Dave Lee Roth,
Steve Vai,
Billy Sheehan et Greg Bissonette, ça vous dit quelque chose?
THE line up !
1988. Sheehan n'est plus avec Roth. Il a néanmoins bien appris sa leçon auprès du maestro et pense pouvoir refaire le même coup fumant. Avec l'aide de Mike Varney, doté d’un doctorat en shred, il recrute le chanteur
Eric Martin, du ...
Eric Martin Band - on est jamais aussi bien servi que par soi même -, dont les deux albums ont permis de mettre en évidence ses qualités vocales.
Le guitariste
Paul Gilbert (
Racer X) et le batteur Pat Torpey (
Impellitteri,
Stan Bush,
Ted Nugent,
Jeff Paris) sont ensuite contactés. Avoir côtoyé
Steve Vai change une vie (de musicien). Il lui faut du lourd, du très lourd à la gratte! Sheehan a rencontré Gilbert plusieurs années auparavant, au Guitar Institute of Technology de L.A., alors que ce dernier n'avait que 19 ans. De 13 ans son ainé, Sheehan avait été impressionné et n'avait jamais oublié le jeune feu follet. Le choix s'imposait donc.
Bref, pas de petits souriceaux ou de poulets de trois jours ici.
Avec le recul offert par ces quasi trente dernières années, y'a bien que ça qu'elles nous offrent ces s--opes, je crois qu'il n'est pas faux de dire que c'est bel et bien ce fada de Roth qui a lancé la mode des supers groupes avec la sortie de son premier opus « Eat’ Em and Smile » (1986).
Eric Martin,
Paul Gilbert,
Billy Sheehan et Pat Torpey . camarades connaisseurs, ça a quand même de la gueule non ?
Après une longue hésitation, la (Big) troupe choisit son patronyme en hommage au titre de Free, titre que le groupe se décidera à reprendre sur l'album «
Bump Ahead » en 1993, et se met au boulot. Les compositions avancent à un rythme de TGV - hors période de grève -. Selon Martin, l'essentiel de l'album a été composé en une semaine, ce qui en dit long sur la motivation et l’inspiration des musiciens. Un véritable effort de groupe, même si aucun titre n'est co-signé par les quatre zicos.
En 1989, aux USA, les combos dont les membres arborent des fringues plutôt du style cuir "sobre" ne sont pas nombreux, même si les vagues hair métal –
Poison ou encore
Ratt pour dire vite - et Fm –
Bon Jovi pour dire encore plus vite - commencent à s’essouffler. Mr Big est de ceux là - cf. au verso de la cover -. Déjà, point de claviers sur ce skeud. Un premier bon signe ? Dans le même esprit, notons la présence d’une pochette d'album décalée, elle aussi pas vraiment dans l'air du temps, ce qui deviendra une sorte de gimmick pleinement revendiqué par le groupe.
Des musiciens affamés, à l’époque tous guère plus épais qu'une tranche de nori, qui délivrent une musique à classer entre big rock ("
Wind Me Up", "
Merciless" ; "Big love") et hard rock tantôt fougueux ("
Addicted to That Rush"; "Blame it on my youth"; "Take a walk"; "Rock n roll over"), tantôt teintés fm ("Had enough" ; "How can you do what you do", morceau composé par Martin avec Jonathan
Cain de
Journey, et les deux ballades). Servis par des mélodies immédiates, des refrains soignés, et un groove imparable, les onze titres pour 43 minutes et quelques (hors bonus) de cet album ne déçoivent jamais. Mieux encore, ils emballent la plupart du temps.
Eric Martin, pas facile de se faire un nom quand on possède deux prénoms, confirme tout le potentiel entrevu lors de ses débuts en solo. Sa voix dégage le mélange émotion-puissance que nécessite ce type de musique. Il offre des lignes vocales toujours suffisamment originales pour tenir l'auditeur en (Van) haleine.
Paul Gilbert, pas facile de se faire un nom quand on possède deux prénoms, dispute à l'époque à Vito Bratta (
White Lion) ou
Nuno Bettencourt (
Extreme), le titre de fils spirituel de
Van Halen. Gilbert, pas encore affublé des ridicules écouteurs taille XL qu'il porte en permanence sur scène aujourd'hui, régale.
Pas besoin de vous faire un dessin ou de vous nommer des titres, c'est champagne et caviar tout du long (bon allez comme je suis bon prince, posez vos esgourdes sur "
Wind Me Up" ou encore sur l'intro, le jeu en rythmiques et le solo de "How can you do what you do", probablement les deux titres ou l'influence de maître Eddie est la plus présente). Signature sonore du groupe, la basse de Sheehan est placée toujours très en avant dans le mix - tout est dit dés l'intro de "Had Enough" ou encore sur celle de "Blame it on my youth" -. Il faut dire que le bonhomme n'est pas n'importe qui, et que ce n'est donc pas en faisant n'importe quoi qu'il est devenu un boss de la 4 cordes – y’a bien 4 cordes sur une basse, j’ai un doute quand je l’écoute ? -.
Ainsi donc, avec ce premier effort, en dépit d'une musique somme toute "classique" et d'une trame couplet-refrain-couplet-refrain-break-refrain plutôt convenue,
Mr. Big réussit le tour de force d'affirmer une personnalité indéniable en faisant cohabiter mélodies entêtantes et un haut niveau de technicité. Mr Big, c'est un peu l'équivalent musical de la série des bouquins "l'informatique pour les nuls" : le groupe donne l’impression qu’il n’y a rien de plus simple que de jouer des trucs franchement complexes !
Tout est ainsi dit dés l’entame du disque avec l’épatant "
Addicted to That Rush". En à peine plus de 40 secondes. La frappe de Torpey, le jeu en tapping de Sheehan, la réponse de Gilbert et enfin la voix de Martin, l’alchimie est immédiatement présente.
Ne voulant pas jouer la carte du groupe pour midinettes –
Bon Jovi, qu’es tu devenu … -, Mr Big insiste pour sortir "
Addicted to That Rush" comme single en lieu et place d’une ballade ("Had enough" et "Anything for you") ou même d’un "
Wind Me Up" plus radiophonique.
Atlantic Records acquiesce mais prévient le groupe qu’un tel choix pourrait se répercuter sur les ventes au point de ne pas pouvoir intégrer le Billboard 200 US. C’est pourtant à une honorable 75eme place que l’album commence sa carrière - ce qui laissera sans voix un Sheehan convaincu au téléphone que le responsable du label lui a annoncé une 175eme place qu’il juge déjà remarquable -, ceci s’accompagnant quelques mois plus tard d’un disque certifié or (et d’une meilleure place de 46eme au Billboard).
Il ne leur manquera finalement que le tube imparable, ingrédient indispensable pour quiconque veut décrocher la (Big) timbale. Le (Mr) Big tube viendra plus tard, lors de l’album suivant, avec le single "
To Be with You", numéro 1 dans les charts de pas moins de 15 pays en 1991. Jackpot assuré!
La production de Kevin Elson manque aujourd'hui d'un poil de tranchant sur les guitares et de puissance pour la batterie mais reste cependant de bonne facture. A sa sortie, le disque marqua mes esprits (si c’était une chro d’un skeud de thrash, j’aurai écrit qu’il me troua la rondelle). Il est ainsi resté longtemps mon préféré du groupe. Aujourd'hui, je serais moins affirmatif, ma préférence allant de plus en plus vers le suivant. Preuve probablement que l'ensemble a un peu vieilli et que certaines compositions manquent d'un je-ne-sais-quoi d’originalité ou de « qualité » ("
Merciless" ; "Rock & roll over").
Léger bémol également en ce qui concerne les deux ballades, "Had enough" et "Anything for you". La première ne décolle (légèrement) que lors d'un refrain efficace et la seconde aurait méritée d'être plus bluesy pour emporter complètement mon adhésion. Je passe rapidos sur les paroles de Martin, navrantes, je n’attendais heureusement pas un essai philosophique.
Au Japon, la petite troupe soulève une lame de fond tsunamiesque et devient Big en un temps record. Les musiciens resteront à jamais attachés à ce pays (leurs cinq premiers albums y sont or ou platine). D’ailleurs, l'album suivant vaudra également son pesant de sushis, mais ceci est une autre histoire/chronique.
Permettez-moi pour finir d’avoir une pensée pour Pat Torpey qui lutte actuellement contre la maladie de Parkinson, et qui ne peut plus accompagner ses camarades actuellement en tournée. Saloperie de Parkinson que je ne connais hélas que trop bien (miss you daddy). Good luck mec.
Vous pouvez sécher vos larmes et repartir vaquer à vos occupations.
J'avais lu cette info sur Pat dans RockHard, 55 piges, dur...
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