Il est difficile d’expliquer des albums de ce type. Projet de Stephen O Malley (
Khanate,
Burning Witch),
Sunn O))) fait partie de ces groupes dont l’aura est indéfinissable et dont la plus grande caractéristique reste son irrationalité.
Véritable entité sonore, les albums du groupe ne sont pas facilement assimilables au commun des mortels. Fascinante membrane dont les mots ne suffisent à percer étant donné que le contenu sonore est une invitation au voyage, au plus profond de la chimère, un album de
Sunn O))) est une porte ouverte à un espace de mise en transe.
Mélange entre le drone et le dark ambiant, la « musique » du groupe est une expérimentation pour le moins extrême prenant effet directement sur le corps et dans l’esprit de l’auditeur. Recevant de plein fouet des infra-basses sur des durées de plus de dix, vingt minutes, l’auditeur se trouve projeté dans un univers où microcosme et macrocosme se lient. Magma minimaliste et unique sortant des guitares, « OO
Void » se confond avec une poésie intérieure, sans phrases, sans mots où chacun se trouvera ou se perdra dans son sillon.
Pas de rythme, ni de but, seulement un étalement subjectif de sons tétanisants, étouffants pour un résultat tout simplement monstrueux qui fige, terrifie, paralyse, au choix. Provoquant un engourdissement soudain dans ce vortex sensoriel,
Sunn O))) se place en dépositaire d’une perception torturée voire pulvérisée.
Pulvérisation, destruction des sens, immersion dans un océan effrayant, l’écoute de ce disque se fait au volume le plus fort (et tant pis pour les voisins), les basses à fond et là, là vous pourrez peut-être saisir le concept obscur et immatériel de ce groupe jouant aux frontières de l’anévrisme et du sublime.
Régression ? Évolution ? La question reste toute posée. Ce choix est d’ordre personnel et chacun y trouvera (ou non) son chemin. L’emprunterez-vous ?
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