Dévastateur. Puissant. Surprenant. Maitrisé. Technique. Expérimental. Inspiré.
[Choisissez le superlatif que vous préféré concernant le nouvel album de
Periphery]
Oui, c’est arbitraire. Oui je n’ai placé aucun mot évoquant un défaut. Oui, "
Hail Stan" est un putain d’album, le meilleur de
Periphery à ce jour. Oui il surpasse "
Juggernaut". Et non,
Periphery n’a plus rien à voir avec ce groupe pour auditeurs en manque de sensation qui avait tant fait jasé après son premier album si empreint de défauts et de carences.
Periphery est devenu grand, a changé de cour et, plus que devenir une référence, chasse de leur perchoir beaucoup de groupes.
Voilà pour la conclusion, revenons légèrement en arrière maintenant.
Suite au surprenant et osé double album qu’était "
Juggernaut" (qui ne contenait d’ailleurs pas de numéro dans son titre), la bande à Misha Mansoor était revenue aux affaires courantes avec le redoutable "III – Select Difficulty". Probablement un peu trop long et retombant parfois dans des raccourcis de composition ou des tics vocaux trop marqués, il donnait la sensation d’être sorti un peu trop tôt après son prédécesseur. A l’inverse, les américains ont cette fois pris le temps. Trois ans entre les deux opus, une année entière consacrée à la composition, l’intervention de musiciens extérieurs pour l’enregistrement en la présence d’un ensemble à cordes d’une dizaine de personnes et une direction beaucoup plus progressive et expérimentale de la chose.
Il suffit de regarder la tracklist. Neuf titres, un premier de seize minutes ( !), un dernier de neuf et demi et une durée totale qui dépasse l’heure. Ensuite vient l’écoute … il se passe quelque chose dès la première. Cette sensation, encore plus prégnante que sur "Alpha", de tenir quelque chose par le bon bout, qu’une formule magique a été trouvé, que le djent peut grandir et apporter bien plus que ce qu’on pensait il y a encore quelques années quand nous ne voulions voir que des trublions inspirés par le metalcore,
Meshuggah et
The Dillinger Escape Plan. Et surtout que
Periphery, en plus d’avoir quasiment inventé le genre (qu’on le veuille ou non), a plusieurs trains d’avance sur les autres et, à l’instar du défunt
Textures (magnifique "Phenotype" …) ou de TesseracT (fantastique "Sonders" …), possède une identité désormais clairement identifiable.
Ouvrir son album sur une ligne orchestrale est une première surprise. Spencer Sotelo, désormais transfiguré et impressionnant dans tous les registres, débute sur une narration sombre avant un premier hurlement qui en amènera bien d’autres. Sans surprise, la production de Mansoor est étouffante et écrasante au possible, sans pourtant empêcher que l’on distingue parfaitement chaque élément. Les guitares proposent autant de riffs monolithiques et pachydermiques que de multiples mélodies qui enrichissent énormément le spectre sonore. Matt Halpern se mue en véritable poulpe tant son jeu est varié, enchainant blasts, patterns ou jeu au pied insaisissable. Seize minutes d’un "Reptile" qui redéfinissent le genre à eux-seuls, avec un refrain dantesque, notamment dans sa seconde version, quand les screams se superposent à une chorale chantant la même chose, avant un break atmosphérique témoignant d’une grande maturité de composition. Des thèmes reviennent fréquemment sans provoquer de lassitude tout en évoluant suffisamment pour ne jamais tourner en rond. Un sans-faute pour débuter ce "IV –
Hail Stan" (un titre débile selon les intéressés…évoquant autant à un jeu de mot pour penser à «
Hail Satan » quand on le lit – une illustration de
Baphomet est d’ailleurs présente au centre du vinyle – qu’à un hommage déguisé à Stan Lee … allez savoir !). La suite sera tout aussi jouissive.
La doublette "
Blood Eagle" – "Chvrch
Burner" est un condensé de ce que
Periphery propose de plus violent et radical. Des riffs à découper au hachoir, un Spencer Sotelo qui ne s’est jamais aussi bien égosiller, parvenant à introduire une noirceur inédite et une véritable folie à ses vocaux, souvent bien plus death que djent d’ailleurs. Le phrasé est rapide, frénétique et n’est pas sans rappeler un certain Greg Puciato puisqu’il se permet de plus en plus de partie en spoken words ou très clean pour contrer l’instant suivant avec la furie la plus excessive. Les trois guitaristes sont impressionnants de maitrise derrière leurs instruments, que ce soit
Jack Bowen et ses changements de rythmes imprenables ou Misha Mansoor qui nous illumine de certains soli d’extraterrestres (celui de
Blood Eagle est juste incroyable).
Mais comme
Periphery ne souhaite pas tourner en rond et encore moins livrer un album lisse qui serait compris après trois titres, il varie les plaisirs et apporte des idées pour continuer à aller plus loin.
