Le destin de
Queensrÿche est un beau bordel, c'est peu de le dire.
Geoff Tate, l'icône, le leader, le symbole du groupe, n'est plus là, renversé par son équipage, jeté à la mer avec ses idées douteuses symbolisées par l'atroce
Operation Mindcrime 2 et par la tournure musicale de moins en moins heavy qu'il donnait au groupe.
Si l'ancien héros continue sa route seul, en sortant notamment un album qui tente de donner le change en renouant avec du "vrai" metal mais qui n'est malheureusement rien moins que médiocre, ses ex-collègues en font de même.
Exit Geoff Tate, welcome Todd La Torre,impressionnant vocaliste spécialiste du remplacement de géants car il n'était rien d'autre que le successeur de l'extraordinaire Midnight au sein de
Crimson Glory.
Et c'est peu dire que la tâche n'est pas plus aisée ici. Car si Tate n'était ces dernières années que l'ombre de lui-même (la faute à l'âge mais surtout à une absence totale d'entretien de sa voix), il n'empêche qu'il était à l'époque l'un des plus grands chanteurs que le monde du metal aie connu. Que ce soit dans les incroyables notes hautes qu'il atteignait sur
Queen of the Reich ou sur l'émotion prégnante qui faisait briller des joyaux comme
Operation Mindcrime et
Empire, Tate a fait de
Queensrÿche le groupe majeur qu'il est.
Mais La Torre, si il n'arrive évidemment pas à concurrencer les belles années (intouchables) de son prédécesseur, a tout simplement bluffé son monde ces derniers mois en
Live, et le Rÿche est redevenu, sans son charismatique frontman, une référence scénique.
Les attentes sont donc grandes autour de ce nouveau
Queensrÿche, qu'on sera tentés de considérer comme le "vrai" groupe, et autour de cet album éponyme - symbole s'il en est!
Le résultat souffle, comme on s'y attendait, le chaud et le froid.
Queensrÿche renoue ici, c'est une certitude, avec le style qui a fait ses succès : un heavy metal racé, rempli de mélodies, souvent mid-tempo, à l'image des 3 morceaux d'ouverture. Spore, tout particulièrement, retient l'oreille : couplets hachés, refrain aérien sur lequel on pense vaguement au somptueux No Sanctuary sur
The Warning - une franche réussite.
Le groupe semble prendre un plaisir réel à revenir à ses plus belles années ; ainsi Into This Light, autre très bon morceau, aurait pu être un des nombreux tubes d'
Empire, de même que Don't Look Back n'aurait pas déparé sur
Operation Mindcrime - et voit enfin La Torre mis en valeur par Jackson et Rockenfield (principaux compositeurs) avec quelques notes bien senties.
Parlons d'ailleurs du nouveau venu ; si il est évident que le reste du groupe n'a plus grand chose à prouver (les soli sont d'ailleurs de très bonne facture, malgré l'absence de Chris DeGarmo), La Torre est pour beaucoup (du moins pour ceux qui ne l'ont pas vu en
Live) un inconnu. Et si le mimétisme entre lui et Tate est assez impressionnant, il est évident qu'il n'en a pas la subtilité et l'émotion (et de loin), ni la palette vocale très vaste.
On aurait donc pu s'attendre à des morceaux pêchus, puissants et taillés pour que Todd mette en avant son organe, un peu à la
Queen of the Reich ou The Needle
Lies. Rien de tout ça.
L'album débute sur un mid-tempo sombre et assez peu efficace, Where Dreams Go To
Die, qui ne demeurera pas un classique du
Queensrÿche 2.0 et s'avère même parfois vocalement gênant de par un certain abus d'effets (un symptôme récurrent, mais globalement réussi), et par la suite ne voit La Torre prendre son envol que sur quelques passages de
Redemption (premier single étrangement vite oublié, la faute à un refrain moyen) et Don't Look Back... Trop peu ?
Pas forcément. Car le groupe épate ici par sa capacité à créer des refrains mémorables sans jamais tomber dans la facilité, et si aucun morceau ne se dégage comme futur classique, quelques uns restent de vrais beaux moments (Into This Light, Don't Look Back et surtout l'excellent Spore), le tout formant un ensemble particulièrement aisé à écouter d'un bout à l'autre (la relative courte durée de l'album aidant).
Queensrÿche est donc en convalescence, mais semble retrouver petit à petit ses sensations et ses marques, un peu comme un grave accidenté aurait besoin de réapprendre les bases de la vie quotidienne. Le cataclysme Tate est derrière, et le ciel semble bien plus bleu à l'avenir, pour peu que La Torre se révèle être plus qu'un clone vocal au rabais de
Geoff Tate et que Rockenfield et Jackson, fondateurs du groupe et désormais capitaines du navire, s'avèrent capables de lui faire retrouver sa grandeur d'antan.
En attendant une merveille comme
Operation Mindcrime?
Seul le temps le dira...
Album largement sous estimé, rythmiques béton , mélodies, guitares agressives ou plus aérienne, tout le savoir-faire de Q...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire