Allez, sois franc, tu préfères…
- Sortir de ton dressing ta cartouchière et ta veste patchée sans manche, ou te saper comme un pingouin et t'étouffer avec le nœud de ta cravate?
- Faire la tournée des bars avec tes vieux potes, ou dîner en tête-à-tête avec ton amoureuse ?
- Organiser un pique-nique charcutaille + fromage sur les quais de Seine, ou réserver chez Drouant ?
- Avaler cul sec une bière bien fraîche, ou déguster lentement avec mille précautions un Château Margaux 2003 ?
- Mettre "
Never Mind The Bollocks" à bloc et sauter pieds écartés de ta table basse façon
David Lee Roth, ou t'installer confortablement dans ton fauteuil avec un peignoir et une pipe pour décortiquer les lyrics de ce "Operation :
Mindcrime" ?
Des réjouissances différentes mais pas incompatibles...
Pourquoi a-t-on souvent lorsqu'on est jeune l’impression qu’il faut choisir un camp et s'y tenir ? Pourquoi apprend-t-on trop souvent sur le tard que l’Amour se conjugue au pluriel, qu’un plaisir ne se prend pas au détriment d’un autre... Et qu'on peut un soir emmener sa chérie endimanchée dans un bon restaurant, jouer à l'œnologue et au chevalier servant, puis réintégrer le lendemain son statut naturel de Bad-
Ass-
Hard-Rock-Motherfucker et prendre avec ses camarades débranlés une taule hollywoodienne... Vivons libres et sans carcans, et laissons également nos oreilles vagabonder...
Je vous propose aujourd'hui de vous embourgeoiser avec le quatrième
Queensrÿche qui, vous l'aurez deviné, fait plutôt partie de la Haute... Oubliez pour l'heure vos disques tirés en mode "
Ten Seconds To Love", dont vous avez obtenu les faveurs avec un bijou plaqué or et un tour de R12 Gordini; "Operation :
Mindcrime" appartient à la race des albums classieux et intellectuels, des trois étoiles sophistiqués à sortir le Dimanche; ces disques dont on tombe amoureux dès la première écoute et qui vous font l'Amour toute une vie...
L'histoire est classique, mais elle fonctionne de cette façon depuis la nuit des temps : vous aurez tout d'abord un petit frisson d'envie en dévorant des yeux sa belle carrosserie, son artwork hypnotisant, habile montage photo d'une révolution [bolchevik ?!] sur laquelle se dressent les silhouettes de
Sister Mary et du Dr X, contrasté par un logo qui, vous ne le savez pas encore, fera bientôt partie intégrante de votre âme. Puis, le coup de foudre...Inévitable... Comme tout hétérosexuel normalement constitué ne peut rester de marbre devant le sourire salace de Bobbie Brown [Miss "Cherry Pie”], il est impossible à un Heavy-
Metal Kid d'être insensible à la Musique de "
Mindcrime".
Expliquer la magie dont est empreint ce mythe semble être une tâche insurmontable... Est-ce le thriller bien ficelé narré par ce concept-album qui le rend si addictif ? [La descente aux enfers de Nikki, un junkie paumé devenu le tueur à gage d'une organisation anarchiste dirigée par le Dr X, et à qui l'on demande un jour de tuer la femme qui le ravitaille en héroïne et dont il est tombé amoureux,
Sister Mary...]
Est-ce sa production miraculeuse (un son de batterie qui claque couplé à la basse la mieux mixée de toute l'histoire du
Metal, rien que ça), signée Peter Collins (
Rush évidemment, mais également
Gary Moore,
Alice Cooper ou
Bon Jovi) qui nous recolle une claque monumentale à chaque écoute ?
Est-ce la richesse des orchestrations de Michael Kamen, les mélodies incroyables des guitaristes Chris DeGarmo et Michael Wilton, dont les soli ont dans cet album une place prépondérante, qui rend "
Mindcrime" intemporel ?
Ce duo d'anthologie entre Geoff et
Pamela Moore sur "Suite
Sister Mary", qui m'hérisse les poils presque autant que la joute Tessa Niles /
Fish sur "The Last Straw", peut-être ?
