La légendaire ponctualité des montres suisses est respectée ! Depuis maintenant 10 ans, les non moins célèbres rockers du groupe
Gotthard font la loi sur la musique helvétique à raison d’un nouvel album tous les 2 ans. Depuis le début de ce troisième millénaire, cela nous monte donc à 5 opus.
Alors que penser de ce «
Need to Believe » qui vient clôturer une deuxième décennie de règne pour les 5 compères du gang de Lugano ? Un appel à l’optimisme ? Pourquoi pas ! Un nouveau départ pour le groupe ?
Pas du tout ! Le hard-rock reste de mise, prenant parfois des tonalités bien « heavy », tout en laissant le champs large à Steeve Lee, ce frontman et vocaliste d’exception.
Le prélude de Shangri-la nous laisse dans l’attente jusqu’à un doux interlude qui laisse présager une ballade à la sauce
Gotthard. Mais il n’en est rien ! Un riff à 5 notes vient déchirer la mélodie et annoncer la couleur : le gang est toujours au meilleur de sa forme. Après un premier solo en mi-tempo, on enchaîne avec un pont habillement scandé, pour ensuite glisser directement sur un autre solo, où la guitare semble crier de volupté. Après la reprise du refrain, tout s’achève presque aussi brutalement que cela est arrivé.
Pas de répit, puisqu’un autre accord – assez bien mené – vient poursuivre cet album qui, dès la première écoute, s’annonce déjà comme une grande réussite. Ce morceau, "
Unspoken words", est peut-être moins travaillé que le premier, mais la voix de Steeve Lee se veut plus poussée, alors que l’on entend les claviers de Nicolo Fragile dans le fond; quant à
Leo Leoni, il nous livre un solo à la sonorité quasi-spatiale. Encore une belle pièce !
Tout ceci précède la chanson éponyme, où la voix de Steeve Lee fait encore mouche. "
Need to Believe" n’est autre que le premier single extrait de l’album et s’il n’a pas le punch d’un heavy à la
Mountain Mama, ni l’émotion d’une ballade à la
Heaven, il possède de nombreuses qualités pour séduire aussi bien les nouveaux adhérents au fan-club du groupe que les fidèles de la première heure. Une fois de plus, les deux guitaristes se complètent avec brio.
Le morceau suivant, "Unconditional faith", pourrait presque passer pour une ballade dans la lignée des "Janie’s not alone" et" What I like" de l’album «
Human Zoo ». Cette fois, place est faite à la guitare sèche.
Les amateurs de bon hard patienteront gentiment jusqu’au "I don’t mind", que l’on jurerait presque avoir déjà entendu dans l’album «
Lipservice ». La chanson suivante, "Break away", est beaucoup plus approfondie, même si, dans le fond, c’est un riff tout à fait classique, ce qui ne l’empêche pas d’être efficace.
"Don’t let me down" nous donne l’occasion de souffler 4 minutes. Le ton diffère totalement de tout ce qui a précédé jusqu’alors. Voici LA ballade de l’album ! Une nouvelle petite perle ajoutée au collier que
Gotthard assemble depuis maintenant 18 ans. On l’aurait presque oublié, mais le groupe est aussi un maître de la ballade amoureuse pleine de bons sentiments. Après les mélodies des précédents albums «
Lipservice » et «
Domino Effect », elles aussi magnifiques, mais où les textes évoquaient davantage la déception amoureuse (Everything I want, Falling), Steeve Lee nous gratifie (enfin) d’une nouvelle déclaration d’amour forte (‘I need you more than ever, baby…’), comme le groupe n’en avait plus osé d’aussi belles depuis "What can I do" sur l’opus «
Human Zoo » en 2003. Cela commençait à nous manquer !
Et puis c’est reparti pour un hard bien pêchu avec "Right from wrong" et son refrain on ne peut plus entraînant, sans oublier son pont encore plus dynamique que le riff moteur. Au même titre que "Shangri-la", "Right from wrong" est l’une de ces œuvres qui, au bout de la troisième écoute, donne le sentiment d’être déjà un classique.
La suivante, "I know, you know" débute tout en douceur, permettant ainsi à Steeve Lee de reprendre sa plus belle voix. Le plus long morceau de cet opus est aussi le plus travaillé, où chaque couplet retranscrit une véritable progression dans le thème musical pour introduire un refrain ponctué d’un accord de guitare saturée. Aucune fausse note là-dedans !
"Rebel soul", de par son tranchant, passerait presque pour un trash metal sans autre intérêt que celui de satisfaire les amateurs de musique bruyante et criarde. Heureusement, Steeve Lee accomplit là encore une bonne performance vocale. Cependant, il nous prend rapidement l’envie de passer cette composition à la trappe.
Ne restons pas sur ce bémol pour autant ! En effet, l’opus se clôt par ce que l’on pourrait nommer un morceau de bravoure, signé l’inégalable Steeve Lee et… Nicolo Fragile. Le claviériste – complice du gang depuis maintenant 5 ans – nous livre ici sa première composition sous la houlette
Gotthard. Et quelle œuvre que ce "Tears to cry" ! Les violons, le grondement des guitares, la puissance sentimentale des paroles et le solo endiablé de
Leo Leoni, sans oublier la voix de Steeve Lee qui fait une fois de plus des étincelles, tout y est ! Le simple enchaînement entre le déchirement ressenti dans la voix et la scansion du riff couplée à l’envolée musicale du solo nous donnerait presque envie de crier au prodige.
En résumé, dans ce «
Need to Believe », la première chanson vous scotche, la dernière vous scie… et le tout est fort bien bricolé !
En admettant que – avec «
Open », «
Homerun » et «
Human Zoo » -
Gotthard s’était sacrifié à une trilogie au cours de laquelle le groupe n’avait cessé de peaufiner la qualité de sa musique, tout en affichant un goût prononcé pour les ballades, «
Need to Believe » vient, après «
Lipservice » et «
Domino Effect », clôturer une autre trilogie, beaucoup plus orientée hard-rock et truffée d’excellentes compositions.
Bien entendu, certains trouveront toujours à redire sur ce neuvième album studio. D’ailleurs, soyons clairs, ceci n’est pas le meilleur album d’un bon groupe de hard-rock, c’est simplement un bon album du meilleur groupe de hard-rock de ces 15 dernières années !
On peut juste lui reprocher de moins mettre en avant le talent des musiciens, contrairement aux précédents opus.
Pas de panique pour autant, car les 6 rockers suisses repartent en tournée et, comme vous le savez certainement, ils ont l’habitude de se donner à fond en live.
Dans l’attente de leur passage en France, sur la tournée de
Deep Purple, et en souhaitant que cela les fasse enfin reconnaître chez nous autres les Frenchies…
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