Après son premier album
Sumerian Cry manquant encore de professionnalisme et d’une pleine identité, flanqué en outre sur les labels CFMT/Metalcore à la distribution assez chaotique,
Tiamat revient dès l’année 1991 avec une toute autre ambition. Notre leader Johan Edlund se constitue tout d’abord un line-up complet autour de Thomas Peterson, Jorgen Thulberg et Niklas Ekstrand, puis décroche dans la foulée un contrat discographique avec l’écurie
Century Media de Robert Kampf, ayant signé dans les mêmes temps le trio hollandais
Asphyx ou encore les valeurs sûres suédoises Grave et
Unleashed.
A l’instar d’
Unleashed ayant judicieusement opté pour les Woodhouse Studios de Berlin en lieu et place des très prisés Sunlight Studios de Stockholm,
Tiamat rejoint le talentueux ingénieur du son Waldemar Sorychta, connu pour sa participation au sein du groupe de thrashmetal
Despair. Le quatuor ressort ainsi des studios avec son second album
The Astral Sleep paru à la rentrée 1991, une nouvelle fois mis en image par l’incontournable Kristian Wahlin.
L’introduction Neon
Aeon aux claviers et le titre d’ouverture entrainant
Lady Tempress donnent rapidement le ton du nouvel album de
Tiamat, qui s’écarte ostensiblement du deathmetal de ses débuts pour une musique aux colorations dark/doom bien plus personnelles. Bénéficiant d’une capture à la force et à l’équilibre remarquables,
The Astral Sleep ne s’axe ainsi pas sur des tempi effrénés ou bien sur une lourdeur extrême des guitares, renfermant au contraire une ambiance bien plus atmosphérique, à l’instar de l’album d’avant-garde
Gothic de
Paradise Lost paru la même année. Johan Edlund s’affranchit également de ses growls purement criards ou gutturaux, au profit d'un chant à la fois rauque, rageur et parfois suave.
Sans délaisser pleinement ses racines premières,
Tiamat dégage ainsi un feeling rock à de nombreuses reprises, à l’image des articulations et soli des titres
Lady Tempress ou
Sumerian Cry part III, ou devient alors plus mélancolique sur l’atmosphérique On Golden
Winds accompagnés de parties acoustiques et de nappes de claviers apportant une certaine plénitude. La formation suédoise marque en outre plus nettement le pas sur
Dead Boy’s Choir, Angels
Far Beyond ou l’excellent
Mountain of
Doom, trois initiations au voyage vers des contrées doom désormais à mille lieues du terrain death/black des premières années. The Souternmost Voyage se joue quant à lui sans distorsion, guidant le chant suave de Johan Edlund, embarquement pour trois minutes vers une destination encore plus douce et surprenante.
Tout en respectant ses racines et sans perdre son identité,
Tiamat revient avec un second album au deathdoom atmosphérique d’une maturité et d’une avant-garde étonnantes, à une époque où la course vers la rapidité ou la brutalité semblaient pourtant lancées. En cette année 1991, à l’instar des albums
Gothic et
Forest of
Equilibrium de
Paradise Lost et
Cathedral,
The Astral Sleep ouvre ainsi une brèche au coeur de la scène extrême dont le groupe est issu, montrant toute l’ambition de certaines formations ainsi que la richesse et la capacité de renouvellement d’un style qui était pourtant déjà catalogué et condamné par de nombreux détracteurs, ne voyant en lui qu’une cascade effrénée d’accords mineurs sans grand avenir.
Fabien.
Et merci aussi à toi, choahardoc, lecteur visiblement assidu de nos modestes bafouilles ;)
Fabien.
Pour ce qui est du classement 2010, j'ai du mal à me décider, mais je m'y attèle.
Et ne t'inquiète pas, j'écoute pas ce que dit le père Willis ... mais bon, on s'écarte du sujet ...
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