Outre les arrangements orchestraux qui parsèment plusieurs titres, les bidouillages électroniques qui renforcent la schizophrénie du son (le final du "Chvrch
Burner" par exemple), le groupe propose également des titres beaucoup plus mélodiques sans qu’ils fassent office de remplissage. "It’s Only Smiles" est une première respiration bienvenue démontrant toute la prise de confiance du vocaliste dans un registre plus « poppy », "Crush" en est une autre puisqu’elle s’embarque plus vers la synthwave. Batterie électronique et samples accompagnent un Spencer majoritairement clean qui place un refrain imparable qu’il est très difficile de se séparer…ne donnant que plus d’ampleur à l’arrivée des screams qui suivent. Les cordes viennent se mêler à tout ça dans un final prenant la forme d’un délire hommage aux vieux films d’horreur pendant plus de deux minutes, entre tension et interrogation, ou simple preuve que
Periphery n’en a plus désormais rien à foutre de ce que pourront dire les détracteurs.
Si "Follow the
Ghost" ou "Sentient
Glow" nous ramènera en terrain connu dans ce que le combo maitrise de mieux, "Satellites" vient clore ce feu d’artifices technique par une sublime composition de plus de neuf minutes, débutant par une mélodie acoustique tout en sensibilité. Le chant clair de Spencer nous emporte, sans niaiserie mais avec une détermination dans ce qu’il chante. Toujours cette partie de batterie qui, loin de n’être qu’une assise rythmique, est une énorme plus-value pour la richesse de la composition et qui densifie un début de titre volontairement intimiste et décharné du côté des guitares. Puis les étoiles explosent dans une rage sourde et soudaine, aussi noire et désespérée que les riffs ne sont répétitifs et inlassablement écrasants sur l’ultime partie. Les riffs se mêlent aux cris, tout est en fusion, tout est connecté, tout n’est que violence mais dans une explosion de beauté presque palpable (le troisième guitariste qui continu de jouer en clean sur les riffs huit-cordes de ses compères). Une conclusion fantastique à la hauteur de l’ouverture de haute volée que représentait Reptile.
La conclusion ? Vous la connaissez déjà je crois …
[Veuillez remonter en haut de la page pour lire cette dernière].
Le premier titre est vraiment incroyable. Spencer a des cleans vraiment incroyables. J'ai boudé Periphery pendant trop longtemps mais la je suis sous le charme complet!
Je n'avais pas écouté Periphery depuis le premier, qui m'avait traumatisé tellement j'avais trouvé ça chiant (et putain ce chanteur qui me vrillait les timpans...).
Et là, grosse suprise, c'est plutôt pas mal. Surtout le chant, effectivement on dirait qu'il vraiment puisé dans Greg Puciato tant les différents types de chant s'en rapprochent. Par contre "souvent bien plus death que djent d’ailleurs" bof bof, très peu de chant death (d'ailleurs ils sonnent pas terribles, il manque vraiment de coffre dans ce style de chant), seulement de temps en temps en arrière plan. On est toujours plus ou moins sur du hurlement, pas de guttural.
Bon par contre les morceaux très pop j'ai quand même du mal (It’s Only Smiles j'ai vraiment l'impression d'écouter du pop-punk style Good Charlotte/Hoobastank/trucsdanslestylequimefilentladiarrhée, et pas loin sur Sentient Glow). Crush est vraiment pas mal par contre.
Du coup je retiens surtout les 3 premiers morceaux, vraiment marquants, le reste navigue entre le beurk ( It’s Only Smiles) et le trop classique (Follow the Ghost).
Un truc qui me fait chier, et que je vais commencer a dénoncer parceque la c'est plus possible. Ce sont ces especes de scream choir la (je sais pas comment les appeller). En gros c'est le principe du "pour rajouter de l'épique une énorme chorale va scream sing les refrains" pour que ca aie de l'impact. Trivium sont coupables de ca (sur le dernier meme si je l'adore). Architects aussi. As I Lay Dying aussi. Motionless in White aussi. Whitechapel aussi. Bref tout ce qui touche de pres ou de loin a du Metalcore post 2012 est coupable de ca. C'est souvent moche, mal placé (sauf dans le cas de Trivium mais il y a un coté surprenant sur Beyond Oblivion parcequ'ils ne l'avaient jamais fait). C'est hautement inssuportable je trouve et ca commence a beaucoup se voir. Si je devait donner vraiment un défaut a ce Periphery IV c'est ca. Franchement les mecs... C'est déja hyper daté comme truc..
pielafo : S'il y avait que ça comme manie dans les groupes récents, ça irait encore. Pour voir, j'ai survolé les principales sorties d'albums d'avril sur un célèbre site de streaming. La moitié au moins, font les mêmes types de refrains, les mêmes accordages ultra graves, les mêmes patterns de batterie...
Aucune originalité, aucune prise de risque. Au moins, des groupes comme Periphery le font bien, avec juste ce qu'il faut pour se démarquer. Ce type de refrains, sur le IV, je trouve que ca passe, d'autant que le chanteur a amélioré plein d'autres choses.
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