One More Light

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10/20
Nom du groupe Linkin Park
Nom de l'album One More Light
Type Album
Date de parution 19 Mai 2017
Enregistré à Larrabee Studios
Style MusicalMetal Alternatif
Membres possèdant cet album48

Tracklist

1.
 Nobody Can Save Me
 03:45
2.
 Good Goodbye
 03:31
3.
 Talking to Myself
 03:51
4.
 Battle Symphony
 03:36
5.
 Invisible
 03:34
6.
 Heavy
 02:49
7.
 Sorry for Now
 03:23
8.
 Halfway Right
 03:37
9.
 One More Light
 04:15
10.
 Sharp Edges
 02:58

Durée totale : 35:19

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Linkin Park


Chronique @ Theodrik

08 Juin 2017

L'enfant terrible choque et surprend en réalisant un album d'Electro-Pop accessible et de bon goût.

« Le retour aux sources tant attendu… Et même au-delà. C’est ainsi que l’on pourrait résumer The Hunting Party. Linkin Park retrouve une sombre forêt qu’il n’a pas arpentée depuis longtemps, a pris son meilleur arc, et a tiré une flèche digne de Légolas vers le cœur de ses fans historiques. Je ne peux que saluer cette décision courageuse de revenir, par l'autoproduction, au Neo Metal, bien mis en valeur question son, et espérer qu'elle sera couronnée de succès. »

C’est par ces quelques mots qu’il y a un peu moins de trois ans, je concluais ma chronique sur The Hunting Party, sixième album du groupe californien Linkin Park (pardon pour l’autocitation, mais si ça peut ramener des gens vers mon ancienne chronique, c’est plutôt cool!). Et aujourd’hui, malgré mes obligations du moment, je ressens comme une envie irrépressible d’écrire la chronique sur son successeur direct, à savoir ce One More Light.

Un album qui fit polémique dès la révélation de son premier titre « Heavy », jugé trop « popisant ». Et effectivement, force est de constater que c’était le cas. Mike Shinoda enfonça même le clou en annonçant d’entrée de jeu que « ce n’était pas qu’un seul titre qui sonnait comme ça », que « tout l’album sonnait comme ça » (ce qui n’est pas tout-à-fait vrai et nous y reviendrons). Reste que oui, tout l’album sonne bien Pop Electronique, et les différents titres révélés au cours de la promo (« Battle Symphony », « Good Goodbye » et « Invisible ») le confirmèrent, titres en dessous desquels, dans les commentaires, on pouvait voir les « fans » de Linkin Park s’écharper gaiement entre ceux qui comprenaient le nouveau choix artistique du groupe et ceux hurlant que ce n’était pas comme Hybrid Theory et Meteora. Business as usual, donc.

Business as usual parce qu’à chaque album de Linkin Park depuis 2007 et la sortie de Minutes to Midnight, une partie des personnes qui ont été marquées par Hybrid Theory et Meteora ne comprennent pas que le groupe expérimente et se projete vers une autre voie. Ce fut le cas pour tous les albums après Meteora : Minutes to Midnight en 2007, jugé trop Pop-Rock, A Thousand Suns en 2010, jugé trop Cold-Electro, Living Things en 2012, jugé trop Dubstep, The Hunting Party en 2014, jugé Metal, mais considéré par certains comme ayant un son trop « garage » ou trop « Punk ». En réalité, ces éternels insatisfaits ne veulent qu’une chose : le son d’Hybrid Theory et de Meteora. Du bon souvenir nostalgique à l’obsession, il n’y a hélas parfois qu’un pas.

Il faudrait qu’on rappelle à une partie du public marqué par Linkin Park que ces albums précédents ont eu des titres Metal, et qu’ils étaient parfois réussis (comme « Given Up », « Bleed It Out » sur Minutes to Midnight, « Blackout » et « Wretches And Kings » sur A Thousand Suns, et « Lost in the Echo sur Living Things), parce qu’il semblait y avoir une idée derrière. Et parfois un peu ratés (comme « No More Sorrow » sur Minutes to Midnight, « Lies, Greed, Misery » et « Victimized » sur Living Things), parce que la seule idée derrière semblait être « il faut faire un autre titre Metal pour espérer conserver une partie de notre ancien public ». Cet ancien public si pénible, mais si nécessaire à garder. Pas sûr que ça ait marché, d’ailleurs. Car 2-3 titres Metal par album, ce n’est clairement pas assez. A mon avis, sont restés ceux qui voulaient rester. Et je ne sais pas si Linkin Park en aurait perdu bien plus en ne mettant pas un seul titre Metal dans leurs albums après 2007. The Hunting Party excepté.

Il faudrait aussi leur rappeler que certains titres non-Metal de ces albums furent extraordinaires et plus matures que les chansons sentimentales d’ « Hybrid Theory » ou de « Meteora ». Sur Minutes to Midnight, « Hands Held High », chanson parlant de la propagande de guerre, inspirée de la propagande pour la guerre en Irak. Ou « What I’ve Done » traitant de la thématique sérieuse du pardon. Ou « The Little Things Give You Away », inspirée de la vision du groupe de la Nouvelle Orléans après l’ouragan Katrina, remettant l’humain à sa place de faible petite chose face à la puissance et à l’éternité de la Nature. On pourrait aussi parler des chansons d’A Thousand Suns, notamment de « When They Comes For Me », qui traite des atrocités de la guerre, de « Waiting for the End » qui parle du difficile après-guerre des soldats. Ou de « The Catalyst » parlant évidemment du risque de la guerre nucléaire. Ou (et cette fois pour des raisons purement rythmiques) "In My Remains", "Burn It Down" sur Living Things. Ou "Roads Untravelled", "Powerless", qui étaient aussi de très très bonnes ballades. Bon, cela n'enlève pas qu'il y aussi eu des titres non-Metal qui ne furent pas terribles. J'ai toujours eu du mal avec "Shadow of the Day", "Valentine's Day" sur Minutes to Midnight. Avec "Robot Boy" sur A Thousand Suns ou avec "Until It Breaks" sur Living Things, par exemple. Bref, l'enjeu n'est probablement pas de savoir si l'essentiel des titres d'un album de Linkin Park est du Metal ou non, mais bien de savoir s'ils sont bons ou non.

Et bien sûr, il faudrait leur rappeler que Linkin Park a toujours été un mélange de styles différents : musique électronique (mix, samples, scratches), rap/hip-hop, Metal et Pop, rendant un tout cohérent. Bref, Linkin Park a toujours été accessible et popisant, même pendant sa période Metal. Il suffit de réécouter Hybrid Theory et Meteora, et plus précisément des titres comme "In The End", "Pushing Me Away", "Crawling", "Somewhere I Belong", "Breaking the Habit", "Numb" pour s'en convaincre.

Le groupe a bien compris le problème qu’il avait avec les « fans ». Il convient de parler chiffres. Hybrid Theory, c’est 30 millions d’albums vendus. Meteora, malgré toute la pub qu’il y a pu avoir, a baissé et s’est écoulé « seulement » à 10 millions d’exemplaires vendus. Mais c’est déjà énorme ! Se faisant, ces deux albums sont entrés dans la « Pop-culture » du début des années 2000. Et nombre de personnes, qui ne sont pas metalleux aujourd’hui, ont eu leur « moment Linkin Park », ont entendu Linkin Park. A la télé, à la radio, dans les fêtes où ils allaient. Et d’autres, metalleux, ceux-là, se sont mis au Metal par l’un de ces deux albums. (Personnellement, c’est mon cas. Bien que je sois fils d’un motard Hard-Rockeur, et que j’ai entendu du AC/DC, du Trust, de Nirvana, des Rolling Stones et du Scorpions à toutes les fêtes familiales, mon premier album de Metal « à moi », fut « Hybrid Theory ».)

