"Quoi, encore un nouvel album ? Pour la cinquième année consécutive ?
Nan, c'est pas possible..." On a beaucoup entendu ça. J'étais moi-même le
premier à m'offusquer de la production industrielle de
Korpiklaani. De Tales à
Korven Kuningas, on
avait l'impression de pouvoir mettre n'importe quelle chanson dans n'importe
quel album sans que le plus grand fan en soit troublé.
Karkelo pointe le bout de son nez : même cover, même équilibre entre
chansons en finnois et en anglais, au vu du premier single "
Vodka",
toujours le même style encore et encore...La lassitude menaçait.
Mais, attendez...! Une cover !
Korpiklaani n'est pas un groupe à cover, que je
sache ? Première curiosité...
Au bout de quelques chansons, un sourire illumine le visage. Cet album est surprenant
à bien des égards ; il ne s'agit pas encore de la révolution qui fera évoluer
le style folk festif de
Korpiklaani, mais il y a quelque chose, au fond, qui
gigote et demande à être révélé.
Il s'agit pour nous de gratter un peu le fond de cette casserole Folk
Metal :
Korpiklaani est bien là, on l'a compris, et le groupe n'a pas
l'intention de se lancer dans un revirement total et incompréhensible (du genre
le Ur Jordens Djup de
Finntroll, par exemple) : c'est
pourquoi on retrouve, avec une approbation pas toujours générale, le style du
groupe.
Rythme et riffs habituels, accordéon et violon, paroles célébrant la
fête et l'alcool coulant à flots, c'est ce qu'on retrouve dans les deux
chansons en anglais "
Vodka" et "Bring Us Pints of Beer". Ce
qui fait la spécificité du groupe n'a pas été oublié non plus, puisque la
chanson "Kohmelo" s'ouvre sur le joik du chanteur, signature de
Jonne
avant même que
Korpiklaani existe.
Dans la même veine, l'album est agrémenté de certaines chansons qui ne sentent
pas complètement le réchauffé, qui ne sont pas très enthousiasmantes mais qui
se laissent quand même écouter par amour (soyons fous !) du groupe : "Isku
Pitkästä Ilosta", "Erämaan Ärjyt", "Vesaisen Sota" par
exemple.
L'aspect le plus frappant qui éloigne le groupe de ce qu'il a pu faire
auparavant, c'est le nombre important de chansons lentes : ça va déplaire aux
grands fans qui aiment ce qui est constamment ressassé, ça va pas convaincre
ceux qui attendaient un véritable changement, mais c'est déjà pas mal.
"Huppiaan Aarre" ou "Kultainen" par
exemple n'appellent pas à la danse endiablée.
Pour poursuivre une typologie des chansons de l'album, il faut tout de même
noter que la plupart des chansons sont intermédiaires, comme on l'a vu, entre
du déjà vu et du novateur : il y a ainsi une catégorie que l'on pourrait
qualifier de "chansons progressives", longues, avec une introduction
instrumentale et une deuxième partie chantée et plus dynamique ("
Mettänpeiton Valtiaalle", "Sulasilmä").
A côté de cela, certaines chansons font réellement froncer les sourcils dans la
mesure où on ne s'attend pas tellement à ça de la part de
Korpiklaani. Notons à
titre d'exemples les riffs centraux, le chant rapide (bien différent du
joik) de "Uniaika" ou encore "Juodaan Viima", qui
sonne réellement différente aux oreilles du fan avec sa flûte et ses choeurs
très joyeux. Mais ne nous emballons pas, c'est une cover, ce qui explique
qu'elle soit traitée différemment. En tant que fan de
Korpiklaani, je peux
réellement affirmer qu'elles sont surprenantes.
C'est donc sur ce terme qu'il faut achever une chronique de
Karkelo
: certes, il n'y a pas de quoi crier à la révolution tant attendue, mais on
sent que le groupe a atteint une certaine maturité. Les chansons se ressemblent
encore beaucoup, mais il faut noter les évolutions : changements de tempo,
suppression surprenante mais pas franchement gênante des titres instrumentaux au
profit de titres longs semi-instrumentaux...Personnellement j'admire les
quelques nouveautés de cet opus, sans que les chansons me plaisent
tant que ça ; mais il n'est pas question de ma subjectivité ici. Le
groupe a du comprendre que le "style
Korpiklaani" finirait
par s'essouffler...Sautiller c'est sympa mais au bout de quelques minutes, on
est fatigué.
Le seul que j'écoute du début à la fin sans un poil de lassitude c'est Tervaskanto, mais j'admets que les meilleurs titres ne sont pas sur cet album.
J'aime beaucoup écouter cette album, et j'écoute souvent Könnin Kuokkamies, magnifique ce morceau!
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