NINE INCH NAILS -
Pretty Hate Machine
Pretty Hate Machine est le premier rejeton de
Nine Inch Nails, le groupe de Trent Reznor. Groupe est un bien grand mot lorsqu’il s’agit d’évoquer
Nine Inch Nails puisque Trent Reznor ne s’entoure de musiciens pratiquement que pour tourner. Trent Reznor est
Nine Inch Nails.
Reznor a affirmé une fois que ce nom lui était venu un peu par hasard. Il cherchait un nom qui sonne bien et puis voilà un jour c’est venu et il a décidé que c’était le bon. Histoire de couper court aux rumeurs qui prêtaient une symbolique SM ou autre au sobriquet, symbolique il est vrai dont Reznor jouera assez, voire même abusera, par la suite de sa carrière.
J’aime toujours rire des considérations ‘européennes’ que l’on veut bien donner à certains groupes américains. En effet, sous couvert que ledit groupe soit relativement méconnu en Europe, il est assimilé à une scène underground et c’est souvent sans compter sur les millions de disques déjà vendus outre-Atlantique. Sans vouloir faire du name-dropping, les exemples sont légion,
Pearl Jam, Cypress Hill ou Beastie Boys sont parmi ceux qui me viennent à l’esprit.
Il est aussi de mise de dire que ce premier album de
Nine Inch Nails est une des pierres fondatrices de la musique industrielle (
Nails 2 si on suit la légende, le
Nails 1 étant le Single
Down in It). Ah ? Première nouvelle. Certes on utilise des machines (entendez : il n’y a pas que des instruments traditionnels – guitare – basse – batterie) couplées à des guitares électriques saturées… certes le monsieur a les cheveux (mi-)longs et est habitué comme un Village People (vous savez celui en cuir), certes les thèmes des chansons sont ‘metal’ (amours ratées, dépression, sexe…) mais alors, me direz-vous d’où qu’il tortille le vastAire à faire sa mijaurée et à nous basSiner que c’est pas de l’Indus.
Chers frères et sœurs,
Pretty Hate Machine, c’est de la pop. Ah bien sûr, pas de la pop acidulée à la Roxette ou la A-Ah (je sors les références de l’époque, hein), pas le truc imbuvable qu’on fredonne malgré soi pour l’oublier deux mois après. De la bonne pop avec ses titres catchy, ses mélodies imparables, ses hits, ses tubes faits et conçus pour vous faire bouger le popotin sur les dancefloors. Quand en France les trentenaires nostalgiques s’éclatent sur le parquet (je francise) sur L’Aventurier d’Indochine ou Tombé pour la France de Daho, nos amis américains eux s’éclatent sur Girls des Beastie Boys et
Head Like a Hole de
Nine Inch Nails.
Vous avouerez que pour la crédibilité ‘metal’, le ‘loner’ aux cheveux longs et aux idées torturées, image qu’il a fort bien su cultiver par la suite, ça le fait moyen. Vendre des millions d’albums dès son premier opus ou voir ses ‘Singles’ (rien que le mot…) dans la catégorie Dance Music, tout ça ne fait pas très underground…
Pourtant voyez-vous, malgré toutes ces objections, ces petits détails que je vous donne maintenant, c’est un album qui a une place toute particulière pour moi. Cette ‘pop’ vaut son pesant d’or et sous le vernis des tracks très eighties dans leur production, il y a de véritables gemmes de musicalité et d’émotions.
Si on fait abstraction des ‘
Down in It’ et ‘
Head Like a Hole’, il y a déjà, presque cachées, les prémisses de ce qui fera la patte Reznor, des chansons d’une noirceur et d’un désespoir accablants comme dans les plus ‘calmes’ ‘Something I can never have’ ou ‘Sanctified’.
Pour ceux qui découvriront l’album aujourd’hui, qu’ils connaissent
Nine Inch Nails sur des opus plus récents ou tout simplement qu’ils n’en aient jamais entendu parler, le premier obstacle est de taille. Il vous faudra apprivoiser ce son très eighties qui pourra en rebuter plus d’un, marque de fabrique d’une génération (Eurythmics, New Order, Erasure, etc…). Ce son est l’œuvre de Reznor certes, mais également de Flood, Vrenna, Sherwood, sortes de gurus de la musique ‘industrielle’ / ‘électro’ que l’on retrouve notamment à la production de New Order,
Ministry, U2 ou The
Smashing Pumpkins.
Aujourd’hui
Pretty Hate Machine semble bien seul dans l’œuvre de Reznor dont le reste de la discographie irait presque jusqu’à désavouer son géniteur.
Il reste des constantes dans ce bas monde. A un moment donné un fils doit toujours détester son père pour pouvoir le surpasser. Quand on connait
Broken ou
The Downward Spiral qui suivirent, on se dit que Reznor a plus que haï son premier album.
Alors bien sûr, il est de première importance, car sa légitimité vis-à-vis du monde du metal marque quand même l'avènement d'une ère ou le mélange des genres du type metal-électro-pop, tabou dans les années 80, devient envisageable.
Après, personnellement, un jugement assez mitigé sur le disque.
Et puis bon, 89, metal indus, culte = Ministry et son Mind Is A Terrible Thing To taste.
Hein, quoi.
Belle leçon d'histoire et chronique fort intérressante en tout cas.
A voir quand même.
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