C’est étrange de ne pas savoir par où commencer lorsque l’on débute une chronique sur un album. Peut-être cela vient-il du fait que les albums, les critiques, les points forts, les attentes et les déceptions se suivent et se ressemblent inlassablement depuis plusieurs années concernant
Dagoba. Il est vrai que les reproches sont souvent les mêmes, les qualités également et que le ressenti global, depuis "
Face the Colossus", reste très souvent similaire. Faut-il donc en attendre plus de "
Black Nova" ? Faut-il voir dans le limogeage de Z et surtout Franky Costanza une nouvelle dérive ou une volonté réelle de changement ? Il faut dire que Franky était pour beaucoup l’âme de
Dagoba avec Shawter et voir le second viré par le premier en a surpris plus d’un, surtout qu’il était connu qu’une grosse partie de la gestion administrative et « booking » du groupe était gérée par le batteur. Ce septième serait alors clairement un tournant mais il serait un euphémisme de dire que beaucoup s’attendaient au pire …
Le premier très gros point à mentionner est clairement le changement de producteur qui est, à mon sens, la meilleure décision que pouvait prendre Shawter pour
Dagoba. Non pas que Logan Mader soit un mauvais producteur (c’est une exagération dans laquelle je ne rentrerais pas) mais il faut avouer que toutes ses prods rentrent dans un moule et une certaine conformité allant à l’encontre totale d’une quelconque personnalité. C’était flagrant sur "
Tales of the Black Dawn" à la production sèche, sans envergure et complètement américanisée qui, si elle sied à certains groupes plus bruts et sans beaucoup d’arrangements, appauvri certains groupes. C’est donc Jacob Hansen qui s’est occupé de "
Black Nova" et c’est avec un plaisir non dissimulé que l’on retrouve enfin la démesure et l’énorme grandeur des débuts de
Dagoba qui nous manquait tant. Cet aspect démesuré qui avait fait de "
What Hell Is About" et "
Face the Colossus" des opus marquants et écrasants revient en force sur ce septième opus tout en incluant les nouvelles facettes que les marseillais ont accumulés avec les années.
Lorsque "
Inner Sun" explose après l’introduction "Tenebra", la production ample et surpuissante place sur orbite les hurlements de Shawter ainsi que les riffs de « JL », nouveau venu à la guitare. La différence de jeu ne se fera pas réellement sentir puisque Shawter reste le compositeur et qu’il compose les riffs mais ça n’a jamais été sur ce terrain que le groupe a cherché à se différencier. En revanche, on remarque une foule d’arrangements, d’éléments tantôt industriels ou plus symphoniques qui enrichissent considérablement le titre et semble reprendre ce que "
Post Mortem Nihil Est" avait tenté d’initier. C’est clairement à ce niveau-là que "
Black Nova" place sa différence car si le compositeur marseillais a par le passé exprimé le fait que les arrangements devaient rester minoritaires et que le plus important restait la base « rock »,
Dagoba parait avoir beaucoup travaillé les ambiances ici. Evoquons immédiatement "
Stone Ocean" et son introduction sympho qui évoque déjà pour certains de grands noms scandinaves, surtout lorsque l’on sait que Shawter est un énorme fan de
Dimmu Borgir. Le riff se veut lourd, la production exprime une forte épaisseur (ce retour à cette sensation de se faire broyer par le son) et les vocaux alternent intelligemment le chant extrême caractéristique du vocaliste, des parties medium et surtout un refrain clair étant probablement le plus réussi qu’il ait jamais écrit. Dans un registre différent, on peut penser à ce fameux cap qu’a passer il y a quelques années Rob Flynn chez
Machine Head dans la faculté de proposer un chant clair prenant et utile à la composition. "
Dagoba Gravity" propose même les couplets en chant clair pour un résultat en demi-teinte néanmoins, mais plutôt par le manque de consistance de la composition en soi plutôt que par ce choix en particulier. On pense à "
Face the Colossus" sur ce titre mais sa poésie mélancolique, à l’inverse de "The Infinite Chase" et son introduction cybernétique, son riff plutôt lent et ses arrangements lancinants mais fascinants et hypnotiques. Une fois encore, le refrain en chant clair est une franche réussite et risque de bien passer en live, même s’il n’est pas forcément simple à appréhender dans un premier temps.
Que ceux qui attendent et souhaitent entendre un
Dagoba résolument violent et efficace ne s’inquiète pas puisque les morceaux agressifs ne manquent pas non plus. "The
Legacy of
Ares", débutant sur des samples orchestraux apocalyptiques et un riff bien âpre, sonne la charge et va droit au but dans sa violence. On se surprend à penser que Franky ne manque finalement pas puisque son remplacement, Nicolas Baston (Deep in
Hate) non seulement le remplace aisément mais joue dans un style relativement similaire dans ses attaques de double pédale et ses patterns à répétition apportant une grande dynamique aux parties de batterie. "The Grand
Emptiness" véhicule également une énorme puissance avec des plans rappelant clairement "
What Hell Is About", surtout dans les blasts beats et cette absence totale de chant clair qui prouve également que le combo ne souhaite pas tomber dans la facilité de certains automatismes ou tics de composition. Malgré tout, automatisme il y aura parfois, notamment dans les riffs ou les débuts de compositions qui débutent très souvent de la même façon, en commençant par une introduction de samples (industriels ou symphoniques), puis un riff et ensuite l’ensemble des instruments avec la plupart du temps un bon hurlement des familles pour accompagner. Non pas que ce soit à un seul moment mal fait mais il faut dire que l’effet de surprise ne prend plus vraiment passer la première moitié du disque, encore moins lorsque l’on connait la discographie des marseillais. Pour preuve, on ressent une baisse d’intérêt passé "
Dagoba Gravity" et la fin s’enchaine mais sans grande euphorie, tout y étant (trop) bien fait mais avec moins d’allant que sur les premiers titres. Pourtant, "
Phoenix &
Corvus" prend le temps de placer son ambiance et "Vantablack" paie presque sa dernière place car il déploie sur une noirceur surprenante sur les couplets (qui fait quand même dire que Shawter est malgré tout un excellent chanteur), magnifiquement contrebalancé par un refrain clair plein de désespoir et de chaos suggéré par cette double pédale latente et destructrice.
"
Black Nova" marque clairement un nouveau chapitre et tisse un lien entre les débuts du groupe et les expérimentations plus récentes, comme un résumé de carrière mais en évitant soigneusement la direction plus crue de "
Tales of the Black Dawn". On notera également l’artwork sublime concocté par
Seth Siro
Anton (comme vous l’aurez compris) et bien plus aguicheur que celui du précédent opus.
Production millimétrée, compositions riches, exécution technique sans accrocs,
Dagoba prouve une fois de plus son professionnalisme et son acharnement du travail bien fait. Certains trouveront probablement à redire que le renouvellement manque cruellement, que le groupe stagne ou qu’il reste sur ses acquis mais il est certain que les fans de la première heure qui avaient lâché le groupe pourraient bien retrouver l’envie d’écouter et d’aller les voir en live, eux qui vont, une fois n’est pas coutume, écumer les planches pour promouvoir l’album. C’est encore en live que les gars du sud mettent toujours tout le monde d’accord.
Merci pour cette chronique, j'en ai également fait une plus élogieuse qui j'espere sera bientôt plublié.
Je te trouve un peu sévere non par rapport au 12 que tu avais mis a Tales.
Ps : Ta vraiment du mal avec les prod de Logan mader visiblement
Personnellement, je ne comprends toujours pas l'engouement pour ce groupe, encore moins pour le succès.
Ce côté électro est très désagréable et casse une certaine harmonie dans la plupart des morceaux, ça en rend même certains "pop". Non pas que Dagoba fait de la pop mais le groupe s'enferme dans une production moderne, sans réelle surprise et sans réelle personnalité. Disons que Dagoba se situe dans une vague moderne qui contient de nombreux bons groupes mais qui finissent par tourner en rond.
Je trouve aussi dommage de ne pas proposer le moindre solo de guitare ou tout du moins, ce qui pourrait s'en apparenter et vouloir à tout prix mettre du chant clair pour ensuite avoir un chant hurlé ou des hurlements qui rend le tout assez indisgeste pour ne pas dire médiocre.
Je ne dis pas non à du changement, bien au contraire mais à vouloir trop innover, on finit par se vautrer et, encore une fois, de mon point de vue personnel, c'est ce que vient de faire Dagba avec ce Black Nova.
Après, les goûts et les couleurs mais pour ma part, ça ne passera malheureusement jamais.
Merci tout de même pour le papier que j'admire en tout cas
Super album , une innovation intéressante avec cette ambiance électro qui m’a fait prendre du recule au depart , mais en faite qui rafraichit les morceaux et en live ,ils passent comme une lettre à la poste ! Hail Dagoba
Ca donne un peu l'impression qu'ils ont le cul entre 2 chaises je trouve.. Y'en a un qui voulait faire un générique de manga, un autre qui voulait faire un fond sonore pour égorger des poulets.. Et ils ont décidé de mixer les deux. Attention je ne dis pas que c'est nul, c'est très bien fait et je comprends que ça plaise, mais c'est juste pas mes goûts. J'arrive pas trop à comprendre ce que j'écoute. J'aimais le côté plus "épuré" et efficace du 1er album. Mais je leur souhaite tout le meilleur, c'est sérieux et on sent le travail acharné.
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