriture qui ne concerne qu'assez peu de groupes, ne nous voilons pas la face.
Longue vie au Fétus Mourant !!
En commande ! L’album supreme ???
A mes yeux oui, mais ce n'est pas l'avis de tout le monde. Si tu cherches un album de death technique, brutal et core, ça réuni ces trois genres à la perfection. Un véritable passage à tabac, encore aujourd'hui.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire