On le sait, comparer n’est jamais une bonne chose à faire lorsque l’on parle de musique mais la nature humaine est ainsi faite et, inéluctablement, on cherche des repères, des points de ressemblance ou de discorde pour placer une œuvre sur le grand échiquier de la création.
Quand l’on parle d’un groupe majeur, virtuose et ayant créé un véritable univers, virtuose et symbole d’une génération entière (l’époque dorée de la fin des 90s), il y a forcément fort à faire. Lorsque Alex Staropoli décide de continuer l’aventure suite à la séparation avec son comparse d’aventures
Luca Turilli, on se dit déjà que ça sera compliqué. Si le guitariste avait déjà prouvé, par sa carrière solo (les cultes "
King of the Nordic
Twilight" ou "
Prophet of the Last
Eclipse" sont là pour en témoigner) ou
Dreamquest, qu’il pouvait très bien s’en sortir seul, le claviériste ne l’avait jamais démontré avant.
"
Dark Wings of Steel" ne rassura personne et si "
Into the Legend" était sensiblement plus intéressant (mais bien peu porté vers l’avant), le départ de Fabio Lione et du reste de line-up (une partie avec Luca, Fabio chez
Angra puis tout les anciens qui forment
Rhapsody Reunion pour une ultime tournée d’adieu) sembla enterrer définitivement les espoirs de voir
Rhapsody (of
Fire) continuer à vivre. Mais Staropoli est têtu, recrute un line up entier et propose avec "
Legendary Years" un projet complètement casse-gueule et suicidaire pour un groupe de cette trempe : un album entier réenregistré avec le nouveau line up. Parfaitement maîtrisé mais n’apportant rien et forcément, la comparaison n’était pas flatteuse, voir inutile.
"
The Eighth Mountain" dévoilait un groupe ancré dans le passé, cherchant clairement à jouer sur la carte de la fibre nostalgique, entre un vétéran empêchant le navire de couler, des nouveaux venus excités et jouant une musique les ayant fait vibrer avant, un guitariste ayant la lourde tache de faire oublier la virtuosité passée et un public qui, forcément, n’y trouvait pas autant son compte que dans les cultes premiers opus.
"
Glory for Salvation" continue la même quête et la même recette. On sent, à l’écoute du disque, que Giacomo Voli a pris de l’épaisseur au micro (il provient du "The
Voice" italien et a fait plusieurs émissions TV rock/metal en Italie) et que sa maîtrise technique est impeccable. Cependant, une fois n’est pas coutume, même si sa prestation est parfaite, difficile de faire oublier un chanteur aussi charismatique et unique, véritable conteur qu’était Fabio, Giacomo étant très technique (probablement plus que son prédécesseur) mais entrant bien plus dans le « moule power metal » que le genre produit depuis deux décennies. Roberto de Micheli en est à son 5e album avec
Rhapsody et ses riffs et solis sont précis et véloces, on le sent désormais totalement à sa place dans le groupe. Quant à la base rythmique, ce sont de fins techniciens et il n’y a rien à redire sur le sujet.
Donc quid de ce "
Glory for Salvation" ?
Difficile … difficile de lui prévoir un véritable avenir sous le nom de
Rhapsody of
Fire. La production n’aide pas, dénaturant en partie ce qui a toujours fait des italiens un monstre unique en son genre. Enregistré sous la houlette d’Alex mais produit par Seeb Levermann, il en ressort justement un disque sonnant plus comme
Orden Ogan que
Rhapsody, c’est à dire avec un mix porté sur les chœurs (impressionnant il faut le dire, mais heureusement chez eux) mais délaissant les orchestrations et les faisant sonner comme des claviers affreusement synthétiques et artificiels. Où est passé la virtuosité et la grandeur d’un "
Dawn of
Victory", d’un "
Rain of a 1000
Flames" ou d’un culte "
Power of the Dragonflame" ? Où est la démesure lyrique d’un "
Triumph or Agony" ou la puissance démentielle du duo "
The Frozen Tears of Angels" / "
From Chaos to Eternity" ?
Le choc est rude quand déboule "Son of
Vengeance" sans intro ni préambule (on est sur un disque de
Rhapsody bordel!) avec ces claviers à la
Freedom Call. Le titre éponyme est encore pire et sonne carrément en plastique. Heureusement, les chœurs grandioses et presque liturgiques apportent la grandeur recherchée par la composition mais, dieu qu’Alex semble à la masse dans la portée symphonique de ses compositions.
Le groupe s’en sort donc bien mieux sur ses titres speed faisant inexorablement référence au passé. L’intro supersonique de "The
Kingdom of Ice" nous replonge 20 ans en arrière, tout comme le fabuleux "Maid of the Secret
Sand" qui aurait clairement sa place entre "
Emerald Sword" et "
Dawn of
Victory" dans une setlist. Speed, efficace, mélodique et épique ce qu’il faut pour être chantant (le côté barde sur les couplets est parfaitement réussi et Giacomo en ressort grandi que lorsqu’il cherche à chanter en falsetto) et ponctué par un solo dans la pure tradition. Il faut aussi noter "
Chains of Destiny" et sa double pédale constante, au refrain lumineux qui nous rappelle pourquoi
Rhapsody a changer une partie de la face du power metal et que son héritage reste, par touches, toujours présent dans ses nouvelles productions.
Il faut être honnête, n’importe quelle groupe déboulerait avec "
Glory for Salavtion" que le monde entier lui ferait les yeux doux mais nous parlons ici de
Rhapsody of
Fire et de ce qui pourrait s’apparenter à un fardeau à traîner avec lui (Luca l’a bien compris en créant des nouveaux groupes à chaque fois). La magie est parfois présente (le sublime "Infinitae Gloriae" et son mid tempo aux mélodies enivrantes et aux lignes de chant parfaites) mais s’égare parfois dans des poncifs qu’il a lui même créé fut un temps (le duo "
Eternal Snow" – "
Terial the Hawk" et sa mélodie celtique ne faisant pas vibrer malgré une très belle intro aux vents). Reste le gros pavé "
Abyss of
Pain II", long de dix minutes, jouant sur des ambiances plus ténébreuses et sur un riff principal étonnant lourd et heavy pour eux. Une fois encore, c’est le fabuleux travail sur les choeurs qui apporte de la grandeur ainsi que les multiples allers-retours entre guitares et claviers pour une énorme partie soliste qui nous rappelle les grandes heures des italiens.
"
Glory for Salvation" est loin d’être un mauvais moment en soi, il est même agréable et attachant à de nombreux égards et permet de longer un sentier moins sinueux qu’il y a quelques années. Il n’en reste pas moins que les sommets semblent lointains, voir inaccessibles pour ces alpinistes de l’extrême qui ont décroché l’Everest plus d’une fois … et pour qui on comparera toujours leurs précédents exploits. Cruel mais humain ...
Merci pour ta chronique, très bon album en l'état mais d'accord avec toi sur le fond, rien de nouveau à l'horizon. Petite déception sur le fait que Alex cherche à renouer avec un Power Old School plutôt que de progresser sur sa face plus sombre et moins exploitée (big up à "From Chaos to Eternity", "The Frozen Tears of Angel", ou le superbe Immortalia de Sound Storm...).
Le chanteur est excellent, mais son timbre correspond trop à un Power nasillard, on parle de Rhapsody et cet album manque un peu de noirceur, chose que j'avais retrouvé sur "Eight Moutain" avec son sublime "Tale of the Hero's Fate" ou "Seven Heroic Deeds". Bref, j'attends encore le jour de "Rhapsody in Black" (vous savez, ce projet qu'avait eu Alex de "Darkifier" Rhapsody à la Reign of Terror)...mais ce ne sera pas pour aujourd'hui.
Je ne dirais pas que Giacomo Voli m'a fait oublier Fabio Lione mais depuis son arrivée, j'aime beaucoup sa voix. Ils ont fait un très bon choix de remplaçant. Musicalement on est loin de l'extraodinaire des débuts mais personnellement ça me parle un peu plus que la période qui s'étend de 2006 à 2013.
Giacomo est un très bon chanteur, qui sait délivrer le feeling. C'est un passionné et ça s"entend. J'aime beaucoup Fabio, mais Giacomo, au moins, il sait prononcer son anglais correctement
he bien pour moi c'est tout simple rhapsody of fire avec ces deux dernieres galettes est un de mes meilleurs groupes actuels les musiciens sont tres techniques et les solos tres inspires ont n'est pas dans la demonstration mais vraiment dans une demarche positive .Le chanteur assure sa partie avec un timbre reconnaissable il a son identite et colle a la musique le passe est le passe et il n'y a pas beaucoup de groupe actuel avec un tel potentiel .
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