Le problème, quand une œuvre devient « culte » en quelque sorte, c’est que l’artiste - ici un groupe de musique, mais on pourrait parler des films grand public, par exemple. Quand une communauté large se constitue faut tellement contenter qu’on en vient à nous servir un nouvel épisode tellement proche des épisodes ayant marqué les fans que leurs nouveaux auteurs n’essayent plus de faire quoi que ce soit de neuf. Oui oui, Star Wars VII. C’est bien de toi dont je parle ! – devient en quelque sorte prisonnier de ses succès. Car le public ne veut plus rien d’autre que ce qu’il a déjà aimé. Et quiconque s’intéresse un tout petit peu au groupe Linkin Park ne peut que constater qu’ils ont, au fil des années, fait plusieurs fois des déclarations en ce sens. Parfois maladroites. Pour justifier A Thousand Suns, Chester Bennington avait déclaré « Le Neo Metal est mort ». Ce qui n’est pas le cas, même si la vague est incontestablement passée. De nombreux fans de Deftones, de Disturbed ou d’Otep, formations qui continuent, peuvent en témoigner. Ou de System Of A Down qui attendent la reformation prochaine du groupe et le prochain album. Dernièrement, Chester s’exclamait aussi « Mais arrêtez avec Hybrid Theory ! » et « Quand tu es dans un groupe, tu prends des risques pour faire la musique que tu aimes et ce n’est pas grave si les autres n’aiment pas. Ce qui compte c’est que tu aies saisi ta chance de faire quelque chose que tu estimais important. C’est ça être un artiste. ». Mike Shinoda faisait des déclarations similaires en 2014 : « Nous grandissons toujours. Nous ne stagnons pas du tout. Nous n'allons pas faire le même album tout le temps, n'attendez pas ça de nous. Nous avons perdu des fans intentionnellement [...] Nous les avons laissé partir volontairement. Si c'est uniquement ce son [celui d'Hybrid Theory et de Meteora NLDR] que vous voulez entendre, nous avons fait ces deux albums pour vous, vous les avez et vous pouvez toujours les écouter. Si vous décidez de nous suivre sur notre route, en revanche, la bonne nouvelle est qu'il y aura plein de surprises ». En en 2017, dans l’émission de Fine Bros Entertainement (Linkin Park react to Teens react to Linkin Park) : « Depuis le début, c'est comme ça. Quand nous avons sorti les premiers clips pour "Hybrid Theory", les gens se sont dit "Linkin Park, c'est ça. C'est « heavy », C'est « One Step Closer ». Et quand nous avons sorti le clip pour « In The End », qui est une chanson plus Pop, il y avait déjà des gens pour hurler que nous nous étions vendus… C'est ce qui rend la musique si intéressante à faire. C'est parce que c'est hyper sensible et que les gens sont très réactifs. [...] Quand nous faisons des chansons qui se ressemblent trop, ça nous rend fou. C'est ce qui rend l'expérimentation si intéressante pour le groupe. Si nous faisions toujours le même album, les gens continueraient d’aimer ou de ne pas aimer, et nous, nous serions très déçus en nous-mêmes. »

Donc on a clairement un groupe qui tient à sa liberté artistique. Et si on veut comprendre quelque chose à ce groupe-là, il est important de l’intégrer. Les fans des deux premiers albums de Linkin Park peuvent s’égosiller autant qu’ils le veulent, Linkin Park fera ce qu’il voudra et quand il le voudra. Il est vrai que dans ma chronique de The Hunting Party, j’avais eu tendance à croire que le groupe avait tenté de suivre une tendance, de viser un public plus large en faisant de la Pop-Rock sur Minutes to Midnight, puis de la musique Electronique sur A Thousand Suns et de la Dubstep-Rock sur Living Things. Et que The Hunting Party était en quelque sorte un mea culpa au public Metal. Un genre de : « nous n’aurions jamais dû vous quitter. C’est vous notre public. » Et honnêtement, le rap de Rakim et le refrain de Chester Bennington dans « Guilty All The Same », m’aidait bien à tirer de telles conclusions. Et dans un premier temps, j’ai eu tendance à dire que ce One More Light était en quelque sorte un tête-à-queue parce que le public Metal d’Hybrid Theory et de Meteora, très prompt à gueuler que Linkin Park ne faisait plus de Metal, l’avait beaucoup moins été quand il s’était agi d’acheter l’album. Y compris quand on s’adressait à eux. Sur le mode « ça gueule, ça gueule, mais ce ne sont pas des bons clients. Alors, c’est normal qu’on ne les écoute pas. ». Mais la vérité, c’est qu’ils ont fait The Hunting Party parce qu’ils avaient envie de refaire du Metal. Comme ils ont fait Minutes to Midnight parce qu’ils avaient envie de faire un album patchwork de Pop-Rock. Comme ils ont fait A Thousand Suns et Living Things parce qu’ils avaient envie de faire de la musique électronique. Et maintenant, ils ont envie de faire de la Pop. Alors ils en font. Et tant pis s’ils perdent des fans. Tant pis s’ils perdent de l’argent alors qu’ils pourraient faire comme tant d’autres groupes et surfer sur leurs premiers succès en refaisant la même chose, en moins bien. Ce qui fait dire à beaucoup de metalleux : « C’est nul. C’est toujours pareil ! ». Linkin Park a préféré déplaire que de faire un tel choix. Ce qui demande du courage et ce pour quoi j'ai un certain respect.

Alors on va peut-être me dire : « Okay, Theodrik. Ce sont des artistes. Leur positionnement de ne pas brider leur liberté artistique pour faire du pognon sur la base des succès de leurs deux premiers albums est louable. Qu’on soit d’accord ou non, au moins, on va leur reconnaître qu’ils savent toujours nous surprendre, en n’étant jamais là où on les attend. Et les fans d’Hybrid Theory et de Meteora ne sont pas très fins, sont mûs uniquement par la nostalgie, n’ont pas su forcément tous voir la profondeur d’une partie des chansons des albums suivants, et pour une large partie d’entre eux, n’ont pas écouté The Hunting Party, qui pourtant leur donnait enfin ce qu’ils voulaient. D’accord. Admettons. Mais quand même ! Pas de la Pop ! L’ennemi héréditaire ! Et franchement, t’abuses ! 14/20 ! ». Et certains me diront peut-être aussi qu’ils n’ont pas hurlé au « C’est plus comme Hybrid Theory et Meteora ! » et étaient prêts à accepter Minutes to Midnight parce qu’il y avait un peu de Rock et de Metal, A Thousand Suns pour son côté expérimental, Living Things pour sa présence de Rock et de Metal avec l’Electro et la Dubstep. Mais que là, c’est trop Pop pour eux. Et je comprends. Même si je ne suis pas d’accord.

Alors, je le dis d’entrée de jeu. Je sais pertinemment que je poste ça sur un site de Metal et que ça va faire polémique. Donc c’est 14/20 pour moi. Cette chronique ne rend compte que de mon avis, et vous ne serez probablement pas d’accord si vous considérez que Linkin Park ne devrait faire que du Metal et rien d’autre (auquel cas, vous devez être très malheureux depuis… 2007, et je vous conseille de lâcher l’affaire plutôt que de vous faire du mal). Ou si vous vomissez la Pop Music électronique. Et dans ce cas, si vous voulez lui mettre 9/20 ou même faire une contre-chronique pour dire ce que vous, vous en pensez, il n’y a pas de problème. Faites. Personnellement, avant de poser une oreille sur cet album, je me suis dit « Quels griefs ai-je couramment contre la Pop Electronique et est-ce le cas ici ? »

