En 1993, fort d’un
Dark Recollections et d’un
Like an Ever Flowing Stream très convaincants, sortis sur les noms respectifs de
Carnage &
Dismember, la bande d’Etsby, Blomqvist & Kärki doit désormais confirmer son statut de leader chez le label
Nuclear Blast, mais aussi son nom sur la scène deathmetal. Tout d’abord, le groupe choisit de rompre avec la traditionnelle illustration de Dan Seagrave, en optant pour un visuel gore, montrant des boyaux explosés par un logo
Dismember en métal. L’effet escompté est réussi, l’album subit les foudres de la censure, notamment dans la Grande-Bretagne puritaine, et fait alors fatalement parler de lui. Son titre est d'ailleurs un clin d'oeil à la censure de son prédécesseur, jugé à l'époque indécent et obscène par la censure britannique.
Musicalement,
Dismember marque également le pas, l’ombre d’
Entombed s’éloigne désormais. Effectivement, non seulement David Blomvqist exécute cette fois l’intégralité des solos (autrefois assurés par Nicke Andersson), mais le groupe propose aussi des compositions très abouties et très affirmées, tout en gardant sa marque de fabrique. Le son de l’album est admirable, d’une profondeur impressionnante, avec des guitares plus lourdes que par le passé, mais conservant le son froid typique de
Dismember, reconnaissable entre mille.
La formation est parfaitement en place, balançant des titres de grande puissance, à l’image de Case #
Obscene ou
Reborn in Blasphemy, particulièrement percutants. Mais, malgré des titres d’excellente facture et d’une grande homogénéité, l’album dégage tout de même une certaine linéarité, comparé notamment à Like An
Ever Flowing, lequel délivrait au final plus de relief, de mélodies et de fraîcheur.
Heureusement, cette impression de linéarité vole en éclat avec
Dreaming In
Red, le dernier titre, s’affirmant non seulement comme le meilleur titre de
Dismember, mais aussi comme l’un des plus marquants de la longue histoire du deathmetal. L’équilibre de ce morceau est parfait ; il s’ouvre sur une superbe intro à la basse, supportée ensuite par un solo prodigieux de Blomqvist, puis le titre devient rapide et agressif, pour se clore sur une outro terriblement belle et sombre, avec un nouveau solo renversant, d’une intensité finale rarement atteinte.
En cette année 1993, tout en restant fidèle aux sonorités scandinaves,
Dismember s’impose pour de bon sur la scène internationale, en sortant cette fois un album très personnel. Du coup, il fait taire tous les détracteurs, qui pensaient à tort que la formation n'était qu’un clone d’
Entombed.
Fabien.
Je ressorts l'album régulierement, j'adore.
Dreaming in Red contient en effet une charge émotionelle peu commune ; en revanche le considérer comme une ballade est un pas que je ne franchirai pas. Enfin, pour répondre à ta remarque, d'autres groupes ont occupé ce créneau avant Dismember, comme par exemple Edge of Sanity sur son fabuleux Unorthodox de 1992, avec son titre When all is Said particulièrement lent et mélancolique, s'apparentant peut-être mieux à la définition d'une ballade.
Fabien.
Sinon mon gratteux m'a appris que le titre (et peut-être la pochette, du coup) de cet album vient du fait qu'un article qualifiait l'album précédent d'indécent et d'obscène.
Concernant l'idée de ballade, on m'a raconté qu'une amie écoutait un titre du genre une fois et qu'elle a dit : "C'est la petite ballade de l'album ? Ah ! Tiens, non ! C'est la grosse randonnée" !
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