Lancé par Robert Kampf en 1988 à Dortmund, soucieux de sortir lui-même le premier album de son groupe
Despair (avec Waldemar Sorytcha), Centurymedia débute l’aventure avec quelques groupes power/speed/thrash comme
Liar et
Poltergeist, avant de rallier rapidement à son catalogue ses amis du groupe
Morgoth, à l’occasion de leur mini-LP culte
Resurrection Absurd paru en 1989. Avec les thrash-deahsters US de
Demolition Hammer ayant également rejoint l’écurie, le label met ainsi plus précisément les pieds dans l’extrême, se joignant à la course folle lancée par Earache, Peaceville et Nuclearblast quelques mois / années auparavant.
Vers la fin de l’année 1990, tandis que la séparation de
Carnage est effective et que
Dismember reformé signe avec Nuclearblast, Centurymedia rafle quant à lui trois groupes deathmetal suédois du moment,
Unleashed et Grave déjà inscrits sur toutes les lèvres depuis l’avènement d’
Entombed, ainsi que
Tiamat qui amorce sa transition vers un style plus atmosphérique. Les Français de
Loudblast, forts de premières parties en concert et d’un Sensorial Treatment remarqués, sont également pressentis au catalogue du jeune label allemand. Tout ce beau monde se retrouve ainsi sur la compilation
In the Eyes of Death parue début 1991, au nombre et à l’ordre de pistes divers en fonction des supports, le plus complet (le CD pour l’Europe 84-9717-2 F) regroupant
Morgoth,
Asphyx,
Unleashed, Grave,
Tiamat et
Loudblast, soit six groupes et 15 morceaux.
Morgoth figure en piqûre de rappel, puisque ses deux morceaux extraits sont simplement tirés des mini-LP
Resurrection Absurd et
The Eternal Fall parus en 1989 et 1990, déjà connus de nombreux deathsters. Le groupe allemand est d’ailleurs absent sur plusieurs versions de la compilation (LP, MC...).
A l’heure de la parution d'
In the Eyes of Death, la sortie du premier LP d’
Asphyx (The Rack) est quant à elle imminente. Le debut-album du trio batave a déjà été capturé aux
Harrow Studios en Hollande et deux de ses morceaux sont extraits pour la compilation. La production ‘cisaillante’ ne convenant guère à Robert Kampf, ce dernier envisage un temps d’envoyer le groupe aux Sunlight Studios de Stockholm pour de nouvelles sessions. Par manque de temps, d’argent, l’ensemble reste (fort heureusement) en l’état, les versions de la compilation étant donc les mêmes que sur l'album de notre trio.
Le reste d’
In the Eyes of Death représente en revanche des pré-versions inédites des albums d’
Unleashed, Grave,
Loudblast et
Tiamat successivement à venir et non encore enregistrés ou finalisés, la compilation conservant ainsi un intérêt entier même après la parution respective des LP’s des quatre formations entre le printemps et l’automne 1991. Pour les besoins de la compilation, Centurymedia envoie ainsi trois poulains (
Unleashed, Grave,
Loudblast) à Bielefeld en Allemagne durant l’automne / hiver 1990, aux Nobel Studios, tandis que
Tiamat retourne une dernière fois aux Sunlight Studios de Stockholm à cette même période.
Bien que les compositions ne soient pas exclusives, hormis un titre de
Loudblast (Psalm 9) et deux de Grave (
Eroded,
Putrefaction Remains) non intégrés sur album à venir, leur écoute reste aussi plaisante qu’instructive, l’écart Nobel-Woodhouse (
Unleashed), Nobel-Sunlight (Grave), Nobel-Morrisound (
Loudblast) et Sunlight-Woodhouse (
Tiamat) étant significatif. Imaginez ainsi l’album Where No
Life Dwells moins rond et brut de décoffrage, Into the Grave moins immersif mais tout aussi primitif,
Disincarnate plus lourd et plus abrasif, et enfin
The Astral Sleep moins doux et plus 'tronçonnant'.
En résumé, si
In the Eyes of Death est la compilation emblématique de Centurymedia, celle lui ayant définitivement ouvert les portes du deathmetal après la signature décisive de
Morgoth à la fin des eighties, elle peut également être appréhendée comme un recueil fort intéressant de demo-versions avant la sortie des albums prévus sur le label. Gardons également à l’esprit que chaque groupe a su faire le bon choix du studio au moment d’enregistrer son LP, quoique pour
Loudblast, on eût aimé un son plus mordant de la part de Scott Burns aux Morrisound Studios.
Déjà sous licence Fnac Music, le quatuor lillois est d’ailleurs le seul de la compilation à ne pas avoir pu rejoindre les rangs de Centurymedia, qui signera alors les Mulhousiens de
Mercyless en 1993 à l’occasion de Colored
Funeral, leur très bon second album ayant injustement affronté un manque de succès. A noter enfin que le morceau
Punishment to Come /
Punishment / Wrapped in Roses de
Loudblast est un seul et même morceau, enregistré sous trois versions différentes, respectivement pour Total Virulence (la première compilation deathrash 100% française),
In the Eyes of Death et l'album
Disincarnate.
FABIEN.
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