Et il se trouve que je n’ai rien contre la Pop Music en soi. Je n’ai même rien contre la Pop Electronique en soi. Et pourtant, quand je suis dans un endroit où je peux voir des clips de Pop Electronique, je peste plus souvent qu’à mon tour. Mais ce n'est pas à cause de la structure trop simple des morceaux. Car en tant que fan de Power Metal, je suis sensible à l'efficacité des refrains d'un morceau. Qui sera toujours plus efficace si le nom de la chanson apparaît dans ledit refrain. Ce n'est pas non plus à cause de paroles qui chercheraient à être trop universelles (donc des paroles un peu niaises sur l'amitié, l'amour). Après tout, le Power Metal est souvent niais, et Sonata Arctica parle d'amour plus qu'à son tour. Alors pourquoi je peste ? Eh bien parce que, un coup, le son des distorsions me font penser à Lady Gaga, et que ce n’est pas Lady Gaga qui est à l’écran. Et donc, on sent bien que les compositeurs sont au bout de leur vie et ne savent plus se réinventer après plus de 7 ans de Pop-Electronique. Ou alors, c’est le clip qui me semble tout droit tiré d’un univers proche de celui de Katy Perry ou Miley Cyrus. Ça a été original de mettre des costumes très ostentatoires, ou des gens dans des costumes d’animaux comme dans les parcs d’attractions. Ou que le clip est vraiment trop psychédélique. Parce que "c'est trop original" (ou parce que la drogue, aussi...), mais au bout d’un moment, ça saoule. Ou alors, c’est simplement que les paroles sont vraiment débiles. Basées sur la fête, les amourettes d’un soir. Ou alors qu’un vocodeur est extrêmement mal géré. Parce que, de toute évidence, la personne qui nous est ici mise en avant ne sait pas chanter et qu’on ne préfère pas savoir comment elle est arrivée là. Voilà les principaux cas où je déteste la Pop Electronique.

Mais est-ce le cas ici ? Et bien non. C’est ça, le truc. C’est un album de Pop Music, oui. Ça ne révolutionne rien, non. Mais force est de constater que, contrairement à énormément de productions de Pop-Electronique actuelle, c’est de bon goût. Ni dans les pistes audio, ni dans les clips, je n’ai trouvé ces éléments qui ont le don de m’irriter dans le genre. Les refrains sont travaillés et se retiennent bien. Et comme souvent, quand on se ballade avec son iPod dans la rue par une belle journée, et bien, on a le sourire. Parce que la Pop rend joyeux. On est d’ailleurs notamment en joie sur les morceaux les plus rythmés de l’album que sont « Talking To Myself » (assez Rock), « Battle Symphony » (où les distorsions font un bon substitut à la guitare électrique et où Chester Bennington reprend son chant éraillé caractéristique vers la fin de la chanson) et « Sharp Edges », le dernier titre de la chanson, à la guitare sèche, assez blues. le début d'« Halfway Right », « Heavy » et « One More Light » sont plus dans un registre de ballade triste, avec beaucoup de piano, mais qui sont jolies. Rythmiquement, toutes les chansons se tiennent. Même si les effets sont simples. Frappé dans les mains pour battre un rythme, boîtes à rythmes ou rythmes basiques de batterie, distorsions classiques, notes de piano. Simples, quoi ! Le chant de Chester Bennington et le chant de Mike et ses parties rap sont par ailleurs toujours aussi maîtrisés. Les collaborations avec avec la chanteuse Pop Kiiara, les rappeurs Pusha T et Stormzy, sont tout-à-fait honorables. Collaborations qui se multiplient avec le groupe depuis celle avec Steeve Aoki (« A Light That Never Comes »), avec Helmet pour « All For Nothing », avec Rakim sur « Guilty All The Same » et avec Daron Malakian pour "Rebellion" sur "The Hunting Party" (et « Drawbar » avec Tom Morello, même si c’était un peu trop minimaliste à mon goût).

On critiquera peut-être la trop grande utilisation du même effet électronique qui rend un petit élément suraigu. Il intervient en effet dans « Nobody Can Save Me », « Good Goodbye », « Battle Symphony » et « Sorry For Now ». C'est un peu trop, et ça se remarque. Ceci étant dit, ce n'est pas si grave et on s'y fait très vite. Aussi, on remarquera qu' « Heavy » dénote un peu. Bien qu'elle ait été mise en avant par le groupe, étant sa première lyric vidéo, puis son premier clip, elle semble avoir été composée à part, les autres chansons semblant bien plus homogènes. Finalement, si on devait montrer un clip à quelqu'un pour qu'il se fasse une idée de l'album, utiliser le clip de « Battle Symphony » serait plus judicieux que celui d' « Heavy ». En ce sens, quand Shinoda disait qu'il avait mis en avant "Heavy", car c'était le "coeur" de l'album, ce n'était pas tout-à-fait vrai.

