On peut dire que
Mercyless fait partie des groupes qui ont réussi leur retour lors de la décennie précédente. Depuis 2013 et
Unholy Black Splendour, la bande menée par le sympathique Max Otero - seul rescapé de la formation d'origine - est revenue à ce qu'elle savait déployer lors de la première partie de sa carrière sur ses deux albums purement deathmetal (
Abject Offerings et
Coloured Funeral - 1991 et 1993). Quatre ans après
Pathetic Divinity, qui confirmait la réussite de ce retour, et après quelques moments fortement imbibés du deathmetal des origines au sein des remarqués Undead (Prophecies) Max revient avec son groupe principal chez Xenocorp asséner ses auditeurs de ses rythmiques véloces avec un album au titre prémonitoire, eu égard à l'état du monde actuel.
Se voulant ramassé au maximum (11 titres pour 35 petites minutes, la durée n'excédant jamais plus de quatre minutes et des secondes pouvant se compter sur une main,
The Mother of All Plagues, a été produit à la maison (l'Underworld Studio de Mulhouse) l'été dernier, et retardé par la pandémie de plusieurs mois. Après l'intro liturgique de rigueur, on pourra être surpris par le son de l'album, différent de ce à quoi le groupe nous a habitué depuis 2013, apportant une coloration nouvelle. Choix intelligent de la part de
Mercyless, renvoyant aux albums pouvant se distinguer les uns des autres uniquement par le son, à l'inverse des productions aseptisées et interchangeables trop souvent utilisées. Celle-ci, assez touffue, pourra toutefois diviser, notamment ceux qui regretteront l'impact brutal et épuré de
Unholy Black Splendour.
Les compositions s'installent ainsi au gré des mouvements typiques de Otero and co. à mi-chemin entre riffing
Morbid Angelesque et imprégnation européenne évidente magnifiée par le second
Pestilence.
Mercyless a sa personnalité depuis longtemps et les comparaisons s'arrêteront là.
The Mother of All Plagues se caractérise surtout par ses ambiances mortifères et ses riffs lancinants. Ces passages sont partie prenante dès "
Banished From
Heaven" et ses soli poignants (un gros point fort de l'album, avec de nombreux invités sur des soli ne nuisant pas à l'identité du groupe et appuyant le travail remarquable de Gautier Merkelen), qui, positionné après le classique "
Rival of the Nazarene" dessine les contours d'un album costaud, mais moins brutal au sens propre (le fin de "Bring Me His
Head", le lancinant début de "
The Mother of All Plagues"), avec une part belle aux parties instrumentales positionnées en cœur de morceaux, souvent les meilleurs moments de chaque titre. Quelques blasts éphémères agrémentent l'album sur le titre éponyme et les alternances remarquables sur l'intense "All Souls Are Mine" sont un vrai bon moment à écouter. Le tout donne un album compact qui devra être apprivoisé avant d'en apprécier des contours sans doute moins directs que sur les albums des années 2010, avec un Max Otero à l'organe presque sous-mixé et au growl presque chuchoté.
Fort d'un savoir-faire indéniable,
Mercyless se régale d'alterner quelques passages en mode brutal, mais privilégie sur cette offrande un travail sur le côté lancinant/entêtant qui renvoie à certains travaux du maître
Morbid Angel. Notons également deux fade-out donnant une impression désagréable comme sur le final "
Litany of Supplication" ou, pire sur le frontal "
Rival of the Nazarene". Mais le riffing entêtant cher à la formation (linfernal "Laqueum
Diaboli" que ne renierait pas le jeune
Morbid Angel) reste parmi ce qu'il se fait de mieux en France et ne souffre pas de critique. Sans longueur au vu du format ramassé des titres,
Mercyless reste solide avec des refrains mémorisables en deux temps trois mouvements ("
Descending to Conquer", "Bring Me His
Head") tout le long des textes aux propos considérés comme hérétiques jadis. Différent, plus nuancé, truffé d'ambiances et moins frontal au final (même si la dose de brutalité ancrée dans les gênes du groupe reste tout à fait appréciable)
The Mother of All Plagues est un album qui montre que
Mercyless ne se contente pas de ses acquis .
Tu as bien disséqué l'album, bien belle chronique comme d'hab.
Ce disque est une tuerie ! Je l'apprécie encore mieux que le précédent et pourtant je l'adore aussi. Mercyless c'est un kiffe de toute manière.
Merci pour le papier Jéjé.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire