Linkin Park est un groupe plutôt dur à cerner, et la rédaction d’une chronique à chaque nouvelle sortie est un vrai calvaire, la bande à Chester changeant sans arrêt de direction musicale. D’abord reconnu dans les sphères Néo-Métal avec le génial
Hybrid Theory, le groupe se fait plus doux sur
Meteora avant de prendre une tournure très « Rock d’ado » sur
Minutes to Midnight qui a ouvert le groupe sur un tout autre horizon musical. Son public s’est élargi, mais l'âme est un peu partie, le tout pour un succés inférieur à celui de l'album précédent. Et que dire du très décrié A Thousand Sun, proposant un
Linkin Park très expérimental et souvent chiant, qui avait fait perdre à LP une bonne partie de ses fans. J’avoue que je n’avais plus aucun espoir concernant un futur plus agréable pour le groupe. Pourtant, mon amie la nostalgie m’a forcé à acheter leur dernier album, j’ai nommé
Living Things, même si j’étais persuadé que la déception allait m’envahir dès les premières minutes du CD puisque la pourtant catchy «
Burn It Down » qui avait servi de single m’avait complètement dégouté. C’est donc équipé de boules Quies que j’insère l’album dans ma chaîne hi-fi. Je peux vous dire que j’ai été plutôt étonné.
Lost in the Echo est juste énorme, et plante d’entrée le décor: cet album sera celui de la maturité. Les influences des différents albums sont aujourd’hui digérées et se retrouvent sur le titre : Guitares, hurlements, électro très présente, rap, scratching, chœurs, batterie, textes introspectifs et accessibilité familière à
Linkin Park sont (enfin!) réunis dès la première piste. Les ricains savent encore écrire d’excellentes chansons, nous voilà rassurés. Ce n’est pas vraiment le retour aux sources annoncé, plutôt un melting-pot de tout ce que sait faire LP (le pire, comme le meilleur). Mais une question se pose: comment s’annonce la suite? Et bien… C’est mitigé. Sur les 4 premières pistes, le groupe nous propose tout plein de bonnes choses, les éléments précédemment cités se retrouvent un peu partout et c’est le grand retour des refrains à reprendre en chœur! Ceux que l’ado (que je suis) peut chanter à tue-tête dans sa chambre, le poing levé, l’esprit rebelle et les cheveux dans le vent… Jusqu’à ce que sa mère lui ordonne de mettre le couvert. Passons sur cette scène relativement pathétique. Le plaisir est là et c’est tout ce qui compte.
Cependant, tout n’est pas rose! Les deux titres suivants ont beau être agréables, il faut bien reconnaître qu’ils sont sans la moindre originalité et même plutôt lourds, du moins pour la partie
Metal du public. De plus, I’ll Be Gone,
Castle of
Glass, Roads Untraveled, Until It Breaks et Powerless auraient très bien pu se retrouver sur
Minutes to Midnight et ce n’est pas vraiment pour nous plaire, les power-ballades n’étant pas vraiment la meilleure chose que LP ait à proposer, car si la 5ème piste se laisse écouter avec un sourire en coin, la 6ème, quand à elle, est abominablement irritante. Mélodie au clavier doucereuse, air chiant, refrain nul et, cerise sur le kebab, la petite guitare gentillette que tape fortement sur le système.
Plus casse-couilles tu meurs.
Comme toujours, l’album apporte son lot de nouveautés. Des sonorités DubStep bien présentes apparaissent ça et là dans l’album, notamment sur Lie
Greed Misery et
Skin to
Bones. Mais quand Joe Hahn se donne des faux airs de Skrillex, ce n’est pas forcément génial… On est aussi en droit de se demander si cette nouveauté ne serait pas pur opportunisme, à l’heure de l’explosion DubStep, et dans le but d’imiter son cousin
Korn qui a récemment tenté l’expérience. On remarque aussi l’OVNI
Victimized qui démarre très fort avant de littéralement briser la puissance qu’avait le titre au départ pour créer une ambiance électronique qui fait son effet, il faut le reconnaître, puis arrivent les gueulantes sur le refrain, le tout s’enchainant sur moins de deux minutes! LP se mettrait-il au Grind?! L’enchainement avec Roads Untraveled se fait plutôt bien, enfin… sur les 30 premières secondes car, si c’est un vrai plaisir de retrouver la voix de Chester, le chant de Mike Shinoda sur ce titre est carrément laxatif, malgré les jolies paroles que propose la chanson.
Attends, tu croyais que je n’allais parler de l’énorme blague qu’est Until It Breaks? Tu te plantes, mon lapin. Le titre s’ouvre sur un flow fort agréable, le Mc nous fait gentiment hocher la tête, là on s’attend à un refrain énorme, sauf que non. L’ambiance retombe complètement pour une partie chantée absolument horrible, le second couplet débarque pour enchainer sur un final à vomir, c'est-à-dire plus d’une minute vingt de chœurs atrocement lourds qui pourraient faire de votre serviteur un champion du lancer de disque. Alors que l’agréable instrumental m’empêche de justesse de jeter
Living Things par la fenêtre, la dernière chanson, Powerless, débarque, mais aurait très bien pu conclure A Thousand Sun à la place de The
Messenger, dommage, car à cet instant crucial, l’auditeur ne demande qu’à être surpris et ne l’est absolument pas.
Maintenant, le terrible verdict tombe. Je vais sans le moindre doute passer pour un jeune con blasé, mais force de reconnaître que c’était mieux avant. Ce n’est même pas une pensée subjective, c’est un constat.
Linkin Park aura fait pas mal d’efforts, reste qu’un In My
Remains ne vaudra jamais un
One Step Closer, qu’un Powerless ne vaudra jamais un Numb, ou qu’un Tinfoil ne vaudra jamais un Session et on peut continuer la comparaison sur presque tout l’album. Néanmoins,
Living Things est la preuve que LP est en vie et certaines compos marquent fortement l’esprit. Je m’attendais à tellement pire, mais, au final, j’ai envie de tellement mieux. Désormais, il va falloir attendre le groupe au tournant car il a encore un bon paquet de choses à prouver. Au final, ce cinquième opus, celui, je me répète, de la maturité, est autant une déception qu’un soulagement, mais
Lost in the Echo est à elle seule un argument suffisant pour acheter l’album et croire en un futur meilleur.
Linkin Park is not dead!
TheDeath.
Rebuté au départ par A Thousand Suns, je saisis enfin toute son essence aujourd'hui. Un album musical engagé et sensible, déjà à l'image de ce qui se faisait sur Minutes to Midnight au niveau des sujets abordés et des polémiques pointées du doigt. Je continue à penser que c'est un album complètement OVNI qui a et aura encore du mal à trouver son public mais je pense quie le groupe le savait, s'y attendait... Et je me demande même si ce n'est pas fait exprès pour brouiller les pistes. Mike Shinoda disait bien qu'il s'agissait d'un album multi-concept, d'où la raison pour laquelle il est difficile à dompter et à digérer. Je pense que, contrairement aux trois autres albums, ce A Thousand Suns ne peut pas s'apprécier réellement avec une approche superficielle. Pour l'apprécier il faut le comprendre, alors qu'Hybrid Theory, Meteora et Minutes to Midnight pouvaient s'apprécier, avant compréhension des thèmes et des messages, de part leur simple musicalité... D'une façon plus superficielle donc... Ce qui est impossible, selon moi, avec A Thousand Suns. Au début je le qualifiais de "très bon album de musique et en particuliers de musique électronique mainstream mais une nullité pour un Linkin Park", tout bien reconsidéré je préfère, aujourd'hui, le qualifier d'OVNI et non de nullité car cet album est très très très loin d'être une bouse tant il est profond sur ses sujets et que ceux-ci sont très bien traités.
Je trouve que les synthé contribuent à poser une ambiance très épurée et très aérienne, très cold wave au final et malgré quelques fautes de goûts, musicalement il tient fortement la route que ce soit sur les mélodies ou les arrangements.
Bref, Living Things, car c'est ce qu'il nous intéresse ici... C'est un peu le genre d'album où l'on se dit à chaque titre "Putain mec, c'est la meilleure de l'album !". Ici, Linkin Park n'a pas cherché à pousser l'expérimentation plus loin qu'A Thousand Suns mais ont eu la bonne idée de faire un album regroupant absolument tout leur savoir faire d'Hybrid Theory à A Thousand Suns.
Le format des chansons et les schémas renvoient forcément aux deux premiers (on ne dépasse que rarement les 4 minutes et à part quelques titres OVNI comme Until it Breaks ou Victimized, les structures sont très radiophoLe mastering et le son global reprend l'essence d'A Thousand Suns avec des synthés faisant office de "seconde guitare", des percussions qui frappent fort, imposant même un rythme tribal par-ci par-là mais là où l'on peut souffler est dans les retrouvailles vocales du duo Shinoda/Bennington "à l'ancienne". L'un au rap et l'autre au chant clair/chant saturé.
On a beau être réfractaire, la recette fait mouche comme à l'époque et les synthés renforcent ce sentiment de puissance dans le son malgré une mise en retrait des sons des guitares électriques présentes malgré tout (Lost in the Echo, Burn it Down, I'll be gone, Victimized, In my remains, Lies greed Misery).
Là où Linkin Park reprend les ingrédients néo des débuts et les sons et ambiances de A Thousand Suns en plus saturés, ils n'oublient pas leur expérience très rock et mélodique de Minutes to Midnight avec davantage de punch (In my remains, I'll be gone, Castle of Glass...)
Les sujets abordés au cours de l'album reviennent aussi sur les fondamentaux, à savoir l'introspection et les sentiments plutôt que des sujets politiques comme sur A Thousand Suns. Ce côté intimiste touche sa cible au moment opportun.
Même si ce n'est pas l'album du siècle, je pense que Living Things peut se hisser aisément parmi les meilleurs albums de rock de 2012 car c'est un Linkin Park inspiré et en grande forme qui revient. Un Linkin Park sûr de lui, et ce même Linkin Park couillu qui n'a pas eu peur de sortir un album tel que A Thousand Suns sachant qu'il allait déstabiliser absolument tout le monde.
Je dis bravo, j'en suis fan.
Je ne suis cependant d'accord pour les comparaisons en fin de chronique... Pourquoi comparer In My Remains à un One Step Closer ? Les chansons n'ont strictement rien à voir si ce n'est le groupe qui les jouent. In My Remains est davantage à comparer à des chansons plus posées de Minutes to Midnight ou après du genre New Divide ou Shadow of the Day, Powerless vaut son pesant d'or si on la compare de façon plus pertinente à une chanson comme The Little Things Give You Away.
Cet album est vraiment fait dans un esprit "à l'ancienne" mais avec leur évolution musicale actuelle. "Si on faisait un album pop-rock/electro comme on l'aurait fait à l'époque de Meteora ?"
En ça, le pari est réussi et l'album à défaut d'être un disque ultra-underground ni très violent reste néanmoins un disque de rock et de pop sincère, efficace et riche en sonorités toujours avec une très bonne maîtrise du texte et des ambiances épurées.
Je ne suis pas d'accord avec toi là où tu décris cet album comme une mine d'or. Pardonnez l'expression, mais il n'y a pas que des pépites... Castle of Glass ou Until It Breaks illustrent parfaitement ce que je veux dire...
Sortir A Thousand Sun était un parti risqué mais ça n'en fait pas pour autant une grande réussite comme tu sembles le sous-entendre. Il suffit d'écouter Robot Boy ou Burning in the Skies pour le comprendre.
En revanche, je te rejoins sur le point où LT est un concentré de tout ce qui s'est fait avant, mais tout ça, j'en parle dans la chronique. Living Things n'est pas un album de Néo, c'est un album de Linkin Park, enfin je me comprends.
Dernier point: Employer le mot Underground pour décrire la musique de Linkin Park me paraît peu approprié...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire