L’arrivée d’un album live suscite toujours quelques interrogations, notamment sur sa légitimité, son intérêt et la place du disque dans la carrière du groupe en question.
Il y en effet ces live que l’on attend depuis des années, qui concrétisent l’hégémonie d’un combo sur un style qu’il survole depuis quelques temps. Dans ce sens, l’album vient à point nommé pour fixer une date, un lieu et affirmer plus que jamais le groupe. Il y a une seconde catégorie, celle des live qui sortent pour terminer un contrat avec un label, un dernier disque à réaliser mais que le groupe ne souhaite pas qu’il soit trop ambitieux ou en avant (les différends sur la promo ou les financements sont souvent au centre de ces mécontentements) et l’idée du live aux frais de studio réduits ainsi qu’à la durée de vie dans les bacs plus courte est séduisante. Vite fait bien fait dirons-nous.
Puis, il y a les live qui sont presque des appels au secours, des signaux de vie pour affirmer qu’ils sont encore vivants et qu’il ne faut pas les oublier, qu’ils reviendront bientôt…"
Live :
From Chaos to Eternity" de
Rhapsody (of
Fire of Staropoli & co) fait partie de ceux-là…
Effectivement, ce nouvel album live n’est pas l’histoire d’une fin de contrat puisqu’il introduit au contraire le groupe chez AFM Records (
Nuclear Blast ayant visiblement fait le choix de la stabilité avec
Luca Turilli qui a su répondre très rapidement à une deadline imposée par le label allemand). Cependant, il est vrai que ce live sort un peu du milieu de nulle part car Alex Staropoli et Fabio Lione (actuellement en tournée avec
Angra) auront été fort peu expansifs, pour ne pas dire excessivement discrets, sur l’avenir du « vrai »
Rhapsody of
Fire après le split à l’amiable de 2011. Car "
From Chaos to Eternity" va bientôt avoir deux ans et rien ne semble venir pour mettre à jour une nouvelle saga pendant que leur ancien compère guitariste a déjà sorti un premier disque auréolé d’un succès critique et commercial ainsi qu’une grosse tournée (et le deuxième est déjà en cours de réalisation, même si cela ne nous surprend qu’à peine venant de ce stakhanoviste du travail).
Finalement, sans énorme promo, ce second album live (après le "
Live in Canada" suivi du dvd "
Visions from the Enchanted Lands") déboule donc sur nous, dans une version double cd et paré d’une setlist malgré tout alléchante (malgré un visuel on ne peut plus sommaire et inhabituellement laid pour le groupe) qui donne légèrement espoir pour un hypothétique avenir au groupe composant désormais avec les guitaristes Tom
Hess et Roberto Di Micheli.
Se reposant sur les grands classiques de
Rhapsody, "
Live :
From Chaos to Eternity" se penche également beaucoup sur les albums plus récents, notamment le dernier né ainsi que "Trimph or
Agony" qui se retrouve relativement en avant. Le son est très bon même s’il manque cruellement de punch, et on pourrait déplorer (du moins pour une version uniquement cd) la présence d’autant de samples qui font inévitablement retomber la furie et la pression d’un concert réel. Tout est extrêmement cadré et rien ne permet le moindre dérapage. Dans le même temps, et paradoxalement, cet excès de technologie se retrouve décevant dans le sens où le son, lui, n’est pas assez puissant pour complètement accrocher l’auditeur (que c’est plat !) et, en comparaison par exemple du "
End of an Era" de
Nightwish (lui aussi avec énormément de bandes enregistrées) qui possède un son gigantesque.
Le groupe multiplie également les intros (pas moins de six) et le fait qu’il ait puisé dans de multiples concerts différents (principalement en Espagne, en Italie et en France) fait que l’ensemble manque sensiblement de cohésion. Fabio Lione assure très bien son rôle de frontman et se veut vocalement extrêmement bon (bien que moins impressionnant qu’en studio sur les parties très agressives de "
Aeons of Raging Darkness" ou "
Reign of Terror", indubitablement moins intenses que sur albums) mais il ne semble pas interagir énormément avec son public, ne lui parlant pas énormément, bien que ce dernier soit très présent dans le mix.
Évidemment, l’interprétation de tueries comme "Knightriders of
Doom", "
Dawn of
Victory", "
From Chaos to Eternity" ou encore "
Emerald Sword" sont très fédératrices et il est impossible, quand on aime
Rhapsody, de ne pas se sentir emporté par la générosité du groupe. De même, les sensibles "
Lost in
Cold Dreams" ou le sublime "I Belong to the Stars", passent agréablement le cap de la scène tout comme la monumentale dernière partie de "The
Mystic Prophecy of the Demonknight" qui sert de clôture au concert (en grande partie enregistré, où j’ai l’impression qu’Alex Holzwarth est le seul à encore jouer).
Globalement, il n’y a pas grand-chose à redire à ce live, si ce n’est sa propre légitimité en tant que disque. Alors que l’on n'en sait absolument pas plus sur l’avenir du groupe, ce disque est un peu comme un cheveu sur la soupe, qui sort pour montrer que le groupe existe mais dans un même temps que rien n’est prévu dans un avenir proche pour un album studio. Il est donc difficile de savoir comment accueillir ce double live, qui laisse un léger arrière-goût dans la bouche. Celui qu’il manque quelque chose, une certaine folie, une énergie qui fait ici cruellement défaut…nous n’irons pas jusqu’à dire que
Rhapsody of
Fire a perdu son live mais le constat est que le split a tout de même laissé quelques séquelles…et que nous espérons les voir guérir au plus vite…oui au plus vite…
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