Quel bonheur aujourd'hui, de réécouter ce
No Rest for the Wicked, toujours magistral après vingt-deux ans d'écoutes. A sa sortie, celui-ci fut pourtant descendu par la presse généraliste, laquelle considérait le Madman comme un artiste fini. Etonnant quand on sait à quel point ce brulôt a préparé le terrain des succès gigantesques des 90's; vous savez l'ère de
No More Tears et des
Ozzfest!
Si Jake E.Lee, six-cordiste du groupe n'a jamais démérité, force est d'admettre qu'après
Bark at the Moon, le clan Osbourne s'est retranché dans une routine dangereuse. Comme le dit l'adage: ce qui n'avance pas...
Pour remédier à cet état de fait, Ozzy auditionne quelques guitaristes et déniche la perle rare: un certain Jeffrey Phillip Wielandt alors agé de vingt ans. L'inconnu se fera désormais connaître sous le nom de
Zakk Wylde: une légende est en marche.
La formation comprend donc Ozzy, Wylde, l'inoxydable Bob Daisley à la basse,
Randy Castillo (1950-2002 R.I.P) derrière les futs et John Sinclair aux claviers. L'ensemble des compos est composé collégialement et c'est sans doute le point fort de cette délicieuse galette: l'audace du jeune gratteux est parfaitement encadré par cette équipe de cadors, tous vétérans chevronnés partis enregistré à
Los Angeles.
N'étant pas musicien, il est difficile pour moi d'exprimer ce qui me semble être un des atouts majeur de ce disque. Si seulement je pouvais vous parler phrasé, reverb, écho et compagnie, j'approcherais probablement plus de la réalité. Toujours est-il qu'à moins d'être sourd comme trois pots de chambre, il me semble évident qu'on assiste à la révélation d'un des plus authentiques guitar-
Heroes portés par notre époque! Quel toucher, quelle science du riff!! Le doigté du guitariste, d'une précision millimétrique, est au service d'un renouveau, d'une oeuvre profondément originale, ne se contentant nullement de singer les Monstres Sacrés Tony
Iommi et
Randy Rhoads.
Ozzy n'est pas en reste et il semble bien que sa voix est un peu mieux "préservée" qu'à l'habitude. Tout ou presque frise la perfection sur ce disque inattendu, voire inespéré. Bien sur, on peut discuter sur l'intérêt du titre bonus
Hero qui manque un peu de pêche, arguer qu'un
Fire In The Sky aurait davantage convenu sur
The Ultimate Sin, l'album précédent. Ce serait faire fi du niveau d'interprétation de ce line-up qui se met réellement en quatre pour nous faire partager son envie.
Pas l'ombre d'une balade, où est le problème? Il y en aura d'énormes sur le prochain album!
J'ai écrit qu'il s'agit d'un brulôt; bien, bien, je me répète. La créativité, la vitesse, l'esprit Rock'n'Roll rencontrés ici me laisse tantôt pantois, tantôt ... sur mon séant!
Miracle Man ouvre les hostilités avec un lot de promesses bientôt tenues haut-la-main: production assassine, riff de plomb, mix vocaux tournés vers la modernité, solo exceptionnel, tout y passe. Le classique
Crazy Babies ne déroge pas à cette approche. Il n'y a pas vraiment de baisse de régime au sein de cette oeuvre vraiment intense. Le superbe et démoniaque
Bloodbath In
Paradise -quel joli titre!- s'ouvre sur une incantation méphitique bien délirante, tellement typique du Madman. Autre exemple des qualités décrites ci-dessus, le fulgurant Tatooed
Dancer, le titre le plus rapide du répertoire d'Ozzy, je ne sais?
Osbourne a en tout cas sorti sa plus belle plume pour nous sortir des textes, souvent clichés (
Devil's Daughter), mais animés d'une sincère envie de partager ses convictions. Ainsi,
Miracle Man balance ses vérités à la face d'une Amérique spectatrice du "télévangélisme".
Demon Alcohol évoque le dépassement du stade
Suicide Solution, grâce à son épouse Sharon.
No Rest for the Wicked est le maillon qui rallie Ozzy à son passé glorieux, tout en le tournant vers un avenir prometteur.
Zakk Wylde et ses soli impétueux y sont assurément pour quelque chose, cela ne fait pas l'ombre d'un doute. Pour ma part, j'invite tout les férus de
Metal à essayer ce trésor, qu'ils apprécient ou non Ozzy. Il s'agit tout simplement d'un monument.
Nota bene: Sur le clip de
Miracle Man, vous pouvez voir
Geezer Butler tenir la basse. Il est également présent sur la session de photo promotionelle. Il n'a pas du tout participé à l'enregistrement et à l'écriture mais est simplement venu remplacer Bob Daisley pour la tournée.
Par contre, dire que j'avais été dérouté à la première écoute lorsque je l'avais acheté à sa sortie en 1988 est un doux euphémisme : après Randy Roads et Jack E. Lee, Zakk Wylde, c'était quand même un sacré choc culturel, il m'a fallu quelques écoutes pour m'y faire !
Je ne connaissais pas cet album d' ozzy et savais encore moins que c'etait le 1er de zakk wylde....hormis ces 2 details, j'ai trouve ce vinyle chez Sue à Lectoure.
La chronique lu en 4V m'a donc permis de le conserver dans le pilot de vinyles selectionnés.
1 belle chronique mais surtout tres juste sur la croisée des chemins stylistiques du prince des ténèbres.
Merci pour cette fine analyse
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire