« L’ambition est la mère de toutes les vertus »
Jacques François Ancelot
Les groupes qui disent, pensent ou veulent révolutionner le monde musical sont nombreux. Ceux qui y parviennent, bien souvent sans en avoir l’ambition première, ne sont qu’une poignée.
On les compte pourtant par dizaines ces jeunes artistes aux dents longues qui crient haut et fort qu’ils ne sont pas comme les autres, qu’ils sonnent de manière unique et qu’ils sortent ardemment des sentiers battus pour dresser comme fer de lance originalité et indépendance.
La vague djent a subi un énorme déficit d’image en partie à cause de ses groupes ayant voulu s’affranchir de tous en s’inspirant pourtant majoritairement de groupes révolutionnaires bien souvent moins bavards mais aux actions plus grandes.
Meshuggah,
The Dillinger Escape Plan,
Textures ou
Protest the Hero sont arrivés avant les
Bulb,
Periphery, Animals as Leader ou encore
Architects tout en apportant une fraicheur et une identité que les autres ont bien du mal à insuffler à leurs projets respectifs (bien que chacun évolue à son rythme et tend vers la bonne direction).
Les américains de
Periphery furent très rapidement portés aux nues et annoncés comme les leaders d’un nouveau genre, doublé d’un talent unique et hors du commun. Pourtant, malgré un enthousiasme assez incompréhensible et un statut très rapidement impressionnant pour un si jeune groupe, la bande à Misha Mansoor proposa avec son premier disque éponyme un symbole creux sous forme de coquille vide puis un second disque plus personnel mais encore bien loin de convaincre pour un prétendu leader. A cela s’ajoutèrent une multitude de ep en tous genres qui ne firent que ternir l’image d’un groupe qui semblait se complaire déjà dans les remixes et les versions alternatives que dans la composition première de bons titres.
Il faut donc imaginer que, lorsqu’on nous annonce que le meilleur groupe de ces dernières années (dixit
Century Media) va sortir deux albums simultanément, intitulé "Alpha" et "
Omega" (comme de nombreux groupes avant eux) d’un même prisme nommé "
Juggernaut", on craint au désastre et au remplissage en règle.
Mais les meilleures surprises viennent souvent de celles que l’on n’attend pas…
Deux faces d’un même projet sortant séparément le même jour ou dans un packaging spécial pour la version vinyle (magnifique, il faut le dire !). Là où l’artwork principal suit la même logique que les précédents, l’illustration principale de "
Juggernaut – Alpha", est une véritable merveille graphique glauque et inspirée très loin de l’imagerie sobre et clinique habituelle.
C’est un secret de polichinelle que de dire que Spencer Sotelo, malgré sa présence depuis le premier disque, est un chanteur décrié et que l’on a souvent regretté le départ de Chris Baretto présent sur les premières démos. Pourtant, c’est lui qui impressionne et donne le ton sur "A Black Minute", introduction très introspective et ambiante. Sa voix claire fait mouche, l’émotion est palpable, l’évolution notable dans l’intentionnalité et le timbre qui, bien que reconnaissable, est enfin maitrisé et cohérent dès qu’il se confronte avec du growl. Longue montée en puissance de quatre minutes, ce premier titre évolue lentement vers un univers plus ambitieux, des chœurs arrivent progressivement en même temps que les riffs lourds caractéristiques du groupe prennent le pas. L’ambiance se noircie, l’atmosphère se complexifie et se densifie, laissant présager une production dantesque et monstrueuse de puissance mais trouvant, là aussi enfin, une âme et un impact réel. Si bien que "MK Ultra" résonne déjà comme une claque en travers du visage, posant un riff énorme, lourd, technique et monolithique sur lequel des sonorités en polyrythmie apportent un aspect malsain et dérangeant insoupçonné chez les jeunes américains. Le chant hurlé de Spencer se veut menaçant et brutal, surplombant parfaitement les riffs étouffant et le rythme de poulpe imposé par Matt Halpern qui parvient même à sonner jazzy dès la fin de ce titre ouvrant sur un "Heavy
Heart" plus posé et planant. Trois titres et trois ambiances, trois atmosphères marquées et un talent dans chacun de ces univers qui force l’admiration en plus d’être vraiment surprenant. "Heavy
Heart" s’impose ainsi dans un genre très pop et mélodique sur lequel Sotelo impose un chant clair cristallin et empli d’émotion, parfois presque seul dans le mixage.
Là où son chant clair dérangeait réellement précédemment, on en redemande sur cette première partie, bien plus lumineuse que ce que deviendra sa suite "
Omega". Le titre éponyme, "Alpha", surprend la première fois mais devient rapidement hit grâce à son riff entêtant (mais toujours accordé trois tons en dessous de la normale !), son refrain qui ne choquerait pas en radio pendant que le vocaliste s’égosille littéralement sur des couplets crus qui présentent une nouvelle vision d’un metalcore intelligent et adulte. Un solo épuré surplombe l’ensemble, Misha et ses deux compères ayant là aussi eu l’intelligence de lever le pied sur les démonstrations inutiles pour se focaliser sur les riffs, les mélodies et une complexité « utile » servant la musicalité et l’ambiance des morceaux.
"22 Faces" est par exemple un véritable rouleau compresseur de riffing mais comme Thordental aurait pu le composer sur "Obzen", avec des saccades, des phases aérées et des instants où le poignet est en complète souffrance. "
Rainbow Gravity" va même plus loin, rappelant de son côté les ambiances noires et mécaniques de "Catch 33" mais avec talent et imagination, sans que l’on ait la sensation de subir une redite sans idée comme c’était trop souvent le cas sur les deux précédents albums. Ici, "
Periphery" montre l’étendue de ses influences tout en imposant un son, une attitude et une identité désormais indéniable et reconnaissable entre tous. "Psychosphere" parvient à étouffer l’auditeur par l’épaisseur de ses riffs tout en conservant un caractère mélodique, notamment vocal, démontrant une réelle envie de casser les codes.
"
Juggernaut – Alpha" est une réussite complète, premier épisode d’un double album excellent et dont nous n’attendions finalement que peu de choses. Il est la face lumineuse du prisme, celle qui démontre que
Periphery peut titiller la pop sans se renier, qu’il est capable d’être atmosphérique, technique et lourd à la fois tout en apportant, lorsqu’il le faut, la brutalité nécessaire à un panel d’émotions extrêmement large. N’attendons pas plus longtemps…"
Omega" nous ouvre ses portes…
Periphery quel groupe audacieux! en écoutant alpha j'ai fait le constat suivant.
Cet album montre une évolution certaine de ce groupe hors pair tant au niveau de la musique de sa technique ainsi que le chant tantôt claire ou crié, Typique du genre appeler Djent.
Après je ne me fierais pas a wikipedia dont la fiabilité est à mettre en cause surtout sur les genres de musique Metal.
En effet, j'ai pu y voir pas mal d'erreur !
En tant que fan de Metal Progressif, c'est avec un grand plaisir d'écouté du nouveau matériel venant de ce groupe talentueux.
En tout cas un très bon album en ce début d'année!
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