Après avoir longuement réécouté tous ces titres, encore une fois majoritairement composés par le maître à penser DeGarmo, je me dis finalement, à l'instar de Dana Scully, que la vérité est ailleurs... "Operation :
Mindcrime" est en fait plus accessible de par ses compositions et ce son fédérateur que l'avant-gardiste et sombre "
Rage for Order", même si le propos y est tout aussi ambitieux.
Non, ce quatrième full-length n'est en définitive pas une révolution, mais un aboutissement. Celui du parcours glorieux de cinq banlieusards de Seattle, certes; mais également bien plus que ça. Il me semble finalement que "
Mindcrime" est universel car il est simplement la synthèse parfaite du Heavy
Metal pratiqué dans les 1980s : du mid-tempo écrasant porté par une ligne de basse ("Operation :
Mindcrime") aux tueries speed ( "The Needle
Lies", "Speak"); du
Hard presque FM ("
I Don't Believe in Love", "
Breaking the Silence") aux hymnes fédérateurs ("
Revolution Calling", "
Eyes of a Stranger") en passant par le morceau épique orchestré ("Suite
Sister Mary"), le disque passe en revue brillamment tous les codes inventées durant cette décennie sacrée et s'impose comme l'un des derniers poids lourds du "Classic" Heavy
Metal, remis en question deux ans auparavant avec l'explosion du Sleaze Rock.
En cette sainte année 1988 qui vit quand même naître au bas mot une cinquantaine de classiques (dont la moitié estampillés Hair
Metal),
Queensrÿche et quelques insoumis (entre autres Iron Maiden,
Chastain,
Virgin Steele,
Crimson Glory,
Helloween,
King Diamond et
Manowar) brandissent donc encore fièrement l'étendard du Pur Heavy
Metal (merci de ne pas confondre avec l'insupportable adjectif "
True") en tendant bien haut, mais plus pour longtemps, leurs majeurs aux envahisseurs permanentés et à leurs complices cloutés, qui malgré ces derniers sursauts grandioses, imposent le
Hard FM, le Sleaze Rock, le Speed
Metal, le Thrash et le Death comme références elles aussi incontournables des late-80s.
"Operation :
Mindcrime" marque donc la fin d'une époque, mais c'est avant tout un disque jouissif. La reconnaissance méritée qu'il obtint alors, de la presse, mais surtout du public qui acheta l'opus par palettes (50ème place du Billboard 200) fit passer le combo dans la catégorie des remplisseurs de stades, mais également des groupes légendaires ayant marqué l'Histoire du Rock avec un concept album, le nom de
Queensrÿche cohabitant désormais pour l'Éternité au côté des Beatles (Sgt. Pepper's
Lonely Hearts Club Band), des Who (Tommy), de Pink Floyd (The Wall), ou d'
Alice Cooper (Welcome To My
Nightmare)...
Il est regrettable que le groupe en pleine crise (financière ?) ait honteusement cédé à la tentation trop évidente de donner une suite à ce succès en se ridiculisant et en souillant ce mythe. Il y a des jours où les bourgeois feraient mieux de réenfiler leurs perfs et de s'encanailler en réécoutant leurs vieux disques des
Sex Pistols.
@Greg... tu n'es pas tout seul ! à chaque fois moi aussi j'y retourne avec une certaine consternation...toujours avec la même quete, : comprendre l'engouement et éventuellement tenter de prendre un peu de plaisir... mais non.
Pauvre de vous, c'est sans aucun doute l'un des meilleurs concept albums metal de tous les temps, dommage que vous n'arrivez pas à percevoir le chef-d'œuvre derrière cette galette, mais bon ça arrive à tout le monde, chacun son mouton noir !
Je n'ai lu que des éloges sur cet album, moi je ne l'ai pas trop apprécié car trop progressif.
Je préfère le Queensryche de "The warning", plus hard.
J'aime bien " I don't believe in love " et " Eyes of the stranger " qui auraient pu figurer sur le 1er album.
Les gouts et les couleurs...
16/20
Bon longtemps après je reviens car j'ai trouvé l'album ce weekend pas cher a cultura donc aller je réessaye de comprendre ce disque ainsi que ce combo de talentueux musiciens.
Ben toujours pareil je m'endors, c'est mou franchement même Winger qui est quand même vachement FM arrive à m'interpeller, j'ai même essayé l'album d'après Empire un peu plus péchu je trouve mais ça reste pas pour moi , définitivement moi et Queensrych ont sera jamais copain .
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire