Le retour aux sources est une manière de faire le désaveu de son propre manque d’inspiration…
Le retour aux sources est la façon la plus concrète de retrouver sa personnalité suite à des pérégrinations en terres expérimentales parfois malvenues….
Deux points de vue, une antithèse, une objection, des milliers de points de vue.
Autant raillé qu’adoré, le fameux retour à des origines parfois bafouées, quelquefois simplement perdues ou volontairement écartées pour évoluer, il est un exercice stylistique risqué qui ne peut, bien souvent, se juger que dans la vision globale de tout une œuvre. Il implique une connaissance de la source, une exploration de l’incartade ainsi que la légitimité du fameux retour…
Et il fut dit qu’en cette fin d’été 2010,
Dagoba revenait…
Après avoir été le nouveau chantre de la musique extrême française, à juste titre,
Dagoba avait perdu de son éclat à la sortie d’un controversé "
Face the Colossus" qui avait vu nombre de masses démissionnés en masse de leur poste. Si "
What Hell Is About" avait marqué pour sa force de frappe impressionnante (notamment celle de Franky Costanza), le chant si caractéristique de Shawter ainsi que les ambiances industrielles glaciales plaquées sur les riffs en béton armé des marseillais, "
Face the Colossus" avait tenté une approche atmosphérique courageuse et musicale. Toujours produit par le génial Tue Madsen, l’album bénéficiait d’une production à la densité ahurissante et, malgré parfois quelques écarts à la niaiserie dérangeante,
Dagoba réussissait le pari de l’évolution avec brio.
Mais les fans ne l’entendirent pas de cette oreille…et
Dagoba avait l’oreille bien tendu…le retour en arrière était, selon eux, inéluctable…
"
Poseidon" s’inscrit donc dans une politique de rachat pour tout ceux ayant été déçu par l’opus précédent, occultant complètement ceux qui auraient pu apprécier la nouvelle direction prise. Mais l’art se doit d’être sincère et personnel…curieux…
A première vue,
Dagoba semble revenu à quelque chose de plus brutal, de plus direct et agressif, minimisant l’impact atmosphérique des claviers pour tenter de revenir à des atmosphères parfois plus industrielles ou étrangement exotiques.
Malheureusement, l’invitation au voyage ne prend pas…"
Poseidon" est emplie de platitude et d’ennui…"
Poseidon" est insipide…vide…à commencer par le son.
Non pas que Dave Chang soit un mauvais ingénieur du son, mais la différence entre enregistrer à
Marseille et dans le studio de Tue Madsen est impressionnante à l’écoute des deux opus précédents puis de celui-ci. Le son est poli au maximum, propre, sans envergure ni densité, la résonance de caisse claire est proche du néant (mon dieu que c’est plat…), et surtout, l’effet incroyable de puissance et d’explosion constante de WHIA et FTC est complètement absent.
"
Dead Lion Reef" ouvre le bal sur un riff très intéressant et des orchestrations (terme à prendre avec des pincettes) grandioses, apportant une mélancolie très judicieuse…puis ce riff…et cette attaque de double pédale/blast que l’on croirait sortie du "All
Hope is Gone" de Spliknot. Un jeu calqué sur Joey Jordison pour un riff qui ne l’est pas moins, plat et sans saveur, passe partout et stérile, que le chant de Shawter tente d’épaissir. Encore malheureusement, que ce soit dans son hurlé sans personnalité ou son clair graisseux ne ressemblant qu’à un énième clone metalcore,
Dagoba semble avoir perdu toute sa superbe. Certes, le niveau technique est très haut rythmiquement mais rien ne ressort, et le refrain ne dispose en aucun cas de l’impact d’un "
Die Tomorrow" ou d’un "
Face the Colossus".
A l’image de ce premier morceau, "
Poseidon" souffre d’une énorme linéarité dans sa forme et sa structure, l’album se voulant être un bloc monolithique au final bien peu accueillant car fortement répétitif. On en vient à se demander où sont les différences de couleurs et le dépaysement de chaque morceau annoncé par le groupe…
"Columnae" continu de faire ressentir cette sensation de plagiat étonnant de Slipknot époque "Iowa", violent, chaotique et dégueulasse mais complètement vide de sens et d’émotion. Les vocaux de Shawter, blindé d’effets, vont dans le même sens et sont viscéralement antipathiques, loin du charisme et de la verve d’antan. Les riffs, sans être inaudibles, sont noyés dans une masse sonore dont on ne discerne au final pas grand-chose…si ce n’est une rapidité d’exécution toujours aussi extraordinaire de Franky derrière ses futs (ce jeu de double pédale…).
Dans cet océan de marasme, on retiendra énormément le génial "I Sea
Red", inspiré et brutal mais disposant d’une personnalité le faisant directement sortir du lot. Si le riff principal ne parait pas plus original, le travail de percussions est bien plus fouillé, et surtout le refrain, puis le break absolument impérial et furieux sont aussi jouissifs que possible. Ces hurlements brutaux, scandés, taillés pour le live mais gardant une esthétique très tribale, à l’instar de claviers agencés à la perfection en font un grand moment.
A l’inverse, que dire d’un "Black Smokers (752 Farenheit)" faussement industriels aux bidouillages sortant d’un clown bizarre et au Shawter plagiant honteusement (et ridiculement en plus…) un
Corey Taylor qui pourrait presque oser chanter juste en clair à côté de ça. Un chant à l’impersonnalité confondante, un morceau à la personnalité aussi faible que celle des suiveurs du moment, et fondamentalement honteuse pour un groupe aussi important que
Dagoba. "Degree
Zero" continu de s’enfoncer dans une pseudo mélancolie surjouée et aux effets stylistiques insupportables (le vocodeur à outrance…). "Shen Lung" passe un peu mieux malgré une couleur vocale toujours difficile à cerner et un riffing tout de même très faiblement inspiré. Quand aux samples, ils sentent clairement le réchauffé…(le fameux retour aux sources….).
"Waves of
Doom" clôt les débats avec agressivité et fureur, et toujours aussi peu de personnalité. Un mur de son impersonnel et stérile basé sur un riff inexistant et une double pédale omniprésente s’évertuant dans un blast aussi creux que le son lui confère de profondeur. Une sorte de copie de la copie du plagiat du groupe de metalcore impersonnel à la mode…violent, froid et vide…la différence se situant sur la pochette de l’album.
Triste retour aux sources que nous livre
Dagoba. Après un opus qui semblait clairement les différencier de la concurrence, les placer aussi haut que
Gojira avait réussi à atteindre, "
Poseidon" détruit tout les espoirs. Le succès commercial sera probablement là…la prise de risque est pourtant emplie de néant. Paradoxe du monde de la musique…
Dagoba a peut-être déjà vendu son âme au diable…
Acheté en solde pour 1 €, refourgué aussi sec. J'aime pas. Qualifié de Power Metal, je ne vois pas trop où ?
Je ne critique pas, juste que c'est pas ma came.
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