Niveau paroles, ça reste du Linkin Park sentimental, comme sur les premiers albums « Hybrid Theory » et « Meteora ». On est loin des chansons à contenu. Encore que. La thématique du couple dans la tourmente est omniprésente. « Battle Symphony » développe ainsi l'importance du couple soudé lorsqu'un de ses membres est dans la tourmente, s'apprête à "livrer bataille" et entend, dans son for intérieur, sa « symphonie de combat ». « Good Goodbye » rend compte d'une rupture sèche qui se termine par la nécessité pour l'autre de partir, Chester exprimant un « bon débarras ! ». « Talking To Myself »parle d'un homme ne comprenant plus sa femme qui refuse de lui dire ce qui ne va pas. « Nobody Can Save Me » évoque le cas d'un homme ayant trompé sa femme, qui n'a plus envie de rester avec elle, bien qu'elle lui pardonne. Mais qui n'a pas envie de la laisser tomber, malgré tout. « Invisible » traite des malentendus qui peuvent exister dans un couple quand on n'ose pas se dire les choses franchement. Ces moments où l'on préfère agir d'une certaine manière pour « faire comprendre à l'autre », où la rancœur s'installe des deux côtés, où l'on finit par faire comme si l'autre n'était pas là, alors qu'on aurait pu s'épargner tout cela avec un peu de franchise. Qu'on n'a pas eu, de peur de perdre l'autre, ou par lâcheté. C'est joli, et ça sonne vrai. « Heavy » est une ode à l'endurance contre la dépression, visiblement également dans un contexte de couple (où la présence de la chanteuse Kiiara prend sens). Linkin Park a toujours eu un certain talent pour créer du lien avec à peu près tout le monde par ses paroles. « Sorry For Now » semble être l'expression d'un homme ayant du mal à s'engager avec une personne, qui préfère s'en aller, sans avoir forcément de la rancœur pour la personne qu'il quitte, mais sans plus de détails qu'un "parfois les choses ne vont pas comme prévu" et « tu comprendras »... Ben, j’espère qu’elle a compris, la dame, parce que pas moi… Heureusement que la chanson est très rythmée et l'une des plus sympathiques niveau son. Seules exceptions à la thématique couples : « Sharp Edges » comme « Halfway Right » parlent des fonceurs qui n’écoutent pas ce qu'on leur dit, et préfèrent « commettre leurs erreurs par eux-mêmes et apprendre d’elles. »

L’artwork n’est également pas en reste. Je le trouve assez sympa, devant la Mer, comme pour Minutes to Midnight, mais avec une scène d’activité entre amis, devant un coucher de soleil. Ça change des pochettes grises ou noires et blanches que nous a sorties le groupe pendant une bonne partie de sa carrière. (Hybrid Theory, Living Things, The Hunting Party = gris, Meteora = maronasse, A Thousand Suns et Minutes to Midnight = noir et blanc). Enfin un peu de joie sur cet artwork. Enfin un peu de couleur !

Au final, pour qui ayant compris Linkin Park, ayant accepté que le groupe était une sorte d’enfant terrible qui n’écoute jamais ce qu’on lui dit, mais qui, quand il le fait, déborde de talent, ce One More Light est un album tout-à-fait honorable. Avec sa faculté à réussir tous ses titres, à me faire chantonner avec facilité et plaisir, il fait mieux le taff que Minutes to Midnight ou Living Things. Il n’égalera probablement jamais en termes de succès populaire et de symbole Hybrid Theory et Meteora, et je ne lui demande pas tant. Mais il a clairement sa place dans les bons albums qu’on n’attendait pas, à côté d’A Thousand Suns et, paradoxalement, à côté de The Hunting Party. Il est vrai que les trois albums sont très différents. Là où A Thousand Suns était froid, où The Hunting Party était volontairement bourrin et aux accents parfois Punk, crado, le son de One More Light est poli comme un galet. Rien ne dépasse. Rien n’est en trop. Quand je vous dis que ce sont des artistes et qu’ils savent ce qu’ils font, et comment réaliser leurs intentions… Je n'ai pas la prétention de vous dire si vous devez aimer cet album ou pas. Car personne ne saura jamais cela mieux que vous même. Et vous avez parfaitement le droit de penser différemment. Reste que ce One More Light, ces jours derniers, me met, en tant qu'individu, de bonne humeur. Et je ne regrette pas de lui avoir donné sa chance. Ce n'est certes qu' « une lumière de plus ». Une lumière inattendue, et pas révolutionnaire. Mais ce n'est pas une lumière agressive, racoleuse. C'est une lumière douce, qui, pour qui sait l'apprécier, peut ensoleiller une journée...

EDIT : Le 20 Juillet 2017, la communauté Metal (et le monde entier) a appris le suicide de Chester Bennington. Nous avons appris le viol de son enfance, et que c'est pour supporter ses démons, dont il parlait souvent dans ses chansons, qu'il buvait et se droguait beaucoup. Evidemment, ce suicide donne un tout autre sens à beaucoup de chansons, y compris (et surtout) sur ce "One More Light". Les chansons sur le couple, Chester ayant dit "J'ai ajouté dans cet album des choses que seul moi et ma femme savons", mais aussi des chansons sur ses problèmes et les envies de mort, comme "Nobody Can Save Me", "Heavy" et "One More Light". Le backlash autour de l'album n'a pas dû aider, néanmoins, on ne peut pas attribuer aux haters la mort de Chester Bennington, qui ne peut être que multifactorielle. La question de la poursuite du groupe Linkin Park sans Chester Bennington se pose évidemment. Le groupe étant basé sur l'alternance du chant/rap de Mike Shinoda et du chant clair/hurlé de Chester Bennington, le groupe pourra-t-il, voudra-t-il poursuivre, lui trouver un remplaçant ? En tout cas, cette chronique lui est dédiée. Repose en paix, Chester. Tu as largement participé à mon éveil au Metal et tu me manqueras. Tu nous manqueras... Puisse-tu trouver plus de bonheur dans l'autre monde (si il existe) que dans celui-ci...

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Theodrik - 20 Juillet 2017: Ben, j'ai été voir grâce à ton message, donc c'est loin d'être le mauvais endroit. Je l'aurais forcément appris, mais plus tard. Donc merci.

Putain, ça craint... Dans les articles qui circulent, on apprend qu'il a été victime de pédophilie dans son enfance, qu'il buvait et se droguait pas mal, et qu'il avait 6 enfants de 2 femmes différentes. Et ses chansons illustrent d'elles-mêmes qu'il a eu des problèmes de couples. Des titres comme "Nobody Can Save Me" ou "One More Light" prennent un tout autre sens, apparemment. Il aurait déclaré qu'il "avait mis dans cet album des choses que seuls lui et sa femme savaient", car il "valait mieux les partager que d'être seul"...

Et au delà de l'hommage à l'homme et à sa famille, il y a bien sûr cette douloureuse question : que va devenir le groupe ? Est-ce que Linkin Park peut exister sans Chester Bennington ? J'ai dû mal à y croire... Le groupe qui m'a initié au Metal, putain... Non... Merde, fait chier !
MiserysKing - 20 Juillet 2017: Ben de rien Theodrik. ouais c'est sur ça craint et pour moi aussi LP faisait parti des groupes qui m'ont ouvert les yeux ou plutôt les oreilles. Même si j'en écoute moins maintenant bah merde c'est LP quoi. Et comme toi je serai surpris que le groupe continu sans lui.
PS: J'ai posté une news très succincte.
supertiptip - 21 Juillet 2017: C'est flippant on dirait que les titres des morceaux ressemblent à une lettre d'adieux OO , J'ai pas écouté LP depuis plus de 10 ans mais c'est choquant même le titres "one more light" prend un autre sens avec les événement d'hier.
Theodrik - 21 Juillet 2017: @supertiptip "Nobody Can Save Me", "Halfway Right" et "Heavy" également.
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