En 2003,
Dagoba sortait de l’ombre en nous balançant un premier album éponyme tout bonnement impressionnant d’efficacité et de professionnalisme. Trois plus tard sortait leur second opus attendu par les fans, les faisant désormais atteindre le prestigieux seuil des "grands" du milieu metal français. La preuve : ils signent chez Season of
Mist, sont mixés par le légendaire Tue Madsen et s’offre même le luxe de partir en Norvège l’enregistrer.
Si le premier album penchait du côté de
Machine Head mais surtout de
Fear Factory pour ses parties saccadées et sa double-pédale furieuse, ponctué de samples industriels bien disséminés dans la galette, ce nouveau disque en a alarmé plus d’un. Beaucoup plus dense, incroyablement bien mixé, proposant une nouvelle dimension à leur musique,
What Hell Is About est aussi similaire que différent de l’album éponyme. Toujours aussi brutal, les morceaux sont également plus aérés, empreints à des séquences mélodiques à la fois glauques et planantes, dans un esprit presque symphonique modéré mais ancré dans un son quasi-parfait. Dès l’intro, on sent que ça va faire mal. Cinq longues secondes de silence immédiatement brisées par un riff ultra-rapide, précis, couvert par un cri déchirant arrivant sur un logique «
What Hell Is About ! ». Shawter présente lui-même le nouveau venu d’une façon singulière et couillue : la claque peut commencer.
L’influence
Machine Head est toujours présente, boostée comme jamais, agrémentée d’une violence inouïe à base d’une double-pédale fracassante, d’harmoniques stridentes et d’un chant beaucoup plus personnel, cette fois-ci identifiable grâce à une totale maîtrise de Shawter, sachant correctement doser le clair et le médium. Rien à redire, l’album démarre en trombe avec "
Die Tomorrow", un titre bourrin comme on n'en fait plus, quasiment sans temps mort, d’une durée conséquente mais sans ressentir la moindre lassitude. Comme sur toute la durée de l’album, les séquences sont bien présentes mais se fondent clairement dans la masse, bien dosées pour ne pas être mises trop en avant ni trop en retrait. La coopération entre Shawter et Madsen a fait des merveilles.
Si l’album dure 45mn, on peut dire qu’on ne le voit pas passer tant tout est littéralement intense, organisé avec brio pour ne jamais lasser et faire remuer du début à la fin. Contrairement à son prédécesseur,
What Hell Is About se démarque de la structure intro/morceaux/interludes/morceaux pour ne nous servir que du lourd quasiment sans temps mort. Pour cela, les
Dagoba l’ont agrémenté de titres présélectionnés pour garnir le disque d’une identité propre. Ainsi, "The
Fall of Men" ou encore "Livin'
Dead" sont placés de façon à espacer les titres entre eux pour ne pas avoir des morceaux trop longs à la suite. Même chose pour la ballade acoustique "041204" (voyez-y une date de naissance en mettant des barres obliques mais je n’en dis pas plus…), très belle, osée, bien placée pour s’enchaîner avec les titres finaux du disque, toujours aussi ravageurs.
Osé, ai-je dit ? Il suffit d’écouter le très surprenant morceau-single mélodique "
Cancer" pour s’en persuader. Version 2006 du "
Another Day" de l’album précédent, le titre est aussi touchant que rentre-dedans. Parallèlement, la présence de
Vortex (basse et chant clair de
Dimmu Borgir) en featuring sur deux des plus monstrueux titres de l’album vient le ponctuer d’un sérieux désarmant. Franky se déchaine sur ses fûts, présentant un tout nouveau jeu plus maîtrisé et plus aérien, désormais reconnaissable, donnant le change à une guitare toujours aussi précise, gratifiant la lourdeur et la vitesse d'Izakar. En somme, rien n’est à jeter, tout est à savourer tant la perfection frôle de près ce deuxième opus absolument magnifique.
What Hell Is About est l’album de la consécration des Marseillais qui prouvent ainsi qu’ils sont l’avenir du metal français, preuve de la réussite phocéenne et maîtres du public francophone. Un grand ‘Bravo !' s’impose, tout simplement.
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