Depuis plus de 15 années qu'il est seul à la barre de
Dying Fetus, John Gallagher n'a certes jamais caché ses intentions. Si on met de côté le cas un peu particulier de
Stop at Nothing, tentative sans lendemain, on constate une évolution régulière depuis
Destroy the Opposition. Comme il le dit toujours en interview, ce qu'il veut, c'est faire quelque chose de plus technique, de plus moderne, de plus intense. Et évidemment, comme le garçon est tout sauf manchot, c'est très exactement ce qu'il fait. A vrai dire, je pourrais pour cet album reprendre la chronique de
War of Attrition et répéter les mêmes choses, en rajoutant un "encore plus" derrière chaque adjectif.
Descend into Depravity est effectivement encore plus technique et encore plus maîtrisé que le précédent. Et à vrai dire, encore moins original. Pour autant il est impossible de prétendre que c'est un mauvais album. Encore une fois, pour le fan, c'est une tuerie de plus de la bande à Gallagher. S'il ne commence pas par un brûlot cette fois-ci, il déroule huit titres d'un Death
Metal brutal, technique et varié comme peu de groupes peuvent en offrir avec tant de classe. Le premier titre démarre sur les chapeaux de roue, jusqu'à un final mid tempo avec encore une fois le chant quasiment rap de Gallagher. On note d'ailleurs que sans doute conscient des faiblesses de Sean Baisley, le guitariste-chanteur a décidé de reprendre en main une bonne partie des lignes de chant, doublant même parfois celles du bassiste pour un effet toujours du meilleur goût (rappelez-vous les premiers
Deicide). Dès Sheperd's
Commandment, on est édifiés :
Dying Fetus va encore plus vite,
Dying Fetus joue encore plus fort, et
Dying Fetus n'hésite pas une seule seconde à nous balancer des leads de guitare ultra speedés et mélodiques, avant de nous écraser sous un riff made in Caterpillar, avec plein de breaks en tous genres par-ci par-là. Disons-le tout net, en terme de composition, on peut difficilement faire mieux, les riffs s'enchaînant à merveille sur des séquences courtes et puissantes, qu'elles soient rapides ou lentes.
On ne s'ennuie pas, mais tout se déroule assez gentiment pour l'habitué, avec parfois quelques curiosités, comme l'intro quasiment jazz envoyée à toute volée au début de Conceived into Enslavement, ou les ralentissements décidément très lourds - dans le bon sens du terme - à la fin de
Hopeless Insurrection ou au début et à la fin d'Atrocious by Nature. On se demande même si
Dying Fetus n'aurait pas beaucoup écouté les deux derniers
Suffocation. Il faut dire que dans la quête du "toujours plus" du groupe, on remarque que si les parties rapides sont encore plus rapides, les parties lentes sont plus fréquentes qu'avant, et souvent plus pesantes, moins Hardcore.
Et puis c'est enfin le vieux
Dying Fetus qui refait surface avec la chanson-titre, enchaînement frénétique de riffs très rapides et mélodiques avec des parties lentes ou mid tempos, gavées d'arrangements en sweeping, pour éclater tout sur son passage avec une mosh part monumentale, Gallagher éructant de plus belle pendant que le reste du groupe brise des nuques à la chaîne avec ses rythmiques en béton armé.
Plus simple et plus direct, ce titre est assurément le tube de l'album. Celui-ci continue d'ailleurs jusqu'à la fin sur cette note plus surprenante, entre la structure plus originale et quasiment
Suffocation d'At What Expense, et un
Ethos of
Coercion qui clôt l'album sur une envolée de guitare furieusement inspirée par l'Azagtoth des bons jours (celui de
Morbid Angel, pas celui qui au centre de l'univers blablabla...).
... et pourtant. Et pourtant,
Descend into Depravity, s'il constitue une solide démonstration de maîtrise dans la droite lignée des précédents, a reçu un accueil un peu particulier. Ceux qui avaient particulièrement aimé
War of Attrition pour son mélange d'ancien et de nouveau seront peut-être déçus par celui-ci. Au contraire, les fans les plus modernes de
Dying Fetus, ceux-là même qui avaient apprécié
Stop at Nothing et qui ne jurent que par
Destroy the Opposition, semblent tout ce qu'il y a de plus satisfaits de
Descend into Depravity. Qu'en penser ? De toute façon le groupe ne trahit personne, livrant un opus comme il en a le secret, bien apprêté, mais malheureusement un peu fade, comme une redite boostée de
War of Attrition, mais dont le soufflet retomberait plus vite. Personnellement je reste sur le précédent et j'espère que leur prochaine oeuvre nous surprendra un peu plus, nous prendra plus au bide en nous offrant ce qui désormais manque sévèrement au groupe : une étincelle de folie.
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