Formés en 1987 à Mulhouse,
Mercyless fut l’un des précurseurs de la scène Death
Metal française aux côtés de
Massacra Loudblast et autres
Agressor. Malgré le peu de reconnaissance par rapport à ses confrères, la faute à une mauvaise distribution et à un premier album sorti sur le tard, le groupe apporta sa pierre à l’édifice encore en construction du Death
Metal par une musique fortement aboutie sur leur premier effort
Abject Offerings, remontant aux vieilles racines du Death.
Cette compilation éditée par Armée De La
Mort Records (une branche de
Legion Of Death Records, ayant par la même occasion sorti un double album de
Catacomb : The Year Of Morbidology l’an passé) regroupe ainsi les trois démos de
Mercyless que sont
Immortal Harmonies,
Visions from the Past et
Vomiting Nausea. Le deuxième disque ne contient quand à lui rien de moins que les premiers albums, ceux de la période Death, du combo, mais sous forme de lives et de démos inédites, le tout mélangé (c’eut été trop facile de ne mettre que les deux opus bout à bout !). Ce ne sont pas moins de trente pages qui nous sont dévoilées, confrontant les images de l’époque, cassettes et autres brochures de journaux comprises depuis l’ancien nom avec le « i » à la place du « y » (pour rappel ce changement est simplement du au fait que
Merciless existait déjà en Suède) jusqu’au diverses images de concerts à travers le pays. Les textes ont cependant été retouchés pour mieux coller à l’ambiance du travail graphique somptueux mettant en scène la mystérieuse Agrazabeth.
« C’était le bon vieux temps ! » diraient les papys accrochés à leur canne et ayant connu cette glorieuse époque où le Death
Metal connaissait son apogée, se débarrassant peu à peu de ses influences Thrash au profit d’un son plus lourd et d’une violence accrue par des vocaux plus écorchés.
Cette édition est ainsi l’occasion de se replonger vingt ans en arrière, à l’époque où les grosses productions en polystyrène n’étaient pas encore de mise et où les enregistrements se faisaient dans une cave mal éclairée louée trois francs six sous à une vieille mégère faute de moyens... Bon d’accord j’exagère un petit peu, mais on ne devait pas en être loin pour certaines formations. Le son d’origine est ainsi conservé sur les démos, avec toutes ses petites imperfections et ratages qui leur confèrent tout leur attrait. Ca sent le renfermé, la poussière, et ça cognait déjà !
Au final :
Merciless (sur les démos le groupe avait encore conservé son « i ») nous sort soixante-seize minutes d’un Death
Metal agressif à la rythmique puissante et d’une lourdeur étonnante pour des démos où le mot linéarité n’existait pas chez les membres. L’agressivité pure d’un Sudden Death, le refrain simple mais ô combien efficace et accrocheur de
Hades, la rapidité d’Intent To
Unholy, la qualité des riffs aussi simplistes que puissamment ciselés et des solis inventifs couplés à un matraquage de tous les instants de la batterie y ont largement contribué.
Les compositions des Alsaciens se coloraient déjà de petites touches « techniques » comme le prouvent la longueur des morceaux (six à sept minutes en moyennes), dans le sens où les musiciens faisaient preuve d’un talent indéniable pour mêler vélocité et mélodie apportée par les guitares, le tout entrecoupé de solis travaillés (
Unholy Chapters,
The Last Days Of Christianity,
Visions from the Past et sa longue intro instrumentale), incluant même quelques notes de guitare sèches sur
Paralysis et reprise sur le premier titre de
Vomiting Nausea (Another
Desolation à l’introduction et aux mélodies fortement maîtrisées) pour un effet de continuité et de cohérence.
Parallèlement à la musique qui devient plus complexe et mélodique –mais sans pour autant occulter les accélérations assassines et la lourdeur des débuts bien au contraire-, on peut observer l’évolution des vocaux de Max Otero devenant plus gutturaux, plus graves au fur et à mesure que les démos avancent (c’est assez flagrant justement entre
Visions et Vomiting).
Les textes aussi se modifient, passant des propos sataniques des débuts à quelque chose de plus personnel et réfléchi sur les derniers titres.
Je passerai rapidement sur le deuxième cd qui contient des morceaux (malheureusement pas tous) des deux premiers opus de
Mercyless. Il est juste dommage que la première partie Rehearsal (1990) possède pour le coup un son vraiment dégeulasse et ne permette pas d’apprécier à leur juste valeur les petites perles que sont
Flesh Divine ou Unformed Tumours.
Pas bien grave, on pourra se rattraper grâce aux deux live donnés à Rochefort en Mai
1994 et à Reims en Décembre
1994, où l’on sent toute la vivacité et l’envie d’en découdre d’un groupe qui n’avait alors plus à faire ses preuves, mais aussi l’intimité de ces petits concerts.
Une édition à découvrir, pour les nostalgiques ou les plus jeunes qui, comme moi, auraient vingt ans de retard.
In Memory of Agrazabeth arrive à point nommé, à l’heure où le groupe s'est reformé pour faire revivre cette période d’après les dires de Max Otero. Simple opportunisme, alors que le revival
Old-School semble être à la mode ces derniers temps, ou réelle volonté de rejouer par passion pour la « flamme sacrée du Death » ? Affaire à suivre en
2012…
Pour les avoir vu au Noumatrouff de mulhouse pas plus tard qu'hier soir (10/12/2011), je peux dire qu'ils se sont pas reformés pour enfiler des perles.
A priori nouvel album en 2012...
Pour les avoir vu en 92 (mon 1er concert à 12 ans héhé), je peux dire que la flamme est toujours là. Et ça fait bien plaiz...
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